@Hamed
« Tout d’abord,
pardonnez-moi de vous dire que vous êtes pessimiste. Je ne vous le reproche pas
parce que être pessimiste est lié à un contexte à la fois historique et
intellectuel. »
Je
ne crois pas être pessimiste, je m’efforce de voir le monde tel qu’il est et qu’il
sera, non tel que je voudrais qu’il soit et qu’il devienne, ce qui me place sur
la droite de l’éventail politique, à l’opposé du chimérique homme de gauche
qui, lui, a besoin de croire en l’avènement d’un monde meilleur pour supporter
le présent.
« Que vous le combattriez, c’est
votre droit, mais vous n’arrêterez pas l’Histoire. Car celle-ci, elle se fera. »
Je
sais que l’Histoire ne s’arrêtera pas, mais je ne sais pas comment elle se
fera. Vous non plus, parce qu’on peut sans doute tout prévoir, à l’exception de
l’avenir. Tout ce qu’on en dire a été résumé en une phrase par Oswald Spengler :
« Du peu que nous pouvons connaître des événements de l’avenir, une
chose est certaine : les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre
que celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race,
la volonté de posséder, et le pouvoir. »
« Ce ne sont pas des millions mais le
reste du monde qui est conscient des avancées scientifiques, humanistes,
politiques, et autres. »
Il
est possible que je me trompe, mais pour avoir beaucoup voyagé, notamment en
Afrique et en Asie, mais même en Europe, je n’ai guère rencontré d’individus
lambda qui étaient éblouis par les « avancées scientifiques, humanistes,
politiques, et autres ». Ce qui fascinait les extra-européens, comme
la flamme de la bougie le papillon de nuit, c’était l’eldorado où on gagne facilement
beaucoup d’argent du moment qu’on a un boulot.
« Là aussi, vous vous
trompez. L’Europe n’est pas l’Empire romain. L’empire romain a disparu sous les
coups des Barbares. Mais l’Europe n’a pas disparu… »
Il
y a des commencements à tout, y compris aux disparitions. L’Europe existe
encore en tant que civilisation, mais s’il fallait établir un parallèle avec l’Empire
romain, elle en serait aux environs de l’an 212, sous Caracalla, dont l’une des
décisions s’apparente aux aspirations universalistes de nos « progressistes »,
à savoir l’extension de la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’Empire
« Mais qui a accouché
cette grande Europe politique, humaniste, accueillante, qui est toujours là
avec ses savants, ses économistes, ses philosophes, ses mathématiciens, ses
grands politiques, ses poètes, ses peintres... »
Bof… L’ethnomasochisme de la plupart des
intellectuels européens médiatisés a considérablement entamé ce prestige, que l’on
met, de plus en plus fréquemment, en balance avec les deux guerres mondiales et
Auschwitz.