Excellent rappel, merci Chems Eddine Chitour de rafraîchir les mémoires

La phrase de Ben Gourion mise en exergue est d’ailleurs bien pertinente pour introduire le sujet et comprendre au moins en bonne partie la tranche d’histoire qui secoue le Moyen-Orient depuis deux siècles, ou pour le moins depuis la Déclaration de Balfour (2 novembre 1917). Il s’agissait bien d’une grande rapine orchestrée par les forces impérialistes anglaises et françaises surtout, pour balkaniser l’empire ottoman, le morceler, l’éclater, les sionistes ayant servi dans cette stratégie à des revendications territoriales qui aboutiront à la création d’Israël en 1948.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, la rapine aurait été ripolinée en conquête pour lui donner meilleure figure, et établir ce grand comptoir colonial d’occident, ce qui n’était ni une première dans l’histoire qui en connût tant, ni très original.

Mais voilà, LE PROBLÈME EST QUE LE VOL SE POURSUIT au nez et à la barbe d’une « communauté internationale » léthargique, si pas consentante, qui renie les grands principes sur lesquels elle fonde sa légitimité, face à une « entité » qu’elle a créée qui se fout sans vergogne du droit international et de ses Résolutions comme de sa dernière chaussette crasseuse.

Israël mérite donc bien à ce titre le sobriquet d’ « entité sioniste » ainsi que l’appelle communément la résistance palestinienne, puisque il est le seul État au monde à ne pas avoir de frontières légalement définies (ou deux, si l’on compte le récent ectoplasme daech), le contraire l’aurait obligé à stopper sa colonisation sur le champ ! et à restituer le Golan, ce qu’il ne veut surtout pas convoitant toujours des frontières plus larges, voire le mythique Grand Israël du Nil à l’Euphrate et, par dessus le marché, il n’a pas de Constitution sauf vaguement la Torah qui lui servirait de boussole au fil de ses tribulations contemporaines qui ne pourraient devenir un nouveau chapitre de la Bible tant elles sont malhonnêtes.

Mon propos pourrait peut-être choqué (?) des lecteurs de ce site, prompts parfois à dégainer l’antisionisme voire l’antisémitisme contre toute critique portée sur la politique de Tel Aviv, mais il ne porte pas de jugement de valeur, et s’en tient au fait de cette « anomalie congénitale » ou ce vice de forme qui lui est consubstantiel, et qui produit autant de nouvelles colonies en territoires occupés comme des métastases de cellules cancéreuses.

La solution aurait pu être celle d’Oslo, je crois, à savoir arrêter la machine infernale, fixer fermement les frontières dans un premier temps, celles de 1967 auraient été le compromis acceptable, s’il n’était de fourbes saboteurs pour la tuer dans l’œuf :

Vidéo Netanyahu : This is how I broke the Oslo Accords with the Palestinians
https://www.youtube.com/watch?v=3-5hUG6Os68&list=PLr3Hcr8NfiqT1u3biii9_zwle0MvSRynQ

Par coïncidence opportune ou providence venue m’assister et appuyer mon analyse, il se trouve que je tombais hier sur un excellent billet de Jacques Sapir (universitaire, chroniqueur ...) intitulé « Jean-Claude Juncker et les frontières » dans lequel est inséré ce paragraphe cité ci-dessous qui illustre tout à fait mes propos et conclusions :

Frontières et démocratie

Les frontières sont indissociables de la démocratie. Elles le sont pour une raison fort simple mais qu’il faut en permanence garder à l’esprit. La démocratie, c’est la capacité d’un corps politique de vérifier et de demander des comptes à ses représentants. Cela implique que ce corps politique soit défini, et que cette définition ne soit pas contestable. La distinction « faire partie/ne pas faire partie » est fondamentale pour l’existence des corps politiques, et donc pour celle de la démocratie. Les frontières ne sont pas toutes nécessairement territoriales. Il existe une frontière constituée par l’appartenance à une organisation, ou un parti, politique. C’est pourquoi, dans les organisations (et les partis) qui ont un fonctionnement réellement démocratique, seuls les adhérents sont en mesure de voter pour élire les responsables. L’extension du vote à une masse indifférenciée, ce que l’on constate dans le mécanisme des « primaires » que ce soit au P « S » ou chez les « Républicains » n’est que l’application d’un projet politique visant à user d’un mécanisme de légitimation (le vote) pour couvrir une manipulation en réalité anti-démocratique.

Dans le cas des frontières territoriales, elles permettent non seulement de définir un corps politique sur les bases les plus larges possibles, sans aucune référence à une religion ou une appartenance ethnique, mais de plus elles correspondent à la construction d’une culture politique spécifique, produit de l’histoire et des conflits passés. L’existence de cette culture politique commune, qui fait que les Français ne sont pas les Italiens (même si nous sommes meurtris avec eux dans le drame qui les frappe), que les Italiens ne sont pas les Allemands, qui eux-mêmes ne sont pas les Britanniques, est un facteur qui permet que d’autres conflits, les conflits économiques et sociaux, qui sont présents dans chacun de ces pays, peuvent trouver des formes de compromis spécifiques. Mais, chaque compromis, parce qu’il est spécifique, va renforcer la spécificité de la culture politique de chaque pays.

Ainsi, le processus de conflits et de compromis, temporaires, que l’on connaît dans chaque pays, processus qui est à la base et de la construction des institutions sociales et politiques des pays et de leur souveraineté, aboutit en réalité à diversifier ces cultures politiques

http://arretsurinfo.ch/jean-claude-juncker-et-les-frontieres/

Israël n’est donc pas un pays, un État au sens commun et politique du terme, mais bien une « entité » politique aux contours indéfinis*, et pour cette même raison ne pourrait être une démocratie, bien qu’elle s’échine hypocritement à nous le faire croire et à faire semblant de l’être.
* Carte expansion d’Israël de 1900 à aujourd’hui

Sans vouloir être rabat-joie, tant que Tel Aviv ne changera pas de politique, Israël continuera à s’enfoncer dans les ennuis dont il est la cause directe et le seul responsable.