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Histoire moderne et contemporaine : la confusion idéologique à la française

Modernité sociale et technique, histoire et révolution :

Comme tout bon petit élève de l’école républicaine – ce qui était le cas pendant au moins une heure ou deux quand je n’avais ni trop faim, ni trop chaud, – j’ai eu la chance d’assister aux cours d’histoire et d’apprendre que la période moderne (ou temps modernes) succède au moyen-âge vers 1492 et s’arrête au début de la révolution française en 1789, ouvrant l’histoire contemporaine. De 1492 à 1789, trois siècles de modernité, entre la conquête du nouveau monde par les européens à partir de la fin du 15ème siècle et le déclin progressif des institutions féodales européennes commençant à la fin 18ème siècle. Extension, transformation puis révolution sont les maîtres mots qui désignent le mieux les mouvements de fond de cette période.

À l’inverse des historiens français, un certain nombre d’intellectuels, philosophes et sociologues en particulier, parlent de postmodernité pour désigner une période qui continue aujourd’hui et dont le début varie selon les auteurs entre les années 1950 et les années 1980. D’autres considèrent que la période actuelle fait toujours parti de la modernité. Cette dernière reste une notion active dans les champs intellectuel et idéologique, encore lourde d’enjeux et de conflits d’interprétation, (ce qui est encore plus visible dans les pays encore organisés autour de la religion, comme les pays musulmans), et un historien pourrait se demander si la modernité relève soit d’un « débat contemporain » dans le sens de quelque chose qui n’est pas encore là mais dont les prémisses sont visibles, ou soit d’un « débat moderne », dans le sens de quelque chose qui est déjà là, imposé de fait et à prendre dans son ensemble, sans le découper artificiellement.

Dans son acception générale, la modernité ne s’arrête pas en 1789 (ou en 1815), le sens commun désigne par modernité ce qui est nouveau, donc l’innovation, l’invention, en d’autres termes l’avancée de la technique et du design, et aussi la libéralisation des mœurs, l’avant-gardisme artistique, l’opposition institutionnalisée du pouvoir, la démocratie parlementaire, les droits de l’homme, et encore mieux, de la femme. Le sens commun retrouve et prolonge le sens académique de l’histoire moderne en ce qui concerne les faits relevant des sciences dites « dures », surtout la physique, l’astronomie et les mathématiques. La modernité historique commence avec Galilée et Christophe Colomb et pour le sens commun elle continue actuellement avec les astronautes et les généticiens. En ce qui concerne les mœurs, les institutions, c’est-à-dire les domaines qui relèvent aujourd’hui des sciences sociales, le sens commun de modernité ne se réfère pas beaucoup à la modernité historique, au plus loin au siècle des Lumières. Sur le plan des mœurs et de la politique, il y a une dichotomie entre sens commun et sens historique au sujet de la modernité, alors qu’au niveau de la perception globale de l’univers, amenée par les découvertes de l’exploration astrophysique, progressivement le sens commun et le sens académique tendent à se rejoindre : même si un sujet religieux peut refuser l’évolutionnisme biologique, il est plus rare d’entendre de sa part qu’aucun homme n’est jamais allé sur la Lune ou que la terre est plate.

Le découpage moderne/contemporain en 1789 fait par l’histoire française laisse à penser que la modernité technique est coupée de la modernité sociale, que les deux types de modernité ont chacune leurs problématiques et ne peuvent pas être mises sur le même plan. Même si dans l’expérience il est vrai que ce ne sont pas deux processus identiques, d’une part ce découpage a le défaut de mettre de côté les relations existant entre les deux et d’autre part le sens académique postule implicitement que la modernité sociale (symbolisée par la Révolution française) succède et se trouve déterminée par la modernisation technique issue de la Renaissance. L’histoire suit un plan rationnel continu qui distingue dans le temps les deux types de modernité en les raccordant en un seul point : la date sacrée de la Révolution, 1789 (ou 1792 pour les plus enthousiastes), signe touchant du romantisme à la française, mais qui a le défaut de cadenasser tout le débat historique contemporain autour d’un point d’orgue et de mettre de côté les relations entre l’ancien et le nouveau régime. 

La différence entre le sens commun et le sens académique dans la définition de la modernité montre que la modernité technique et la modernité sociale ne sont pas contenues l’une dans l’autre et qu’elles ne se situent pas sur le même plan historique. En effet, il arrive que l’organisation sociale s’oppose aux changements provoqués par l’usage de nouvelles techniques – par exemple le fait de fermer une imprimerie qui reproduit un journal critique, – et dans d’autres contextes, la société cherche à transformer les techniques pour les adapter à leur nouveau mode de vie – par exemple les unités de mesure pendant la Révolution. Le premier cas relève plus de la modernité sociale, et le deuxième plus de la modernité technique, mais leur importance historique en terme de durée n’est pas la même, puisque le changement d’unité de mesure, s’il est préservé, a plus de conséquences que l’interdiction prolongée d’un outil pour des raisons sociopolitiques. Et pourtant, il est certain que le fait politique de la censure sera le plus débattu et le plus commenté. Ce qui veut dire que le sujet de la technique est relégué dans la longue durée et donne des faits indiscutables qui n’ont plus à être débattus, alors que le sujet social est toujours en proie aux contingences du moment, bien qu’il soit à l’origine de la technique. La modernité classique (1492-1789) est dans une large mesure dépolitisée, sûre d’elle-même et a acquis sa stabilité grâce aux grandes découvertes, tandis que la modernité « avancée » après 1789, le contemporain dans l’historiographie française, n’a pas encore acquis de légitimité historique suffisante pour être qualifié de moderne. L’histoire contemporaine est essentiellement polémique. 

Il est remarquable que le sens commun donne plus de distinction entre les deux types de modernisation (sociale et technique), alors que le sens académique a tendance à confondre les deux types, dans une modernité classique et générale où tout se transforme d’un coup, la société et la technique avançant ensemble d’un même pas sans discontinuer. Le modèle des communautés de scientifiques (surtout physiciens, mathématiciens et ingénieurs) pendant l’époque moderne a été déterminant dans la représentation de nouvelles valeurs sûres d’elles-mêmes, et l’interprétation historique académicienne a repris pour elle-même cette vision quelque peu irénique d’un progrès technique harmonieux qui règle par avance les enjeux sociaux. Ce qui est paradoxal dans cette vision du progrès est qu’il a produit une inversion de causalité : ce qui est tenu pour une avancée technique est plutôt une avancée sociale, et inversement. Mais globalement, suivant en cela le sens commun de la modernité, c’est la technique qui s’est approprié le domaine du social, étant entendu que la modernisation sociale n’est qu’une annexe de l’ingénierie scientifique parce qu’autrement elle est politiquement trop complexe à organiser. La modernisation sociale n’est qu’un débat « contemporain » qui peut être réfuté à tout moment. Même si la sociologie a été créée entre temps (milieu 19ème siècle) pour remédier à cette lacune, la modernité reste un domaine réservé à l’innovation technique, y compris dans ses implications sociales.

