Les protocoles “annexes”
du pacte germano-soviétique
Un secret entretenu pendant cinquante ans
Par Guy DURANDIN*
* Professeur honoraire de Psychologie sociale à l’Université Paris V-René Descartes. Ancien chargé de cours à l’Institut français de Presse (Université Paris II).
Cet article constitue une partie d’un ensemble de travaux sur le secret auxquels l’auteur se consacre depuis plusieurs années (NDLR)
1
Ribbentrop, Joachim von, Ministre des Affaires étrangères du Reich de 1938 à 1945.
2
Molotov, Viatcheslav, Ministre des Affaires étrangères de l’Union soviétique.
Il remplaçait, depuis le 3 mai 1939, Maxime Litvinov. Le changement d’homme signifiait un changement de politique.
3
Quelques esprits, néanmoins, avaient envisagé l’hypothèse d’un tel revirement.
Citons : Hermann Rauschning, Président du Sénat de la « ville libre » de Dantzig, qui avait abandonné ses fonctions en 1936, émigré, et publié un livre pour avertir le monde du danger nazi. Il estimait qu’Hitler n’avait pas véritablement d’idéologie, et pouvait donc s’allier à n’importe qui, selon les circonstances. Cf. :La révolution du nihilisme
(publié en France, par Gallimard, en 1980).
Et : Walter Krivitsky, agent des services secrets soviétiques, qui avait fait défection en 1937. Il affirmait que Staline admirait Hitler pour son autorité, sa violence, même, et qu’il avait désiré, dès 1934, se rapprocher de lui. Cf. «
J’étais un agent de Staline » (édité en France par les « Éditions Coopération » en 1940)..
C’est en se référant à Krivitsky que Boris Souvarine a fait paraître dans le Figaro, le 7 mai 1939, le retentissant article, intitulé :« Une partie serrée se joue entre Hitler et Staline
»
. Mais on était déjà au mois de mai... En août, les deux « ennemis » auraient signé.
Le 23 août 1939, Hitler et Staline concluaient un pacte dit de « non-agression ». Il comprenait sept articles, dont les quatre premiers, les plus importants, énonçaient les dispositions que voici :
Article 1.
- Les deux parties contractantes s’engagent à s’abstenir de tout acte de violence, de tout agissement agressif et de toute attaque l’une contre l’autre, et ce, tant isolément qu’avec les concours d’autres puissances.
Article 2.
- Au cas où l’une des parties contractantes devrait être l’objet d’agressions militaires de la part d’une tierce puissance, l’autre partie s’engage à n’apporter aucun soutien d’aucune sorte à cette tierce puissance.
Article 3.
- Les gouvernements des deux parties contractantes resteront désormais en contact permanent pour se consulter et s’informer mutuellement des problèmes touchant à leurs intérêts communs.
Article 4.
- Aucune des deux parties contractantes n’apportera de participation à aucun groupement de puissances dirigé - directement ou indirectement - contre l’autre partie. (Cf. Nazi-Soviets Relations 1939-1941, 1948,
p.76-77)