Hannah Arendt, si juive croyante ou non, peu importe, car elle semble
avoir écarté la religion du domaine de ses réflexions politiques. On
pourra donc supposer qu’elle ne parle pas de telle ou telle personne en
tant que, ou les considérant, « coreligionnaire ».
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Religion, politique et sécularisation dans la pensée de Hannah Arendt : le totalitarisme est-il une « religion séculière » ? (Réflexions autour du débat Arendt-Voegelin de 1953)
citation :
"Certes, il convient de souligner d’emblée le fait qu’Arendt a très peu
écrit sur la religion en tant que telle — et pour cause. En tant que
penseur politique, Arendt s’est efforcée, en effet, de délimiter un domaine pur du politique,
afin de le mettre à l’abri des empiètements et des confusions avec
d’autres sphères de la vie et de l’activité humaines. Or, précisément,
la religion constituerait un domaine parfaitement étranger au politique.
Arendt a pris bien soin, tout au long de son œuvre, d’écarter les
arguments théologiques, ainsi que les arguments qui reposeraient sur le
« cœur » ou les sentiments. En ce sens, il était logique qu’elle refusât
le mélange des genres auquel semblait se livrer Voegelin dans son
analyse du totalitarisme. Néanmoins, Arendt ne méconnaît pas du tout le
phénomène religieux. On peut même dire que c’est au nom d’une certaine
compréhension de la religion, en tant que domaine spécifique de
l’existence et de l’activité humaines, qu’elle refuse d’assimiler le
totalitarisme à une « religion séculière ». En ce sens, il nous semble
que la réflexion d’Arendt est susceptible de nous apporter un éclairage
intéressant sur une question — celle du rapport entre religion et
politique — qui semble revenir aujourd’hui sur l’avant-scène de
l’histoire."
lire l’article :
https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2004-1-page-83.htm