En faisant un peu de provocation, la périodisation historique fait comme s’il n’y avait jamais eu de modernité sociale, ou si peu, alors que dans leurs contenus, les périodes modernes et contemporaines en sont remplies. L’histoire moderne s’arrête en 1789, au moment où des tentatives de modernisation politique commencent, présupposant que ce qui va suivre ne fait plus partie de la modernité, sous-entendant que les révolutions l’auraient achevé politiquement et seraient passé ensuite à autre chose, ayant coupé un lien avec le monde médiéval définitivement. Et sous-entendant d’autre part que la contre-révolution n’aurait pas de liens avec la modernité, qu’elle est seulement un culte nostalgique de l’Ancien régime (cette opposition entre modernité et contre-révolution symbolise bien la dichotomie entre sens commun et sens académique de la modernité, entre modernité technique et modernité sociale). Arrêter la modernité en 1789 revient à dire que la révolution politique est un aboutissement social malencontreux des révolutions scientifiques du 16ème au 18ème siècle, où le sujet humain prend la mesure de l’univers exploré par les moyens techniques. Après 1789 c’est juste « contemporain », actuel ou immédiat, et selon ce découpage périodique les faits historiques sont mis en équivalence dans un « âge contemporain », étendu sur plus de deux siècles où le cours historique est déterminé par le présent et l’avenir. Comme cela a été maintes fois étudié, l’histoire caresse l’idée de se mettre elle-même en scène et de véhiculer des grands récits sur la nation, l’homme et l’évolution. Avec un arrière-plan cosmologique moderne où des corps célestes éternels sont explorés par les scientifiques,

Pour ce qui dépasse les contingences humaines, les choses naturelles qui n’ont pas été transformées par l’activité humaine (anthropisées comme il se dit en géographie), en deux mots les choses éternelles, le sens commun de la modernité technique irait sans discontinuer de 1492 à aujourd’hui. Et pour ce qui relève de la reproduction et de l’organisation sociale, la vie individuelle et la politique, ainsi que les évènements pouvant subir l’influence du sujet humain, les choses éphémères, la modernité se brise en deux et avance « à reculons », puisque c’est par rapport aux évènements actuels, « contemporains », donc depuis la Révolution française, que le critère de modernité sociale est jaugé et apprécié en tant que tel.

Dans le monde scientifique, ce retard systématique de la prise en compte de la modernisation sociale par rapport à la modernisation technique tient à la relation que le sujet entretient avec son objet dans le monde scientifique et au-delà : moins le sujet humain est concerné par les phénomènes qu’il observe, plus il est indépendant du contexte, plus il est libre d’individualiser la chose et de créer un nouveau modèle, disposant ainsi de possibilités infinies d’instrumentaliser les choses dans son champ d’action. Dans le domaine social, l’action du scientifique est bien limitée, et d’une certaine manière beaucoup plus complexe que pour les sciences de la nature, puisqu’il doit sans cesse actualiser ses connaissances selon la position où il se trouve et les relations qu’il a avec les autres, et doit transindividualiser les choses pour créer un nouveau modèle (certains scientifiques peuvent faire les deux mais la plupart se partagent entre sciences de la nature et sciences sociales). Pour les sciences physiques et les mathématiques principalement, étant donné leurs infinités, les évènements restent apodictiques. Quelques soient le point de vue et le moment, le cadre reste identique, la planète Saturne a toujours ses anneaux, il neige à telle température et à telle altitude, etc. Pour le social, alors que les méthodes statistiques quantitatives ont montré que certains faits sociaux sont vrais en tout temps dans des contextes comparables, la vérité de l’observation scientifique lui est très souvent déniée, ou alors renvoyée dans les cordes de l’idéologie politicienne. Et étant donné que le pouvoir cherche à contrôler le social pour en tirer sa légitimité, il ne peut pas accepter de vérité scientifique critique le concernant, puisqu’il a pour fonction de l’organiser lui-même. Tandis que vis-à-vis de l’univers physique, le pouvoir peut se décharger sans limites et autoriser plus librement l’expérimentation scientifique, parce que sa propre force ne dépend pas du contrôle de la nature, mais de son exploitation faite par la société.

La dichotomie entre le sens historique et le sens commun de la modernité sociale correspond au moment où les sciences physiques et instrumentales se détachent progressivement des autres sciences, liées à l’organisation de la vie humaine. Et la science économique se trouve au centre de cette aporie dichotomique – et finalement écologique. Des vérités fixes et quasiment atemporelles – le mouvement et la place des corps célestes – donnent un cadre de représentation stable et assez hiérarchique de la révolution ou de la modernité. Et la relative rigidité de l’univers n’est pas remise en cause par le relativisme, qui prouve qu’il n’existe pas de centre organisateur : tout devient mouvement lorsque qu’un cadre immobile permettant de le détecter devient opérationnel. Dans Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt considérait que le télescope, crée au 16ème siècle, est la première invention majeure et fondamentale des révolutions scientifiques modernes, et, pour prolonger sa réflexion, le télescope détermine à la fois les découvertes ultérieures, la transformation des relations entre l’homme et son environnement, c’est-à-dire la décontextualisation de ses conditions de vie par rapport à son lieu de résidence, en un mot : l’urbanisation, et donc la création d’un nouveau sujet humain qui cherche à être à la mesure d’un nouvel univers.

Depuis l’époque moderne, la permanence relative de cet univers physique s’est peu à peu détachée de la vie sociale avec l’exploration et l’instrumentation scientifique, et le ciel n’est plus la référence pour expliquer ce qu’il se passe sur Terre. Les choses éphémères autour des êtres humains n’ont plus à être reliées avec des choses éternelles, elles perdent définitivement leurs propriétés magiques. Mais ce serait oublier un autre processus que de s’arrêter au désenchantement du monde : si le ciel se détache de la vie humaine, il offre encore une matière exploitable qui n’a pas de limites observables, que ce soit dans le temps ou l’espace. À cet arrière-plan de ressources infinies cartographié depuis les grandes découvertes de l’ère moderne, a succédé pendant les révolutions contemporaines la réduction de l’être humain à sa propre finitude, au lieu même où il est, simplement armé de son droit individuel à l’existence. En détachant le ciel de la vie terrestre, il se détache lui-même de son propre environnement, uniquement préoccupé à la conservation et la reproduction de sa propre vie. L’être urbain et le sujet autonome étaient nés.

Ce retour sur les liens entre révolution scientifique et révolution socio-politique permet de comprendre que la modernité est affaire de perception et a priori la modernité technique n’entretient pas de relation mécanique avec la modernité sociale, dans sa globalité et en dehors des cercles scientifiques. En effet, la distinction entre les deux formes de modernisation est faite par l’histoire académique au moment de la Révolution française, non pas seulement pour des raisons méthodologiques qui lui sont propres, mais aussi en raison de constats empiriques qui poussent l’historien à distinguer les deux. Il ne pourrait pas l’expliciter parce qu’il serait obligé d’adopter une vision à rebours qui interprète le passé selon le futur. En d’autres termes, il est obligé de séparer les deux sans avoir la possibilité de faire un lien historique, très ténu et difficile à mettre en évidence sur une aussi longue période. Pourtant, le sens de la modernité qui se retrouve dans les manuels scolaires d’histoire induit en creux l’hypothèse que les faits politiques majeurs qui servent encore de repères socio-politiques aujourd’hui – les révolutions du 18ème et du 19ème siècles – ont été des solutions radicales pour répondre à des défis techniques posés dès la Renaissance, considérée comme la première mondialisation. La modernité académique fait une boucle périodique dont les deux bouts se répondent l’un l’autre, en donnant l’illusion qu’ils se rejoignent à la fin. En contredisant à demi-mot cette interprétation, le sens commun ne ferme pas la boucle, ne considérant pas qu’un enjeu social soit entièrement contenu dans l’enjeu technique.

Au 18ème siècle, la question de la réforme globale de la société s’est posée quand les institutions humaines anciennes (les seigneuries, l’Eglise, les communautés villageoises, les structures familiales) étaient inadaptées à l’ouverture d’échelle amenée par les nouvelles découvertes scientifiques – et cette époque est toujours la nôtre. C’est un défi institutionnel posé aux cadres de la société, à laquelle l’évolution technique n’avait pas formulé de traduction concrète et opérationnelle, adaptée au langage et au savoir-vivre humain. Les deux modernités (technique et sociale) sont séparées dans le temps par les sciences académiques, qui préfèrent confier aux professeurs d’histoire et de français la tâche d’illustrer aux enfants la réconciliation révolutionnaire, où la société contemporaine trouve son harmonie en s’appropriant les nouveautés issues de la modernité classique, grâce à la pensée des Lumières (de Descartes à Rousseau).

