@La Plume de Maat
« je ne répondrais qu’à une question… »
C’est suffisant, parce qu’à l’insu de votre plein gré, vous avez tout de
même répondu à l’autre. Je vous la rappelle : « Vous commencez à
comprendre ? » La réponse est manifestement « non ». Dire
que cela me surprend serait contraire à la vérité. Vous ne pouviez pas, vous ne
pouvez pas entrer dans mon schéma de réflexion. Vous ne le pouvez pas parce que
si vous le faisiez, c’est tout votre monde intellectuel et idéologique qui
s’effondrerait.
Mon schéma de réflexion va contre tout ce que vous croyez, contre tout
ce que vous défendez, contre tout ce que vous espérez, contre tout ce à quoi
vous aspirez, à savoir ce monde où chaque homme serait un frère pour tous les
autres, que le psychosociologue Eugène Enriquez enterre dès la premier
paragraphe de son célèbre essai « De la horde à l’Etat ».
Quoi que vous en pensiez ce mode binaire est indépassable, parce qu’il
est omniprésent dans toutes nos réflexions et dans toutes nos expressions
écrites ou verbales. Et quoi que vous en pensiez encore – démontrant
précisément ici, que vous n’avez rien compris -, s’il marque, à chaque fois,
une différence insurmontable, il n’induit aucune confrontation, et a fortiori,
aucune « confrontation nécessaire », puisqu’il rattache
inéluctablement chaque individu à un groupe, à une communauté, qui ne sont pas
forcément antagonistes, ou qui ne sont antagonistes que circonstanciellement.
Le tout premier de ces clivages est celui qui divise les hommes
et les femmes. Viennent ensuite, dans n’importe quel ordre, les enfants et
les adultes, les jeunes et les vieux*, les grands et les petits, les maigres et
les gros, les Français et les non-Français, les Blancs et les non-Blancs, les
omnivores et les végétariens, les végétariens et les végétaliens, et ainsi de
suite à l’infini. Or, dans cet univers... universellement clivé, le clivage
enfants-adultes n’induit pas plus d’hostilité automatique et systématique, que
le clivage Blancs/non-Blancs.
* Cet exemple-là est « évolutif ». Pour un enfant de huit ans,
un quadragénaire est un *EUX* vieux, tandis que pour un octogénaire, le même
quadragénaire est un *EUX* jeune, ce qui montre que nous clivons tous et toujours à
partir de la place que nous occupons dans l’instant.
P.S. – La devise de la France, n’est pas un produit de son histoire ni
un choix de son peuple, c’est une invention de philosophes, qui se
gargarisaient avec des mots revêtus de tous les avantages et de tous les
inconvénients des abstractions.