Interview de Robert Redeker
“Le sport est contre les peuples !”
par Joanna Vanay
La revue suisse d’éducation physique et de sport. Mai 2003.
(extraits)
M : On décrit souvent le sport comme une école de
vie. N’y apprend-on pas la vie en groupe, le respect des autres
et de soi-même, la soumission aux règles, le fair-play ?
RR : Votre question attribue au sport les vertus traditionnelles
du jeu. Le jeu est une pratique traditionnelle de toutes les sociétés,
à double volet : intégrer les plus jeunes et permettre
aux plus anciens la gratuité, l’activité sans
but utilitaire. Le jeu était aussi le double de la guerre,
qu’il mimait et à laquelle il préparait. L’invention
du sport se situe dans le projet de rendre les corps et les esprits
dociles aux nouvelles formes du travail en usine, de domestiquer
les nouvelles couches sociales que l’on met au travail. De
fait, à la différence du jeu, le sport est un objet
moderne datant du XIXème siècle et qui s’est
doté, dès le milieu du XXème siècle,
d’un objectif très différent : fabriquer un certain
type d’homme. En ce sens, le sport est une anthropofacture ;
il vise à créer une nouvelle espèce d’homme
qui aura intégré les impératifs quantitatifs
de la performance, qui aura mécanisé son corps et
son esprit. Cet homme sera doté du mental du gagnant, remplacement
de l’âme. Il aura rempli son esprit de l’imaginaire
publicitaire qui accompagne le sport, avec les marques et leur fétichisme :
Lacoste, Adidas, Nike, Coca Cola, etc. Ce qui est enseigné
dans le sport est à la fois la soumission à un certain
ordre social et l’impossibilité d’en sortir,
l’enfermement.
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