La dichotomie entre modernité sociale et modernité technique, et à travers elle la dichotomie entre sciences de la nature et sciences humaines et sociales, entre exploitation instrumentale et vie sociale, entre nature et humanité, est au cœur de la réflexion économique et écologique actuelle, et sous-jacent aux débats sur la mondialisation et le capitalisme favorisés par les dernières révolutions scientifiques – le moteur à explosion, l’électricité, le nucléaire et l’informatique. Le socialisme et même une très grande partie de la pensée intellectuelle ultérieure (surtout dans ses versants extrêmes, réactionnaires, futuristes ou totalitaires) ont essayé de répondre à cette aporie dichotomique en personnalisant le sujet scientifique, en essayant de créer une relation réciproque entre le nouvel univers et la société humaine, en dotant la vision télescopique d’une vue à double sens, où celui qui regarde dans l’univers soit capable de s’autocritiquer et de corriger sa propre vue, avec une méthode intersubjective qui re-contextualise les relations de la vie humaine avec son environnement proche et lointain. Cela n’est plus suffisant aujourd’hui (nous pouvons le dire avec certitude maintenant, sans tomber dans un fatalisme décadent) non pour des raisons morales, mais parce que cette méthode nécessite de nier pour mieux affirmer que la solution sociale est contenue dans la solution technique, même quand la finalité est de se débarrasser de la partie néfaste de l’exploitation technique. L’écologie politique n’est pas encore sortie de ce dilemme de briser la hiérarchie scientifique sans tomber hors de la modernité sociale, en évitant de mettre sur le même plan modernité technique et modernité sociale.

Par le passé, la non-prise en compte de cette dichotomie a reconduit l’aporie sous une autre forme, telle que la dictature du prolétariat, ou la création d’un nouvel homme ou d’une nouvelle race, qui ne sont pas des théories politiques ayant programmé les totalitarismes nazi et soviétique comme certains ont pu le dire ou le faire croire, mais plutôt l’imagination utopique de processus techniques positivistes afin de résoudre les contradictions de la modernité sociale, et parmi des populations encore sujettes à des superstitions dignes du monde ancien ou plus exactement, de la pré-modernité. Il est regrettable que les écologistes politiques dans son ensemble (y compris ceux qui critiquent le socialisme) mettent en avant une idéologie techniciste sans arriver à l’articuler à des processus sociaux globaux, certainement aussi en raison d’une imperméabilité d’une large partie de la population aux enjeux écologiques. C’est l’éducation qui est l’enjeu majeur de l’écologie, beaucoup moins la modernité technique, qui, de plus, est elle-même issue d’une phase de modernisation sociale.

 

Proposition d’une nouvelle chronologie qui simplifie l’analyse historique :

Selon les débats actuels sur la modernité, il est possible de distinguer trois phases de la modernité et sans tomber dans une révision contemporaine permanente. Ces phases reprennent les stades de développement des pays occidentaux mais elles peuvent s’adapter universellement selon le degré de modernisation de chaque pays. La liaison entre modernisation, colonisation, révolution ou réforme et indépendance politique sert de repère pour l’histoire de chaque pays. L’inconvénient avec le concept de contemporanéité est qu’il met sur le même plan des trajectoires historiques assez différentes alors que le concept de modernité nécessite de faire la différence entre ce qui est ancien et nouveau (dans son acception générale). Le lissage superficiel qui mettrait en équivalence la Chine, les États-Unis et la Russie ne permet pas de suivre les décalages spatio-temporels qui déterminent aussi l’histoire propre à chaque pays, autrement qu’en définissant ces décalages en termes de dépassement ou de retard. Bref, il s’agit d’appliquer une logique géographique à la périodisation historique, en considérant que l’histoire contemporaine est directement issue des grandes découvertes faites pendant la Renaissance.

Ainsi, ce sont les différentiations spatiales qui déterminent les trajectoires temporelles différentes, et moins l’inverse, où le passé de chaque pays déterminerait le moment de son entrée dans l’histoire moderne. En postulant que la modernité est un concept avant tout géographique, il est évident que cette interprétation s’oppose frontalement à celle que l’histoire française a construite depuis la Révolution, sacralisant le temps historique en lui-même et ne laissant pas de place à la réflexion générale de ce que peut signifier la modernité à des échelles et à des époques différentes.

Cette conception du temps révolutionnaire sacralisé, liée au fonctionnement de l’État-nation n’est pas moralement répréhensible ni inutile, mais d’une part elle a fini par détruire tout le débat historique qu’une nation peut avoir d’elle-même, en verrouillant tout ce qui est actuel dans un objet contemporain soumis à l’aléatoire ou à l’insignifiance, et d’autre part elle empêche des analyses empiriques fondées qui permettraient de changer de paradigme, de créer une nouvelle histoire, en tout cas en ce qui concerne la modernité.

Ce que dit la date de 1789 est que la révolution se situe à la jonction du moderne et du contemporain, qu’il existe des sociétés prérévolutionnaires, révolutionnaires et postrévolutionnaires, mais en fait, toutes modernes. Le paradoxe est que l’histoire française utilise la Révolution française comme repère chronologique universel du contemporain mais n’est pas capable (dans sa version académique) de dire en quoi la modernité classique est dépassée, si la rupture socio-politique est un critère suffisant pour passer du moderne au contemporain. Ces doutes induisent que l’histoire moderne est prérévolutionnaire, qu’elle que soit la position dans le monde, qu’une fois la révolution a établi un nouveau système politique, l’histoire est révolutionnaire, et quand la révolution est achevée et a réalisé la plupart de ses missions au niveau mondial, l’histoire devient postrévolutionnaire, ou postmoderne.

 

1) 1492-1783 : Modernité classique, ou modernité prérévolutionnaire :

Des Grandes découvertes à la révolution américaine

De 1492 à 1783, c’est la création d’un nouveau monde, en partie celui d’aujourd’hui, à travers les grandes découvertes, la réforme religieuse, les grandes exploitations coloniales, et la montée en puissance des États, confirmée par les traités de Westphalie. En suivant la piste « révolutionnaire », l’époque moderne a connu des mouvements prérévolutionnaires d’importance en Angleterre et aux Pays-Bas, qui culminent avec la guerre d’indépendance américaine, modèle des luttes pour la libération et de l’émancipation sociale et individuelle dans la civilisation occidentale.

Sous-périodes : 1492-1648 ; 1648-1783

Évènements majeurs : exploration des océans dans le monde, première mondialisation économique, réforme et guerres religieuses, révolutions artistiques et scientifiques, colonisation européenne, mouvement des enclosures, Guerre de Trente ans, rationalisation des États, révolutions politiques en Angleterre, aux Pays-Bas et en Amérique du nord.

Figures majeures : les conquistadors, les missionnaires jésuites, les juges inquisiteurs, les prédicateurs protestants, les exilés politiques, les explorateurs, les commerçants et négociants, les sociétés coloniales, les despotes, les mercenaires, les révoltés, les amérindiens, les esclaves africains, les américains, les bourgeois, les paysans, les peintres, les architectes, les philosophes, les écrivains, les physiciens, les économistes et les juristes.

Objets majeurs : l’État, la république, le gouvernement civil, les institutions juridiques, le Bill of rights (Déclaration des droits), traités de Westphalie, les communautés scientifiques, les compagnies commerciales, le grand port maritime, la caravelle, le comptoir colonial, la poudre à canon, l’or, l’argent, le tabac, le coton, le livre imprimé, la bible en langue vernaculaire, le théâtre, l’orchestre symphonique, le tableau, le télescope et le globe terrestre,.

 

2) 1783-1989 : Modernité révolutionnaire, ou modernité avancée

De la naissance des États-Unis à la chute du régime soviétique

Sous-périodes : 1783-1929 ; 1929-1989

De 1783 à 1989, c’est le temps des transformations radicales des sociétés dans le monde. Les vieilles institutions sont pour la plupart écartées du pouvoir et les régimes révolutionnaires se multiplient lors des décolonisations et de l’intégration progressive de l’Asie continentale au marché mondial, régimes dont la principale raison d’être est le développement économique. La crise économique de 1929 dérègle l’économie internationale et amplifie les conflits entre nations, qui réorganisent leurs systèmes sociaux et productifs. Une communauté internationale se constitue suite aux guerres mondiales, prenant en charge la régulation des conflits. Après une extension maximale, les régimes révolutionnaires, symbolisés par les États-Unis et la France au 19ème siècle puis par l’U.R.S.S. et les pays du tiers-monde au 20ème siècle, laissent place à une homogénéisation et une normalisation par l’économie de marché, le droit international et une libéralisation relative des mœurs.

