Il ne faut pas se tromper sur cette analyse. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis où l’alternative en faveur de la transformation sociale ne peut sortir des urnes, le système de l’élection indirecte avec primaires ferme toute possibilité de changement réel de pouvoir. Nos institutions elles, permettent ce changement, c’est bien ce pour quoi on a cru voter en élisant en 1981 François Mitterrand, sur un programme anticapitaliste, qui a dans un premier temps tenus ses promesses puis, est rentré dans le rang. Ce qui dans son cas était écrit par avance. Ces velléités de transformation sociales restent dans l’ADN du peuple français dans le prolongement de 1789, c’est un fait, et c’est bien pour cela qu’il n’y pas pays au monde où on y manifeste plus. Il y a aussi des forces de progrès aujourd’hui éparpillées et divisées qui, à certaines conditions, pourraient bien amener une toute autre alternative que celle de la droite ou du PS.Tout espoir n’est donc pas perdu, à condition de ne pas réduire les partis politiques à de simple soutiens à des personnalités en vue, qui ne rendent de comptes finalement qu’à elles-mêmes.
Concernant les primaires en France, le problème n’est pas tant les primaires mais le fait qu’elles soient ouvertes, et tentent de passer pour une présélection renforçant la démocratie, alors que ce procédé tue le rôle attribué aux partis dans nos institutions. Ils sont censés jouer un rôle d’aiguillon et de contre-pouvoirs, raccordant le peuple au politique dont il est la source du pouvoir à travers l’élaboration de projets dans lesquels il puisse se reconnaître. Avec les primaires, il n’est question que de concours entre des pseudo-champions, avec une personnalisation de l’élection qui seule compte, les programmes passant après, et qui ne sont discutés par personne, pas même par les adhérents des partis concernés. Il y a là un grave problème de démocratie et d’expression paroxystique de la crise de régime dont parle Pascal Perrineau.