Hitler, les Juifs et la social-démocratie
À travers les difficultés rencontrées par Lénine dès la naissance du POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) pour obtenir du Bund (Union générale des ouvriers juifs de Lettonie, Pologne et Russie) qu’il ne fasse pas, de la judéité, un moyen de diviser la classe ouvrière, nous avons vu l’ombre portée du sionisme qui, refusant toute assimilation des Juifs aux sociétés dans lesquelles ils vivent, compte fortement sur l’antisémitisme pour dynamiser les départs vers la Palestine. Rappelons que, dès 1896, dans L’État des Juifs, Theodor Herzl pensait pouvoir s’en remettre à la "force motrice" : "détresse" et "désespoir".

Avec Adolf Hitler, nous savons désormais jusqu’où la dérive a pu aller. Du moins, depuis le début des années 1980, un terme est-il devenu extrêmement célèbre, celui d’"Holocauste". Derrière lui, la tragédie vécue simultanément par l’URSS de Staline s’en est allée rejoindre un oubli désormais largement partagé.
Et pourtant… Ouvrons Mein Kampf :
« Seule la connaissance de ce que sont les Juifs donne la clef des buts dissimulés, donc réellement poursuivis par la Social-Démocratie. » (Hitler, Mein Kampf, Nouvelles éditions latines 1979, page 58)
En d’autres termes : d’où vient, par exemple, le POSDR, parti de la social-démocratie ?... Du peuple juif, répond aussitôt Adolf Hitler qui développe immédiatement une thématique qu’il ne reniera jamais, même s’il s’arrangera parfois pour la dissimuler avec le plus grand soin :
« Connaître ce peuple, c'est ôter le bandeau d'idées fausses qui nous aveugle sur les buts et les intentions de ce parti ; à travers ses déclamations nébuleuses et embrouillées sur la question sociale, on voit poindre la figure grotesque et grimaçante du marxisme. » (page 58)
Plus tard naîtrait une catégorie dont les principaux responsables nazis feraient le réceptacle de leurs haines les plus féroces, et cependant non exclusives de bien d’autres : le judéo-bolchevisme. Aujourd’hui, cependant, le premier terme renvoie à l’Holocauste, quand le second ne renvoie plus qu’à Staline et à ses crimes.
Certainement, Staline n’était pas juif…
Or, pour sa part, Hitler avait cru pouvoir écrire :
« Lorsque je découvris que le Juif était le chef de la Social-Démocratie, les écailles commencèrent à me tomber des yeux. » (pages 66-67)
Ainsi, ayant ouvert les yeux, voici la constatation que Hitler va pouvoir faire :
« Je m'aperçus peu à peu que la presse social-démocrate était surtout dirigée par des Juifs ; mais je n'attribuai aucune signification particulière à ce fait, puisqu'il en était de même pour les autres journaux. » (page 68)
Et le voici qui se découvre cerné par le judéo-bolchevisme :
« Je fis un effort sur moi-même et tentai de lire les productions de la presse marxiste, mais la répulsion qu'elles m'inspiraient finit par devenir si forte que je cherchai à mieux connaître ceux qui fabriquaient cette collection de canailleries. C'étaient tous sans exception, à commencer par les éditeurs, des Juifs. Je pris en main toutes les brochures social-démocrates que je pus me procurer et cherchai les signataires : des Juifs. Je notai le nom de presque tous les chefs : c'étaient également en énorme majorité des membres du « peuple élu », qu'il fût question de députés au Reichsrat ou de secrétaires des syndicats, de présidents des organismes du parti ou des agitateurs de la rue. C’était toujours le même tableau peu rassurant. » (page 68)
Mais, le lien interne au judéo-bolchevisme… Où donc Hitler est-il allé le chercher ? Dans un raisonnement qui traverse neuf étapes qu’il ordonne selon une série alphabétique, dont je donne ici les articulations symboliques essentielles :
« A. Sitôt que naissent les premiers établissements fixes, le Juif se trouve subitement là. » (page 308)
« B. Peu à peu il s'insinue dans la vie économique, non pas comme producteur, mais comme intermédiaire. » (page 308)
« C. Il considère le commerce et les affaires d'argent comme un privilège lui appartenant et qu'il exploite impitoyablement. » (page 309)
« D. Les affaires d'argent et le commerce sont devenus son monopole exclusif. » (page 309)
« E. Il assiège les gouvernements de flatteries écœurantes, fait travailler son argent et, de cette façon, se fait accorder des lettres de franchise qui lui permettent de piller encore ses victimes. » (page 309)
« F. Plus la puissance du souverain grandit, plus le Juif l'assiège. » (page 310)
« G. En se laissant prendre dans les filets du Juif, les princes ont préparé leur propre ruine. […] Le Juif sait très exactement que leur règne touche à sa fin et cherche à la hâter autant que possible. » (page 310)
« H. La raison pour laquelle le Juif se décide tout d'un coup à devenir un « Allemand » est évidente. Il sent que la puissance des princes commence à chanceler et il cherche bientôt une plateforme sur laquelle poser ses pieds. » (page 312)
« I. C'est ainsi que du Juif de cour sort peu à peu le Juif du peuple. Bien entendu, le Juif se tient, comme auparavant, dans l'entourage des puissants de ce monde, il cherche même avec encore plus d'ardeur à se glisser dans leur société ; mais, en même temps, d'autres représentants de sa race font les bons apôtres auprès du bon peuple. » (page 313)
« J. De nouvelles masses d'hommes, s'élevant à des millions d'individus, émigrèrent de la campagne dans les grandes villes pour gagner leur vie en qualité d'ouvriers de fabrique dans les industries nouvellement fondées. Les conditions de travail et de vie de cette nouvelle classe étaient plus que misérables. » (page 317)
C’est à cet endroit, où la classe ouvrière menace d’échapper à l’étreinte juive, que va surgir, selon Hitler, la social-démocratie d’obédience marxiste :
« Tandis que la bourgeoisie ne se soucie pas de cette question si importante et laisse avec indifférence les événements suivre leur cours, le Juif se rend compte des perspectives infinies qui s'ouvrent ici dans l'avenir ; tout en organisant d'un côté, jusqu'à leurs dernières conséquences, les méthodes capitalistes d'exploitation de la race humaine, il se rapproche des victimes de ses conceptions et de ses actes et il devient bientôt leur chef dans le combat qu'elles mènent contre lui-même. » (page 318)
En résumé, les deux grandes tâches que le nazisme attribue au Juif seraient celles-ci :
« Il a d'abord employé la bourgeoisie comme bélier contre le monde féodal ; maintenant, il se sert de l'ouvrier contre le monde bourgeois. » (page 319)
Voilà fixée, selon le délire d’Hitler, la tâche de Marx…
Mais, par contrecoup, celle aussi des Einsatzgruppen de Himmler…
(Cadre général du présent travail :
https://unefrancearefaire.com/2016/05/01/le-sionisme-mais-quest-ce-donc/)
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