Évènements majeurs : révolutions politiques, déclin progressif des structures sociales anciennes, démocratie libérale représentative, droits de l’homme, exode rural et urbanisation, transition démographique, industrialisation de la production, mondialisation financière et commerciale, bureaucratisation des États, crise de 1929, guerres mondiales et régimes totalitaires, génocides et démocides, création d’une communauté internationale, guerre froide, décolonisations, tiers-mondisme et libéralisation massive des mœurs.

Figures majeures : les idéologues et les orateurs politiques, l’individu, le citoyen, la femme comme sujet politique, les sociétés coloniales, les agents secrets, les bureaucrates, les ingénieurs, les entrepreneurs industriels, les grévistes, les émeutiers, les militaires, les ouvriers, les bourgeois, les travailleurs sociaux, les artistes, les intellectuels, les journalistes, les explorateurs, les touristes et les sportifs de haut niveau.

Objets majeurs : l’État-nation, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le code civil, les administrations publiques, le casier judiciaire, la métropole urbaine, le bidonville, les pays non-alignés, les USA, l’URSS, la S.D.N., l’O.N.U., l’école gratuite, les services socio-médicaux, le communisme, les syndicats, les sciences humaines et sociales, la biologie, le darwinisme, l’usine, le camp de concentration, le circuit électrique, le chemin de fer, le charbon, l’acier, l’artillerie lourde, le bateau à vapeur et à réaction, les hydrocarbures, la voiture, le supermarché, l’avion, la fusée, l’atome, l’ADN, le télégraphe, le téléphone, la photographie, le cinéma, la radio, la télévision et l’ordinateur,. 

 

3) 1989-aujourd’hui : Modernité postrévolutionnaire, ou postmodernité, ou modernité tardive

Émergence d’une société civile mondiale homogène, nouveaux enjeux sociopolitiques et retour des États-nations :

Depuis 1989, l’histoire moderne se fait face à elle-même : de nouveaux défis sociaux et écologiques liées à l’urbanisation, à la consommation industrielle et à l’extension du marché mondial remettent en cause l’organisation socio-politique établie par les régimes révolutionnaires, c’est-à-dire la quasi-totalité des États-nations établis ou réformés depuis 1783. Le développement reste encore la principale raison d’être des régimes politiques, notamment en République populaire de Chine, même si un ralentissement durable touche l’ensemble des pays les plus développés, qui sont au cœur de la mondialisation. Certains postulent que, depuis la grande crise financière de 2008, des nouvelles guerres mondiales peuvent éclater, comme au début du 20ème siècle. Mais la source du conflit n’est peut-être entre États-nations ou entre groupes de nations, mais peut-être plus profonde, dans la relation que l’humanité a construite avec l’univers, depuis la modernité classique.

Évènements majeurs : tertiarisation et financiarisation de l’économie mondiale, technocratisation du politique, automatisation industrielle et commerciale, extension mondiale du libre-échange économique, grands défis écologiques, crise de la modernité politique, guérilla terroriste islamiste, régionalismes identitaires, régionalisation géopolitique.

Figures majeures : les idéologues et les orateurs politiques, la société civile mondiale, les prédicateurs musulmans, les conseillers, les actionnaires, les communicants, les agriculteurs bios, les paysans sans terre, les manifestants, les stars médiatiques, les tueurs de masse et les terroristes.

Objets majeurs : l’État-nation, la ville mondiale, les régions indépendantistes, les organisations intergouvernementales, les entreprises multinationales, les agences publicitaires, les associations, les lobbys, les ONG, l’écologie, le Parti Communiste Chinois, le Coran, le smartphone, la tablette tactile, le web, le drone, le robot, la cellule souche et les nanotechnologies.


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31 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 16 septembre 2015 10:33

    Un article trop long, qui sera donc peu lu, pour une définition alambiquée du terme MODERNE.

    C’est dommage, l’auteur a fourni un travail important sur un sujet intéressant.

    Le moderne et la modernité sont deux concepts différents. Le premier concerne la suprématie de la raison dans la société et le second, le niveau de développement de la société.

    En premier lieu, notons que ce sont les contemporains qui définissent ce qui est moderne de ce qui ne l’est pas. C’est comme si on demandait aux actionnaires des industries chimiques de définir l’écologie.

    Les philosophes grecs étaient les premiers « modernes » connus. Ce sont eux qui ont cherché des réponses raisonnables sur des sujets qui, avant eux, étaient réglés par les dieux.

    Est-on si moderne aujourd’hui ? Les dieux d’antan ont été remplacé par le Marché « miraculeux » de Reagan puis par la volonté « démoniaque » de la FED. La raison a laissé place à la croyance et à la manipulation.

    C’est sans doute pour cela que nous avons l’impression que le monde est devenu fou.


    • Sarah 16 septembre 2015 13:51

      @Daniel Roux

      « Un article trop long, qui sera donc peu lu, pour une définition alambiquée du terme MODERNE. »



      Pourquoi faudrait-il que l’auteur fasse court comme dans les médias main-stream où tout doit être dit en trois mots et où un interrogé est interrompu dès qu’il veut exposer un raisonnement sur plus d’une phrase ?


      C’est vrai que l’article est long, mais un tel sujet pourrait s’étendre à une thèse ou à un livre entier.


    • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 11:59

      Merci d’avoir pris la peine de lire mon article, au moins un lecteur ! 


      La définition de la modernité est alambiquée parce qu’elle est beaucoup débattue, et finalement je ne fais que reprendre le sens commun, en le confrontant à ce qu’on appelle l’époque moderne en histoire. 

      Par exemple tu dis que le moderne est la suprématie de la raison dans la société, c’est-à-dire la suprématie des sciences sur la religion et les croyances ? C’est possible, mais les sciences historiques le considèrent autrement puisque l’histoire « moderne » débute en 1492, bien avant la sécularisation de la société. Ce qui est admis en philosophie ne l’est pas forcément en histoire. 

      Et sur la modernité qui correspond au niveau de développement, est-ce à dire qu’Adam Smith, ou alors les économistes physiocrates seraient les premiers à théoriser la modernité ? Grosso modo, modernité et libéralisme (ou capitalisme) seraient pratiquement synonymes ? Peut-être, mais pourquoi existe t-il deux termes différents ? Nous dirions, au lieu de dire que nous sommes dans la modernité, que nous sommes dans le libéralisme. La modernité est différente du libéralisme puisque tu conclus en disant que la modernité n’existe pas, que seul le libéralisme existe. Mais du coup, que faire de la modernité ? 

      Et c’est assez drôle en fait, parce que j’avais pensé à dire la même chose, en donnant à mon article le titre : « Nous n’avons jamais été modernes ». Sauf que, la modernité est quand une notion épaisse, qui a rempli des bouquins entiers. Et je dis au passage que la modernité est affaire de perception avant tout. Mais effectivement, je pense, contrairement à toi, que le concept de modernité offre une grille de lecture intéressante pour comprendre les sociétés actuelles. 

      Quant au Grecs, oui d’accord, ils ont tout crée dans la civilisation occidentale. Mais attention, les sources de la pensée occidentale relèvent autant des penseurs à la fin de l’empire romain, du christianisme antique , et des théologiens du moyen-âge. Les penseurs grecs de l’antiquité ne théorisaient pas la religion, ils débattaient sur les formes, l’être, l’Un, le beau, le vrai, la justice etc. La modernité mêle autant des aspects scientifiques et théologiques, c’est peut-être cela son originalité. 

      Et pour la raison, elle a toujours existé et existera toujours, mais là encore, c’est une notion qui a été largement débattu. Lévi-Strauss considérait déjà que la raison varie selon les sociétés, qu’il n’y a pas une seule raison. C’est un peu la modernité, la raison ne serait que le produit de l’esprit créateur des êtres humains. 

