Des ... Trois réalités dures à entendre qui vous aideront à comprendre la colère du Moyen-Orient et les attaques à Paris
2.
Regardons maintenant comment l’agence Reuters a présenté l’attentat à
la bombe de Beyrouth par les terroristes de Daesh jeudi.
Les
explosions de jeudi soir ont touché une zone résidentielle et
commerciale dans une banlieue Sud de Beyrouth, un bastion chiite du
groupe Hezbollah, dans le dernier débordement de violence de la guerre
en Syrie voisine.
Les premières attaques depuis plus d’un an sur
un bastion du Hezbollah à l’intérieur du Liban se sont produites à un
moment où ce groupe intensifie son implication dans la guerre civile
syrienne, qui entre dans sa 5e année.
Épaulé par l’Iran, le
Hezbollah a envoyé des troupes le long de la frontière pour aider le
président syrien Bachar al-Assad contre les groupes insurgés sunnites, y
compris l’État Islamique.
De but en blanc, disons-le de manière
crue et détachée. Le Hezbollah a envoyé des troupes pour combattre
Daesh, alors Daesh a répliqué par une attaque à la bombe au Liban, en
visant des zones civiles qui se trouvent abriter de nombreux soutiens du
Hezbollah.
Dans un sens, il y a un genre de parallèle entre
cette analyse et ce qui s’est passé à Paris. Associated Press a annoncé,
le 19 septembre de l’année dernière, que la France “était devenue le
premier pays à rejoindre les troupes des États-Unis en frappant des
cibles à l’intérieur de l’Irak depuis les airs” dans la nouvelle guerre
contre Daesh. Daesh a répondu le 21 septembre : “Si vous pouvez tuer un
infidèle américain ou européen – en particulier un malveillant et
répugnant français – ou un Australien, ou un Canadien, ou tout autre
infidèle parmi les infidèles qui font la guerre, y compris les citoyens
des pays qui ont rejoint la coalition contre l’État islamique, alors
remettez-vous en à Allah et tuez-le de n’importe quelle manière ou façon
possible.
Selon les critères de Reuters, c’est un débordement de
la guerre contre Daesh, et Daesh a simplement frappé une place forte
d’un de ses adversaires militaires. Mais retrouverons-nous le même
discours pour couvrir des événements en Occident ? Bien sûr que non.
Appeler
une zone comportant des partisans du Hezbollah un “bastion” ou une
“place forte” suggère une sympathie latente avec l’attentat. Le
Hezbollah a une frange armée, mais c’est aussi un parti politique avec
des soutiens politiques importants au Liban. Le Premier ministre
[australien] Malcolm Turnbull a beau faire partie de la coalition
militaire contre Daesh, si ce dernier commettait un attentat à la bombe à
Vaucluse [banlieue Est de Sydney], personne ne suggérerait qu’un
“bastion” ou une “place forte” des Libéraux a été frappée.
Depuis
les atrocités de Paris, Daesh a publié un communiqué expliquant qu’ils
continueront à porter des coups à la France “aussi longtemps qu’elle
restera à l’avant-poste de la campagne des Croisés, osera insulter notre
prophète, se félicitera de la guerre à l’Islam faite en France et
frappera des musulmans sur les terres du Califat avec son aviation.”
Parmi
les autres cibles attribuées à Daesh dans les mois précédents il y a
une manifestation pro-Kurde en Turquie et un avion de ligne civil russe.
Les Kurdes constituent l’une des forces majeures qui résistent à Daesh
en Irak et en Syrie, et la Russie a depuis peu étendu son implication
indirecte en Syrie en soutenant directement le combat du dictateur
Bachar al-Assad contre Daesh.
Le fait que Daesh réponde aux
armées qu’il affronte en Syrie et en Irak par le biais d’un terrorisme
extra-territorial ne justifie pas ce terrorisme. Il s’agit simplement de
souligner que ceux qui mènent la guerre contre Daesh savaient que ce
n’était pas une opposition armée qui allait respecter scrupuleusement
les conventions internationales et éviter les victimes civiles.
Patrick
Cockburn a noté que Daesh “a toujours massacré des civils en grand
nombre pour montrer sa force et instiller la peur chez ses adversaires.
En Occident, les gens remarquent ces atrocités seulement lorsqu’elles
ont lieu dans leurs rues.” Daesh “est très clair à ce sujet, si un pays
nous bombarde par les airs, nous répliquerons à l’identique au sol, en
utilisant les méthodes du terrorisme urbain avec le soutien d’un État
bien organisé.”
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