Complément d’information : « LE VATICAN, L’EUROPE ET LE REICH »La germanophilie obstinée de Pie XII.
(
Nonce en Allemagne, secrétaire d’Etat, pape enfin (1939) sous le nom
de Pie XII, Eugenio Pacelli concentrait sur sa personne les
interrogations soulevées par la politique vaticane pendant la seconde
guerre mondiale, notamment à propos de l’assourdissant silence sur la
tentative d’extermination des juifs européens. Annie Lacroix-Riz élargit
la perspective en prenant pour point de départ 1914, et tout s’en
trouve changé. Eugenio Pacelli reste à coup sûr une figure centrale de
cette histoire, mais on découvre que, parvenu aux postes de
responsabilité, il n’a fait que poursuivre une politique dont il avait
été, lors de sa nonciature, un exécutant zélé, et qui se définit par une
germanophilie militante.
Tout au long du premier conflit mondial, ce parti pris pour
l’Allemagne étonne autant par son âpreté que par son aveuglement. A deux
mois de l’armistice, le Vatican propose encore la restitution d’une
partie de l’Alsace-Lorraine à la France... en échange de Madagascar !
Le dépit suscité par la victoire française se traduit même par des
enfantillages peu dignes d’une institution qu’on eût cru plus rassise : « L’annuaire pontifical maintint jusqu’en 1924, malgré des protestations répétées, le nom de « Strassbourg » et la localisation des deux évêchés en « Alsace- Lorraine » , rubrique hors-France. » Tenue
pour la fille dénaturée de l’Eglise depuis les Lumières, coupable
d’athéisme et réputée livrée à la franc-maçonnerie, la France était
l’objet d’autant de détestation que l’Allemagne d’affection. L’auteur
indique sans ambages que les énormes contributions germaniques au « denier de Saint-Pierre » venaient à propos renforcer les sentiments. )
Annie Lacroix-Riz (1). Son dernier ouvrage, Le Vatican, l’Europe et le Reich (2)
ne lui vaudra pas absolution de la part des historiens qui tiennent que
la pudeur ordonne de réserver le scalpel aux turpitudes des seuls
régimes dits socialistes.