      • Daniel Roux Daniel Roux 16 septembre 2015 13:06

        @Boogie_Five

        Ne me fais pas dire, ce que je n’ai pas écrit, comme ces 2 exemples parmi d’autres :

        « Grosso modo, modernité et libéralisme (ou capitalisme) seraient pratiquement synonymes ? »

        ou

        « tu conclus en disant que la modernité n’existe pas, que seul le libéralisme existe. »

        Ce que j’écris est que le Marché et la FED, ne sont pas guidés par la raison et, par conséquent, ils ne sont pas modernes au sens que je retiens du mot.

        Un commentaire n’est pas un article mais une réaction à un article, une critique, que je souhaite constructive, des arguments exposés par l’auteur auquel revient tout le mérite du travail de fond.
         


      • Clark Kent Rascar-Capac 16 septembre 2015 12:25

        Quel est le sens de l’histoire ?


        Hegel a contribué à créer l’illusion d’un progrès et les historiens lui ont emboîté le pas pour réduire les phénomènes sociaux et l’organisation des sociétés à des règles simplistes et mécanistes.

        Les grandes classifications à coups de serpe ne veulent rien dire. Il n’existe aucune date fatidique.
        Les papous vivaient aux néolithique au début du vingtième siècle, et il existe peut-être des bushmen qui en sont au paléolithique. 

        Ma voisine, avec ses croyances, ses superstitions et sa soumission aux idées reçues est évidemment au moyen-age. Toutes les couches socilologiques ne vivent pas les choses de la même façon, ni les mêmes choses sur le même territoire. Ne parlons pas des individus !

        Les découpages évoqués ont toujours une utilité idéologique et contribuent à la propagande le la classe dominante. Cela n’a rien de scientifique. Les historiens sont des conteurs. Les ethnologues sont des scientifiques.


        • Sarah 16 septembre 2015 14:02

          @Rascar-Capac

          « Quel est le sens de l’histoire ? »


          Seul D.ieu peut nous le dire.


          « Les grandes classifications à coups de serpe ne veulent rien dire. » Il faut bien classer pour travailler ; ce n’est pas seulement vrai en Histoire.


          « Il n’existe aucune date fatidique. » Avec le recul, si.



          « Les papous vivaient aux néolithique au début du vingtième siècle, et il existe peut-être des bushmen qui en sont au paléolithique. »

          Le découpage entre Antiquité, Moyen-Âge, Époque Moderne, Époque Contemporaine est valable pour l’Occident surtout.


          Paléolithique : c’est le cas des Esquimaux.


        • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 14:29

          @Rascar-Capac

          Dis moi Rascar, à quoi te sert ta boule de cristal ? Tu es prête à la jeter, comme ton petit avatar ? 

          C’est vrai, la guéguerre entre ethnologues et historiens est toujours là, mais les historiens continuent à avoir votre peau, les anarcho-tribalistes ! 

          Trêve de plaisanteries. Il y a un certain nombre d’individus, et même parmi des gens très cultivés, qui ne connaissent pas les ressorts intimes de ce que tu appelles « propagande » multiséculaire. Ils se doutent des choses et peuvent même l’exprimer, mais ils ne disposent pas des moyens ni pratiques ni intellectuels de s’en sortir, ballotés entre les ficelles du marionettiste. 

          Autre choses, quand tu te bases sur la sociologie, justement c’est ce que j’essaye de faire en intégrant le « postmodernisme » dans la périodisation historique. Le postmodernisme est l’éclatement des grands récits et des grandes idéologies, et le fait qu’il n’y ait pas de centralité n’empêche pas les êtres humains (la majeure partie en tout cas) d’être entraînés et captés par l’organisation plurielle du système économique « moderne », et de ce progrès dont tu accuses Hegel d’en être responsable dans les sciences historiques. Le problème est qu’il n’y a pas eu que Hegel, mais aussi largement Darwin, Marx, le monothéisme en général, et ce n’est qu’un début ! 



        • Jason Jason 16 septembre 2015 17:48

          @Sarah

          Les historiens ont un talent inimitable pour ne pas se poser les questions qui fâchent ou qui aboutissent sur le doute. Parcourez Paul Veyne : « Comment on écrit l’histoire ».

          Cordialement


        • Sarah 16 septembre 2015 13:35

          Sujet intéressant. Merci pour ce travail.


          Bonnes pistes de réflexion


          À étudier.


          • Sarah 16 septembre 2015 13:54

            Les universitaires français ont tendance à privilégier 1453 (prise de Constantinople par les Turcs, émigration des Byzantins vers l’Occident et début de la Renaissance) plutôt que 1492, événement de peu de retentissement à l’époque.


            Il est un fait que continuer à dire « Contemporain » pour le début du XVIIIe s. est un peu anachronique, si je puis m’exprimer ainsi smiley


            Il est un fait que le débat est « cadenassé » par 1789 ; pour certains, c’est tout juste si l’Histoire ne commence pas en 1789, ce qui précède constituant « les Âges Obscurs » smiley


            • Sarah 16 septembre 2015 14:05

              N.B. pour 1789 : les historiens U.S. ne retiennent pas cette date franco-française ; chez eux le découpage n’est pas le même.


            • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 15:08

              @Sarah
              Merci Sarah 


              J’ai choisi 1492 parce que Cristophe Colomb est une figure historique exceptionnelle qui a marqué son temps, et ce n’est pas exact de dire que son action n« a pas eu beaucoup de retentissement, chez les navigateurs et tout personne avide de nouvelle richesse, notamment.

              Il n’y a pas un bon découpage qui serait supérieure aux autres, tout dépend de la ligne d’interprétation que tu prends : 

              Oui, il y aussi 1453, événement de première importance, mais cela reste de l’histoire »bataille" qui s’inscrit dans l’esprit des Croisades, il n’y a pas de nouvelle figure ou de nouvelle perception du monde qui émerge en même temps : si tu compares Mehmet II et Cristophe Colomb, tu vois bien que nous parlons de deux manières de faire l’histoire. La première avec 1453 reste classique et la deuxième avec 1492 est plus basée sur le commerce ou l’aventure. Ce ne sont pas les mêmes thèmes. 

              De plus, dans l’histoire de l’Empire byzantin, la bataille de 1453 n’a pas été décisive. La chute était inéluctable depuis au moins la conquête par les Croisés en 1204 et l’établissement de l’empire latin. La bataille de Manzikert (1071) a été bien plus importante, que ce soit du côté musulman ou chrétien. 


               



            • Sarah 16 septembre 2015 15:50

              @Boogie_Five

              1453 : ce n’est pas la bataille elle-même mais ses conséquences avec fuite et arrivée des savants et lettrés byzantins en Occident, qui ont eu une grande influence même si le mouvement dit Renaissance avait déjà commencé au XIVe s.


              Source : HEERS Jacques, Chute et mort de Constantinople, Perrin, Collection Tempus, Paris 2007.


            • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 15:55

              @Sarah

              Bon, ok : 1-1 

              Oui, ils ont amené toute leur science et ont largement contribué à l’éveil intellectuel européen. Que serait l’Europe sans Venise, Gênes et Naples ? 

              Ce serait un tout autre monde....

            • Sarah 16 septembre 2015 14:08

              D’un autre côté faire entrer la période Révolution-Premier Empire français dans la « Modernité » , même si cela est vrai en un certain sens, la juger moderne au sens contemporain alors que ce fut pour beaucoup d’historiens une régression - guerres de la Révolution et de l’Empire : 8 millions de morts en Europe avec des conséquences désastreuses pendant 150 ans : montée des nationalismes en Europe, guerre de 1914-1918 (10 millions de morts), génocides etc. - est aussi contestable.


              • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 15:11

                @Sarah

                C’est sûr ! pour défendre Napoléon, compte pas sur moi ! 

