@QAmonBra
Bien d’accord avec vous.
La genèse du sionisme a le mérite de nous déniaiser du roman national du sionisme cousu de fils blancs, retour des Juifs prisonniers de Babylone en Terre promise, Herzl faux-prophète y faisant figure d’un Esdras moderne, mais aussi de mettre en évidence un entrecroisement de causes et d’intérêts divers qui se rejoignent, s’embrassent, ou se repoussent (sionisme socialiste). Autant de sources mytho chrétiennes et juives, qui s’accommodent et épousent fort bien des causes bien matérialistes, coloniales.
Il n’est donc pas étonnant qu’en 1917 le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national juif, l’idée était déjà dans les cartons depuis Lord Schaftesbury (1838) qui proposait au Premier ministre la même année d’établir un consul à Jérusalem*.
Opportunément, Anglais surtout mais aussi Français avaient contribué à ce grand œuvre, à sa nidification **, la Déclaration de Balfour portant sur les fonds baptismaux la restauration des Juifs en Palestine sous l’allégeance de la Couronne britannique.
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* The conquest of Greater Syria in 1831 by Muhammad Ali of
Egypt changed the conditions under which European power politics
operated in the Near East. As a consequence of that shift, Shaftesbury
was able to help persuade Foreign Minister Palmerston to send a British
consul to Jerusalem in 1838. A committed Christian and a loyal
Englishman, Shaftesbury argued for a Jewish return because of what he
saw as the political and economic advantages to England and because he
believed that it was God’s will. In January 1839, Shaftesbury published an article in the Quarterly Review, which although initially commenting on the 1838 Letters on Egypt, Edom and the Holy Land (1838) by Lord Lindsay, provided the first proposal by a major politician to resettle Jews in Palestine :[35][36]
( cf Anthony Ashley Cooper, 7th Earl of Shaftesbury
Religion and Jewish Restorationism
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** « En 1839-1840, une intervention militaire conjointe de la Grande Bretagne et de la France, suivie un peu plus tard d’une seconde agression réalisée cette fois par la Grande-Bretagne et l’Autriche obligent Mohammed Ali à renoncer au contrôle de la Syrie et de la Palestine, que ces puissances considèrent comme des chasses gardées. »
« Entre les années 1850 et 1876, les banquiers de Londres, de Paris et d’autres places financières cherchaient activement à placer des sommes considérables d’argent tant en Égypte que dans l’Empire ottoman et dans d’autres continents (en Europe avec l’Empire russe, en Asie dont la Chine en particulier, en Amérique latine) |4|. Plusieurs banques sont créées en Europe afin de canaliser les mouvements financiers entre l’Égypte et les places financières européennes : l’Anglo-Egyptian Bank (fondée en 1864), la Banque franco-égyptienne (fondée en 1870 et dirigée par le frère de Jules Ferry, important membre du gouvernement français) et la Banque austro-égyptienne (créée en 1869). Cette dernière avait été fondée sous les auspices du Kredit Anstalt où les Rothschild de Vienne avaient leurs intérêts. Les grandes banques de Londres étaient aussi particulièrement actives. Les banquiers londoniens se spécialisèrent dans les prêts à long terme et les banquiers français dans les prêts à court terme, plus rémunérateurs, surtout à partir de 1873 quand une crise bancaire a affecté Londres et Vienne. »
source :La dette comme instrument de la conquête coloniale de l’Égypte
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note : entre la supériorité de la « race blanche » de Jules Ferry et celle de « la race juive » de Disraeli, le fossé est vite enjambé. A décharge pour eux, et pour ne pas tomber dans une interprétation anachronique qui serait aujourd’hui équivoque, dans le courant du XIX° siècle, et début du XX° tous les nationalismes s’articulent autour d’une idée de « race ».
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Dès 1882 le baron Edmond de Rothschild se met à acheter des terres en Palestine et devint un des soutiens les plus actifs du Sionisme finançant le premier établissement à Rishon LeZion. En 1899, il transférera 25 000 hectares de terres agricoles palestiniennes, ainsi que les colonies qui s’y trouvaient, à la Jewish Colonization Association (créée en 1891) mais continua à la soutenir financièrement.