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Commentaire de Boogie_Five

sur Histoire moderne et contemporaine : la confusion idéologique à la française


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Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 20:44

@Jason

Bien joué, tu as pris les deux phrases qui expriment à la fois mes doutes et mes convictions, mes questions sur ce découpage fait par l’historiographie. Ma question est : pourquoi, après 1789, on sort de l’époque moderne ? Et étant entendu que la modernité, c’est l’innovation, au sens commun, et d’autre part que la modernité continue, en fait, où se trouve la différence ? 

Dans le régime politique établi par la Révolution, c’est à dire une autre organisation sociale qui abolit les anciennes institutions, ce qui est plutôt social. De là, j’en ai déduit que la modernité historique (de l’époque moderne en tant que tel), renvoie à un sens particulier de la modernité, de l’ordre de la découverte, de l’exploration, ou de la technique. Voilà pourquoi je postule que la modernité est plutôt technique avant 1789, plutôt sociale ensuite, même si la modernisation technique continue. 

Alors, après, tu critiques le concept de modernité, et surtout sur son versant social en disant que « pour la politique ? Ce ne sont plus souvent que des opportunismes et des hasards. » Je viendrais ensuite sur le chaos. 

Si la politique est faite de hasards, il n’y aurait pas besoin de lois et d’institutions, notamment pour exercer les contraintes afin de les faire respecter. On peut réfuter le caractère légal du dispositif gouvernemental, mais en tout cas il plus difficile de nier le caractère organisé des systèmes politiques, basés sur l’Etat de droit. Ensuite, si tu parles de la décision politique, le hasard y a plus une plus grande part. Mais la décision n’est pas le seul domaine de la politique : il y aussi la délibération, le vote, les campagnes politiques, les pouvoirs d’influence, etc. Sur la décision, tout dépend si tu considères qu’elle est individuelle ou collective. Généralement, elle est plutôt collective, même pour certains dictateurs. 

Pour le chaos, c’est un peu pareil. Autant le chaos est aléatoire, autant il apparaît organisé. J’irai encore plus loin : le vrai chaos est celui qui n’a pas l’air d’être chaotique, c’est-à-dire qu’il est harmonieux, très lent dans son évolution, et les phases d’explosion, comme pendant les guerres entre les hommes, sont celles les phases chaotiques qui sont les plus organisées, les plus rapides. 

Les scientifiques (du domaine physique principalement) ne sont pas au-dessus de tout soupçon, ils construisent aussi une idéologie qui leur bien particulière et ne sont pas en dehors de la subjectivité humaine - « l’homme est la mesure de toute chose », disait Eratosthène. Leurs calculs sont parfaits tant qu’un nouvel instrument ou qu’une autre manière d’aborder le problème ne les remettent pas en cause. Et dans ces moments, il peut avoir beaucoup de hasards et d’opportunismes : quel scientifique n’a pas copié le travail du grand maître ? 

C’est bien d’être sceptique, c’est même une attitude essentielle pour le philosophe, et même pour le scientifique. Mais du doute à la négation de tout, la frontière est parfois très mince. Tu ne crois pas à l’évolution historique, alors tu amènes le chaos, mais si c’était vraiment le cas, personne ne se souviendrait de rien, nous ne pourrions même écrire ni parler, l’action humaine serait inutile à tout égard, nous serions des planctons qui attendent d’être transportés par la marée. 

Encore plus nazes que des krills, c’est comme ça que tu nous vois ?



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