              • Sarah 16 septembre 2015 14:11

                Ne pourrait-on pas dire :


                - 1789 : fin de l’époque Moderne

                - 1789-1945 : période de troubles à dénommer (Ière Période Intermédiaire comme pour l’Égypte antique ?)

                - 1945-2015 : prolongement de la précédente, à y inclure peut-être car les choses ne s’arrangeant pas, nous plongeons vers l’obscurantisme (reprise de la Conquête Islamique),

                - à partir d’une date lointaine ou peut-être jamais : fin de cette Période Intermédiaire et reprise de la Modernité.


                • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 15:23

                  @Sarah

                  Oui, c’est vrai, j’ai hésite avec 1945, date souvent retenue pour marquer le passage au monde actuel. Mais il y a certaines continuités qui font que j’ai préféré repousser ce passage jusqu’en 1989 (j’ai hésité avec les années 60-70 pour les décolonisations et les mouvements contestataires avant et après 1968) 

                  Mais en en fait je trouvais que ce qui rassemblait le plus les différents moments de cette période était le processus contradictoire révolution/contre-révolution, commencé en 1789. Comme le régime soviétique a toujours été révolutionnaire (même si la révision de Brejnev parlait de « socialisme avancé » dans les années 1970), l’URSS restait leader de la révolution, de la pensée révolutionnaire et en cela était vraiment l"héritière de la France dans cette représentation. J’ai donc préféré retenir la date de 1989, chute du mur de Berlin, pour le passage au monde actuel. 

                  Quant à l’islam, nous verrons bien si ils vont changer le cours du monde. En ce qui me concerne j’ai des gros doutes, parce que je pense que les sociétés arabo-musulmanes vont connaître aussi un large mouvement de sécularisation, même si la politique exploite encore l’histoire islamique pour renforcer leur légitimité populaire. 

                • Sarah 16 septembre 2015 15:59

                  @Boogie_Five
                   

                  Oui, 1989 est une date intéressante : passage d’un monde bi-polaire (USA-URSS) à un monde unipolaire (USA) puis devenant multi-polaire (date marquante : 2014 où la flotte russe bloque l’intervention US contre la Syrie) avec USA, Chine, Russie, Inde etc. si les USA ne parviennent pas à restaurer leur hégémonie.

                • Jason Jason 17 septembre 2015 10:07

                  @Sarah
                  Ces abstractions de salon ne changeront en rien les situations économiques, sociales ou technologiques. Quand bien même on couperait le monde en deux, trois ou quatre, ou vingt, il y aurait toujours les dialogues et les échanges possibles.

                  Les élucubrations des « think tanks » ou piscines de pensées, sont très pénibles et parfaitement inutiles.


                • Jason Jason 16 septembre 2015 17:39

                  « Le découpage moderne/contemporain en 1789 fait par l’histoire française laisse à penser que la modernité technique est coupée de la modernité sociale, »
                  ..................................
                  « que la modernité sociale (symbolisée par la Révolution française) succède et se trouve déterminée par la modernisation technique issue de la Renaissance. »

                  Voilà bien des approximations, et par là les classements prolifèrent.

                  Les notions de moderne, modernité, ainsi que post-moderne et ce qui s’y rapporte, ne me semblent pas constituer des outils conceptuels opérationnels. Elles débouchent sur des visions tentantes, simplificatrices et subjectives d’un monde soumis à une continuité dont nous serions l’aboutissement nécessaire.

                  Je préfère les notions de « landmarks » ou jalons/étapes repérables par des sauts souvent indépendants les uns des autres. Une sorte de discontinuité dans les pratiques, les techniques, les lois et règles sociales, les moeurs, les visions du monde et des ordres sociaux, bref, une sorte de mouvement brownien des pratiques et des modes de vie.

                  Pensons à la première presse « à la Gutenberg » installée à Paris en 1470, à la promulgation de l’édit de Villers-Côteret en 1539 concernant l’usage de la langue française, aux découvertes des astronomes (Galilée, Newton), aux progrès des calculs des probabilités à travers le XVIIIéme, à l’avènement de la chimie, des découvertes de la médecine, à tous ceux qui ont remis en question les notions acquises et ont fait reculer l’ignorance, la tradition ou la superstition. Pour la politique ? Ce ne sont le plus souvent que des opportunismes et des hasards.

                  Allez poser votre modernité là-dessus, vous en tirerez quoi ? J’oppose le chaos, le hasard et le désordre du monde à votre modernité bien pensante.

                  Vous l’avez deviné, je suis un sceptique.
                   


                  • Boogie_Five Boogie_Five 16 septembre 2015 20:44

                    @Jason

                    Bien joué, tu as pris les deux phrases qui expriment à la fois mes doutes et mes convictions, mes questions sur ce découpage fait par l’historiographie. Ma question est : pourquoi, après 1789, on sort de l’époque moderne ? Et étant entendu que la modernité, c’est l’innovation, au sens commun, et d’autre part que la modernité continue, en fait, où se trouve la différence ? 

                    Dans le régime politique établi par la Révolution, c’est à dire une autre organisation sociale qui abolit les anciennes institutions, ce qui est plutôt social. De là, j’en ai déduit que la modernité historique (de l’époque moderne en tant que tel), renvoie à un sens particulier de la modernité, de l’ordre de la découverte, de l’exploration, ou de la technique. Voilà pourquoi je postule que la modernité est plutôt technique avant 1789, plutôt sociale ensuite, même si la modernisation technique continue. 

                    Alors, après, tu critiques le concept de modernité, et surtout sur son versant social en disant que « pour la politique ? Ce ne sont plus souvent que des opportunismes et des hasards. » Je viendrais ensuite sur le chaos. 

                    Si la politique est faite de hasards, il n’y aurait pas besoin de lois et d’institutions, notamment pour exercer les contraintes afin de les faire respecter. On peut réfuter le caractère légal du dispositif gouvernemental, mais en tout cas il plus difficile de nier le caractère organisé des systèmes politiques, basés sur l’Etat de droit. Ensuite, si tu parles de la décision politique, le hasard y a plus une plus grande part. Mais la décision n’est pas le seul domaine de la politique : il y aussi la délibération, le vote, les campagnes politiques, les pouvoirs d’influence, etc. Sur la décision, tout dépend si tu considères qu’elle est individuelle ou collective. Généralement, elle est plutôt collective, même pour certains dictateurs. 

                    Pour le chaos, c’est un peu pareil. Autant le chaos est aléatoire, autant il apparaît organisé. J’irai encore plus loin : le vrai chaos est celui qui n’a pas l’air d’être chaotique, c’est-à-dire qu’il est harmonieux, très lent dans son évolution, et les phases d’explosion, comme pendant les guerres entre les hommes, sont celles les phases chaotiques qui sont les plus organisées, les plus rapides. 

                    Les scientifiques (du domaine physique principalement) ne sont pas au-dessus de tout soupçon, ils construisent aussi une idéologie qui leur bien particulière et ne sont pas en dehors de la subjectivité humaine - « l’homme est la mesure de toute chose », disait Eratosthène. Leurs calculs sont parfaits tant qu’un nouvel instrument ou qu’une autre manière d’aborder le problème ne les remettent pas en cause. Et dans ces moments, il peut avoir beaucoup de hasards et d’opportunismes : quel scientifique n’a pas copié le travail du grand maître ? 

                    C’est bien d’être sceptique, c’est même une attitude essentielle pour le philosophe, et même pour le scientifique. Mais du doute à la négation de tout, la frontière est parfois très mince. Tu ne crois pas à l’évolution historique, alors tu amènes le chaos, mais si c’était vraiment le cas, personne ne se souviendrait de rien, nous ne pourrions même écrire ni parler, l’action humaine serait inutile à tout égard, nous serions des planctons qui attendent d’être transportés par la marée. 

                    Encore plus nazes que des krills, c’est comme ça que tu nous vois ?



                  • Jason Jason 17 septembre 2015 09:58

                    @Boogie_Five
                     « Voilà pourquoi je postule que la modernité est plutôt technique avant 1789, plutôt sociale ensuite, même si la modernisation technique continue. »

                    Les révolutions techniques ont d’abord touché l’Angleterre (au sens trritorial large) avant de se propager en France, avec environ 50 ans de retard. Il faudrait, dans vos recherches introduire la notion de degré de modernité. Peut-être aussi vous référer au « Tableau » de Condorcet.

