@eugene
Votre témoignage est éclairant...
Mais, à l’époque de la guerre d’Algérie, l’ambiance à l’intérieur des unités n’était pas la même que celle que vous avez connue car tout le monde était dans le même bain, tout au moins dans le djebel« ou dans le »bled« .
Je suis parti à cette époque à l’armée dans un esprit très antimilitariste. Et puis j’y ai rencontré »des gens très responsables« et humains... J’ai relativisé. Mais j’y ai aussi rencontré des cons, des fiers-à-bras se vantant de leurs exploits de combattants ou de tortionnaires. Je sais qu’un certains nombre de mes copains d’aujourd’hui se sont laissés mouiller dans des exactions (exécution sommaires, incendies...) notamment après avoir vu le cadavre mutilé de leurs copains dans des embuscades.
Le comportement de la troupe a beaucoup dépendu des circonstances et de la valeur de ses chefs.
Des chefs qui, lorsqu’ils était »de carrière« , ont été fortement traumatisés par leur expérience indochinoise. C’est d’ailleurs le souvenir des supplétifs vietnamiens abandonnés à la fureur du Vietminh qui en a conduits quelques uns à participer au putsch ou à l’OAS, pour empêcher l’abandon des harkis qu’on avait irrémédiablement mouillés dans »la pacification".
On a permis aux Pieds Noirs de se réfugier en France mais des ordres ont été donnés pour abandonner nos supplétifs à leur sort. Certains avaient cru à ce qu’on leur avait dit : que la France était là pour longtemps, ils s’étaient enrôlés pour la solde, d’autres pour échapper au FLN (ou se venger des massacres de militants du MNA par le FLN), d’autres encore pour des raisons de rivalités de douars ou de vendetta. Ce n’étaient pas forcément des traîtres à la Patrie algérienne. Mais ils ont été considérés comme tels et non comme des prisonniers de guerre qu’ils auraient pu être.
Dans cette affaire, tout n’est pas blanc d’un côté et noir de l’autre. Il n’y a pas Allah tout puissant et miséricordieux du côté de la nouvelle Algérie et Satan le cruel du côté de la France qui se décolonisait. Pas plus que l’inverse. Ne croyez-vous pas Omar ?