@devphil
Il y a plein de choses passionnantes et révélatrices dans ces coulisses de l’histoire du sionisme, on y apprend par exemple comment le mot Palestine fût enterré en 1910 par le parti Paolei Tsion dirigé par Ben Gourion, et que la tendance social-démocrate de ce parti était très éthnocentrée « juive » (endogamie sociale, économique, culturelle), contrairement aux « rostoviens » marxistes du même parti qui voulaient intégrer tous les travailleurs de Palestine, Arabes compris.
Le passé éclaire le présent, on retrouve encore ce clivage de pensées politiques dans la société israélienne d’aujourd’hui poursuivie par ses vieux démons, ses vieilles contradictions, divisée entre le tendance de « juifs israéliens » intégristes religieux d’extrême-droite (néosionistes), et une pensée laïque démocrate d’israéliens postsionistes ouverte vers les palestiniens et le monde arabe.
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Ibid, Aux origines d’Israël : Entre nationalisme et socialisme
Par Zeev Sternhell
Les premiers signes de glissement à droite
« Un autre groupe du Poalei Tsion arrivera en 1905, venu de Rostov, en Russie aussi. Les »rostoviens« seront pour beaucoup dans la fondation du parti Poalei Tsion. Né en Russie et dirigé par Ber Berochov, le mouvement Poalei Tsion était partisan de la solution dite »palestinienne« . Il ne représentait qu’une toute petite minorité de la gauche juive d’Europe de l’Est. A cette époque, la majorité du prolétariat juif était bundiste, c’est à dire socialiste non-sioniste. La mouvance sioniste quant à elle se partageait alors en deux grandes tendances, apparues après le VI° congrès sioniste (août 1903), au cours duquel Herzl avait soumis la solution de l’Ouganda. Le »projet de l’Ouganda« préconisait l’établissement d’un foyer juif en Afrique ; il était né de l’échec subi par l’Organisation sioniste dans ses efforts pour faire accepter à l’Empire ottoman l’idée d’une colonisation juive massive en Palestine. Herzl pensait que Londres serait plus réceptif que Constantinople à l’idée de fournir aux juifs persécutés d’Europe de l’Est une terre d’accueil. Le projet Ouganda a eu pour effet de diviser le mouvement sioniste en »territorialistes« et en partisans inconditionnels d’Eretz Israël. Au même moment, la gauche sioniste se partageait en trois courants.
Le premier, le courant central, partisan de donner une solution rapide aux masses juives dont la détresse économique le disputait à la peur du prochain pogrom, avait soutenu la proposition de Herzl. Dans ce courant, la plupart avait opté pour la solution dite »territorialiste« (nom générique donné aux solutions qui acceptaient n’importe - ou presque - quel territoire, pourvu qu’il fût d’acquisition rapide) parce que, pensait-on, les juifs d’Europe de l’Est ne pouvaient plus se permettre d’attendre que mûrissent les solutions que jusque-là le sionisme avait avancées, fût-il »politique« ou spirituel ». En janvier 1905 se tient à Odessa le congrès des organisations Poalei Tsion favorables à la solution territorialiste. A cette même rencontre, les délégués décident la fondation d’un Parti sioniste-socialiste. Au VII°congrès sioniste (qui se tient la même année à Bâle), ce parti sera représenté par 30 délégués, mené par Nahman Syrkin. Ils se joindront à l’Union territorialiste d’Israël Zangwill.
La deuxième tendance était formée par un groupe de jeunes intellectuels proche de Poalei Tsion. En 1905, au lendemain de la révolution russe avortée, ces hommes avaient fondé une organisation qui réclamait une autonomie nationale pour les juifs, et le droit à une vie indépendante. Une sejm (« diète » en polonais, Assemblée politique où se discutent les affaires de l’État ) devait gouverner cette entité - d’où l’appellation « sejmite » retenue pour désigner ce courant. En 1906, cette tendance s’est réunie en une formation qui a pris le titre de Parti ouvrier socialiste juif. Avec le temps, les partisans de cette formation finiront par abandonner le sionisme ; ils auront presque tous rejoint le communisme soviétique (190).
Le troisième courant était le courant borochoviste qui perpétuait la tradition de la fidélité sans partage à la terre d’israël.
A en croire nombre de témoignages repérables dans la correspondance que certains militants entretiennent avec la Russie et les États-Unis, il semble que le Poalei Tsion de Palestine a été fondé à la fin de 1905, en novembre probablement. Au début de l’année 1906, cette formation compte tout juste 60 membres divisés en deux courants. Une trentaine, les rostoviens, sont marxistes ; face à eux, quelques 25 autres, dont le marxisme n’est au mieux qu’un additif à leur nationalisme. Quand il tient son premier congrès (4-6 octobre 1906), le parti compte près de 150 militants partagés entre ces deux tendances.
Moins d’un mois auparavant, David Gruen - qui choisira de s’appeler David Ben Gourion - aviat fait son alya. Il venait de Plonsk, une ville située dans la partie de la Pologne alors occupée par la Russie, à 60 kilomètres au sud-est de Varsovie. A peine arrivé, il prend la tête de l’aile nationaliste, et lors du congrès dépose une motion réclamant la création d’une organisation générale de tous les travailleurs juifs d’ Eretz-Israël. La motion soulève les rostoviens qui, eux, veulent une seule structure pour tous les travailleurs de Palestine, Arabes compris. Quand les débats sont clos, c’est la proposition de Ben Gourion qui est adoptée. Dans la foulée, le jeune homme de Plonsk est élu au comité central du parti et président de sa commission de rédaction du programme. Le lendemain du congrès, le 7 octobre, cette commission tient sa première réunion à Ramleh, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Jaffa. Lors de ce même congrès, le nom de la formation est décidé : Parti social-démocrate des ouvriers de Palestine - Poalei Tsion. Lorsqu’il tiendra son VI° congrès, en avril 1910, il aura déjà pris l’appellation de Parti social-démocrate des ouvriers juifs d’Ereyz-Israël - Poalei Tsion (191). Le mot Palestine est remplacé par Eretz-Israël.
24/06 21:56 - njama
@devphil Il y a plein de choses passionnantes et révélatrices dans ces coulisses de (...)
24/06 19:52 - geotrouvetou
@chantecler Vous faites bien de citer les tunnels, surement par effet miroir, par amour (...)
24/06 19:20 - adeline
@devphil et toujours le même type de commentaires de vous et d’autres, qui a raison (...)
24/06 17:27 - njama
@devphil Merci, n’allez pas croire que je suis un spécialiste. Le sujet questionne, il (...)
24/06 13:47 - DTC
24/06 09:40 - devphil
@njama Voyons Njama quelle culture , quel empressement à ajouter autant d’informations (...)
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