                    Quant à dire qu’après ’89 la modernité est plutôt sociale, ça me fait tousser très fort. Lisez les effets de la loi Le Chapelier et regardez le variantes de gouvernements pendant le XIXème, le salariat, l’analphabètisme, la durée de vie, etc.

                    Vous avez un moule, et vous semblez vouloir l’appliquer à tout. Très dangereux.

                    P.S. « Encore plus nazes que des krills, c’est comme ça que tu nous vois ? » Tiens, c’est une bonne idée. Oui, je pense que c’est ça. Car les krills, eux ont des excuses, ils n’ont pas de cerveau.


                  • Boogie_Five Boogie_Five 17 septembre 2015 15:07

                    @Jason

                    Non, mais je propose juste un modèle d’interprétation, qui peut être largement modifié ou adapté y’a pas de problèmes. Et de plus j’ai parlé en deuxième partie des problèmes de « décalages » selon le degré de modernité. Et j’y applique un critère géographique, ou géo-historique. 

                    1789 est juste un commencement, tout n’est pas parfait dès le début, et dans ma périodisation, l’histoire révolutionnaire (qui commence plutôt en 1783) s’étend jusqu’en 1789. Il faut lire jusqu’au bout de l’article pour voir les conclusions que j’apporte par rapport à la problématique. 

                    Après, plus précisément, la loi Le Chapelier, si elle est évidemment critiquable, elle reste révolutionnaire dans le sens où elle modifie complètement les rapports sociaux dans le monde du travail. D’un côté, elle paraît rétrograde par rapport à la suite : c’est parce qu’il y a les autorisations du droit de grève et des syndicats dans les années 1880 qu’il est possible de juger a posteriori que c’est un recul, et là on sort de l’histoire et on entre dans la politique. D’un point de vue politique je suis d’accord avec toi, mais pas d’un point de vue historique. Pourquoi ? 

                    Parce que les guildes et les corporations étaient sur le même plan que les privilèges seigneuriaux, c’étaient des institutions d’Ancien Régime et le nouveau régime politique avait pour but d’imposer une citoyenneté égale pour tous et en même temps directement en lien avec l’Etat-nation, sans corps intermédiaires qui bloquent l’application des lois. Alors là, où le reproche peut leur être fait, c’est qu’ils auraient dû chercher à créer de nouvelles institutions pour créer de nouvelles associations pour les travailleurs, compatibles avec le nouveau régime. Cela a finalement été à la fin du 19ème siècle, parce que les républicains n’ont pas eu le temps de tout réformer : ils sont resté à peine 10 ans au pouvoir et les monarchies sont revenues jusqu’en 1870, voilà pourquoi la loi Le Chapelier est si scandaleuse. Pour réformer la société il ne suffit de commencer et de se débarrasser d’un problème en se disant que les choses vont s’organiser d’elles-mêmes. Et les révolutionnaires de 1789 ont été balayés du pouvoir à partir du moment où les autres ont bien vu qu’ils avaient d’énormes difficultés à réformer la société. 

                    Après on peut qualifier la période d’après 1795 de réaction (thermidorienne), puis de véritable recul avec les monarchies napoléonienne et bourbonne, cependant certains acquis de la Révolution ne sont pas remis en cause. La modernisation sociale n’est pas comme la modernisation technique, la liberté pour créer un nouveau modèle est beaucoup plus restreinte, parce qu’elle exige une prise en compte des intérêts immédiats. Les révolutionnaires, très inspirés par des idéaux des Lumières, ont fait la douloureuse expérience (ce qui fait qu’elle doit être absolument prise en compte dans les analyses historiques) que l’application d’un nouveau modèle qui change toute la société est impossible sans éradiquer toutes les anciennes institutions. Ce que dit à propos de l’interdiction des corporations peut être dit sur l’Eglise, dont les biens ont été nationalisés et les prêtres astreints à une assermentation. Pourquoi ceux-là auraient-ils moins le droit d’être défendus que les autres, même si en majorité ils n’étaient pas favorables au nouveau régime ? 

                    La Révolution a justement coupé la modernité en deux, entre ceux qui veulent une modernisation sociale plus poussée et ceux qui eux veulent le moins possible, voir revenir à l’Ancien régime. Les révolutionnaires sont des êtres humains comme tout le monde, ils ont droit à l’erreur, et il serait d’enterrer le bébé avec l’eau du bain, en se disant que ce n’était qu’au fond tous des bourgeois réacs qui ne pensaient qu’à se maintenir au pouvoir et à instrumentaliser le mouvement révolutionnaire pour parvenir à ses fins. 

                  • ddacoudre ddacoudre 17 septembre 2015 01:16

                    bonjour Boogie

                    excellent article. la discussion au sujet de la modernité m’a paru artificielle, car la modernité n’existe pas en dehors de la recherche d’un repère historique pour classer le développement de l’humanité suivant le point de vue occidental. j’y préfère l’évolution des population suivant leur enracinement géographique qui va déterminer par la nécessité son évolution d’adaptation.
                    pour ce faire j’ai créé un néologisme (la géo-historique). C’est l’environnement géographique ou s’installe l’homme qui percute ses sens et lui dans la recherche de la nécessité devra par sa capacité cérébrale retirer de ses observations les moyens utiles à son adaptation qu’il se transmettra de manière dynamique cumulant des savoirs qui s’empileront et qui généreront en permanence un futur qui relèguera le présent de l’instant zéro inatteignable, mais mémorisé, au passé. Ainsi chaque groupe humain ayant essaimé sur la planète n’a pas évolué de la même manière, même s’ils disposaient du même capital biologique en fonction des territoires qu’ils occupaient et qu’il a modifié par son action favorisent en retour une nouvelle réponse cérébrale contenant ses propres développent. Le développement du langage a permis l’accélération de la circulation de ces innovations et créations, toujours inhérentes aux territoires occupés.
                    Les tribus indigènes des forêts tropicales se passent parfaitement de « la modernité technologique » que nous avons développé et se contentent de leur culture rudimentaire, car elles ont le nécessaire à disposition.
                    dans cette dynamique ou le territoire créait l’adaptation s’ils n’est pas suffisamment fertile pour ses habitant, la nature humaine s’exerce sur l’organisation qui en découle se dotant sans cesse dans une course poursuite des moyens de se faciliter l’existence même au pris de gros efforts tant de réflexion que d’innovation technologique les deux n’étant pas séparable, mais n’étant pas l’apanage de tout un chacun, mais celui globalement des « découvreurs »dont nous saisissons pas toujours les raisons et que je situe dans le cadre d’une autorégulation de la nature généré par nos actions qui conduisent certains d’entre nous, suivant ce qu’il a cumulé comme acquisition de compétences et de savoirs, de disposer de plus de occurrences pour apporter une réponse à la sollicitation de son environnement dans la poursuite d’un intérêt individuel ou altruiste. C’est ce que tu écris quand tu parles de prérévolutionnaire.
                    dans le déroulement de des civilisation ne nous échappent pas l’importance de la communication et la considération pour chacune d’elle de considérer qu’elles étaient une apogée sans autre possibilité que leur continuité. de la sorte sur une vision distordu de la réalité qu’ils ne pouvaient saisir dans l’absolue, chacune racontait son histoire fondatrice, sans toujours disposer des moyens d’une vérification « scientifique ». (même aujourd’hui) le recueil de déclarations ou d’écrits historique ne sont qu’une approximation dont nous devons nous satisfaire, car la seule réalité est celle que chacun vie. Cela n’empêche pas de dresser un tableau évolutif comme tu le fais dans ton article qui nous permet de nous situer temporellement et spatialement, donnant ainsi les moyens à notre cerveau de ne pas se dissocier, de se fragmenter, de se perdre.
                    Sans rétrospective linéaire d’une évolution plutôt aléatoire ou chaotique de l’humanité ou de l’histoire des nations états conté par la communication, par l’écriture et leur démocratisation nous n’aurions pu assurer un développement aussi rapide depuis l’invention de l’imprimerie et le développement de la scolarité. si tu dois chercher les raisons d’une modernité c’est vers ces deux axes qu’il faut se tourner, car ce sont eux qui approvisionnent notre mémoire analogique que nous perfectionnons sans cesse générant ainsi une évolution sociologique des comportements sociaux économiques et des mœurs qui s’entre mêlent, Sans toute fois tout remettre en question à la fois, faute d’auto détruire l’organisation sociétale établie.
                    aujourd’hui j’explique souvent que nous sommes devant une fracture intellectuelle entre un enseignement général trop court pour apprendre le nécessaire pour accéder à la complexité d’un monde qui est exponentielle. La raison essentielle tient dans le développement des technologie qui nous permettent de saisir e qui n’est pas visible à nos sens, mais que nous percevions en toute ignorance, générant chez nous des comportements qui n’étaient pas accessibles à notre conscience. nous pouvons considérer que toutes nos technologies ne sont qu’une extension de nos propres sens et structure humaine. Nous n’avons pas la possibilité d’inventer quelque chose qui ne corresponde pas à ce qui nous structure.
                    la modernité serait dans ce cas que la conséquence des moyens de compréhension de nos existences, ce que tu as découpé en tranche par nécessité d’enseignement linéaire avant d’être apte de pouvoir comprendre que l’ordre du monde est le chaos entretenu par l’entropie que génèrent, nos comportement que multiplie la technologie et que nous essayons de contenir dans des contes « géohistorique » qui constituent des histoires mythiques fondatrices, telle celle du capitalisme qui n’est que le paradigme de comportement digne de la préhistoire qui se développe en s’appuyant sur un langage mathématique ou chacune de nos actions peuvent être qualifiés et quantifiés sur la base d’un plan comptable qui fait que l’humain réduit son existence à une comptabilisation de son être, ce qui ne peut en rien constituer une modernité puisque cela ramène les individus vers la servitude.
                    il me semble évident que toute civilisation se trouve confronté à des erreurs de jugement sur la modernité de leur développement et que pour que celles-ci périclitent il faut bien que cela passe inaperçu.
                    nous avons donc une histoire raconté et une histoire qui essaie d’être vérifiable, dans les deux cas nous ne touchons pas à la réalité et heureusement sinon nos existence seraient déterministes.
                    nous vivons donc dans un déterminisme aléatoire donc sa sectorisation permet de situer les grandes étapes au travers de la capacité de découvreur qui catalysent les événements qui les percutent et dont nous retenons leurs noms que nous donnons à des évolutions dont ils ne sont que les acteurs générés par le passé qui les précède, car nous confondons encore libre arbitre et possibilité de choix.
                    ddacoudre.over-blog.com.
                    cordialement.


