@meslier
« …et va permettre aux dirigeants d’employer les
citoyens comme chair à canon pour défendre leur patrie. »
Je ne crois pas du tout à cela. C’est de la propagande du stupide XIXe
siècle, qui ne prend plus. Le concept de nation correspond bel et bien à
quelque chose. Et c’est facilement démontrable :
1. - Les contemporains parlent de l’Allemagne et des Allemands, de
l’Italie et des Italiens, ou de la Suisse et des Suisses, bien avant que les
territoires correspondant ne forment une nation.
Le cas le plus étonnant est sans doute celui de la Suisse vue par Rousseau
dans la description qu’il fait de son « pays » et de ses « compatriotes »
dans ses lettres au maréchal de Luxembourg (1763), tout en négligeant de
rapporter le fait qu’ils appartiennent à trois cultures différentes, démontrant
implicitement par là que c’est le sentiment d’appartenance qui fait l’homogénéité
de la nation.
Par ailleurs, Jaurès a dit : « A celui qui n’a plus rien, la patrie est son seul bien » et,
je ne vois pas où pourrait résider, hors de cette « propriété », l’explication
de la déconcertante résistance victorieuse de petits peuples peu ou mal armés, face
à des forces militaires un nombre incommensurables de fois supérieures, comme les
Finlandais face aux soviétiques, les Tonkinois aux Américains, les Afghans aux
Russes et aux Américains, les Irakiens aux Américains et à leurs alliés.
2. - Les pays réellement inventés, chez qui le concept de nation ne
correspond à rien, foirent comme la Yougoslavie ou la Tchécoslovaquie, ou se
portent mal comme la Belgique ou... l’Union - comme ils disent – européenne,
condamnée d’avance par l’inexistence, justement, de patriotes européens.