                    • Jason Jason 17 septembre 2015 09:43

                      @ddacoudre
                      Bonjour,
                      Je trouve vos développements intéressants en ce qu’ils relativisent les notions de modernité proposées par l’auteur. Effectivement, il ne faut pas user du concept vague de modernité pour décrire les activités humaines sur toute la planète.

                      La modernité est une invention occidentale et notre anthropocentrisme ou « culturo centrisme » nous fait regarder le monde à l’aune de ce qui pousse dans nos jardins intellectuels. Dans la plupart des cas nous sommes trop sûrs de nous et cela mène souvent à des conflits ou à l’esclavage et au pillage.

                      Votre mise au point est excellente et j’y adhère.


                    • ddacoudre ddacoudre 17 septembre 2015 13:16

                      @Jason
                      bonjour

                      merci pour votre avis
                      cordialement.


                    • Boogie_Five Boogie_Five 17 septembre 2015 15:40

                      @Jason


                      Je ne comprends pas vraiment ta position. Je n’ai pas cherché à être exhaustif, dans le titre y’a marqué « confusion idéologique française » et à la fin je préviens bien qu’il s’agit de l’histoire de l’Occident. Mais étant donné la mondialisation, qui a suivi effectivement la colonisation, la modernité au sens historique concerne beaucoup de pays. On peut nier et décréter la fin de l’histoire occidentale, et à vrai dire, je m’en fous. Mais me fait pas passer pour un réac occidentaliste, ce n’est pas moi qui suis à l’origine de tout cela. Ce n’est pas moi qui ait créer ce monde. J’essaye de le décrire et de voir justement comment pourrait-on en sortir socialement et collectivement, pas en fuyant en disant : ouais, mais la modernité ça n’existe pas et c’est un truc de facho. C’est un peu facile. 

                    • Jason Jason 17 septembre 2015 16:19

                      @Boogie_Five
                      Je le dis dans mon billet ci-dessus : il faut relativiser la notion de modernité, mot usé, polysémique et mal défini.

                      Au XVIIème il était question (mais en littérature seulement) des anciens et des modernes, entendez par là les contemporains qui remettaient en cause les règles établies. Moderne a souvent signifié nouveau, différent, parfois iconoclaste (voyez ce qu’en dit Baudelaire).

                      Ce terme moderne, utilisé à toutes les sauces, me gêne. Ca me fait penser à hôtel moderne, avec eau courante à tous les étages. Je caricature, bien sûr.

                      Quant à dire que je pense votre argumentaire « facho », c’est aller vite en besogne et user d’un mot valise (encore un autre).

                      Pour moi, moderne embrasse trop de choses pour que j’y voie une notion utile et féconde. Je l’associe à cet autre terme à la mode : Mondialisation. De quoi ? Et c’est là que l’analyse devient intéressante, à condition de s’abstraire des lieux communs.


                    •  C BARRATIER C BARRATIER 17 septembre 2015 10:57

                      Je me suis régalé en lisant cet article d’universitaire. La modernité aujourd’hui pour la masse des gens est la technologie dernier cri et même la mode.En France mais pas partout, la modernité réside dans les avancées de la condition féminine qui au contraire plonge aux abîmes dans des pays contrôlés par certains musulmans....que j’appelle rétrogrades
                      En table des news :

                      Femmes : Conquêtes, reponsabilités nouvelles.Prenez votre part de pouvoir

                      http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=228

                      1789 me paraît pour la FRANCE un moment de basculement, avec la fin de la royauté de droit prétendu divin et avec la fin de l’emprise du catholicisme imposé, donc la conquête de la liberté de conscience vers l’égalité

                      Mais dans la mentalité des gens, il reste une puissante force réactionnaire. Les évolutions constatées par l’auteur sont loin d’être intégrées dans les mentalités, comme si l’homo sapiens était trop limité pour évoluer..

                      République : Résister à la pieuvre libérale et intégriste

                       

                      http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=204


                      • Boogie_Five Boogie_Five 17 septembre 2015 13:45

                        @C BARRATIER

                        Merci de me transmettre ton énergie, ça réconforte toujours de voir que nous sommes pas isolés, que d’autres croient à la progression des idées, pour la paix civique et un développement plus harmonieux. Quand j’entends ce que disent certains responsables politiques à propos des réfugiés syriens, je n’arrive même pas à croire que tels propos peuvent encore sortir sur la place publique. Des propos ouvertement racistes, comme si de rien n’était, comme si la Constitution n’existait pour ces gens qui se disent « assermentés » à la République. J’ai ressenti de la honte, et même plus que cela, de la peur. 

                        La réaction l’emporte pour le moment, mais elle est beaucoup nourrie par l’angoisse, qui se répand comme du sang dans les mentalités. La réaction est devenue irrationnelle et donc imprévisible, c’est ça le plus grand danger. 

                        Dans ces moments troubles, Il faut se blinder de certitudes et rester droit, rester ferme dans ses convictions tout en restant dans une certaine prudence, afin d’organiser la résistance. Nous ne sommes pas perdus au milieu de la crise, nous sommes ce que les autres devraient être, des libres-penseurs qui réfléchissent un peu plus que des animaux. 

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