• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Morgane Lafée

sur IVG Un dossier tabou


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Morgane Lafée 27 janvier 2017 19:53

Enfin bref, en dépit de l’introduction malhonnête consistant à se prétendre pour la loi Veil, l’auteur de l’article voulait bel et bien poster un article anti-IVG.

Je suis toujours épatée par ces bonshommes qui prétendent savoir ce qui se passe dans la tête d’une femme qui a recours à l’IVG, se croyant obligés de souligner qu’il ne s’agit pas d’un acte anodin, alors qu’ils n’ont jamais expérimenté ne serait-ce qu’une fois dans leur vie la sensation d’avoir ses règles, de sentir ces douleurs bien spécifiques et les humeurs qui vont avec, de penser que oui, on aurait pu avoir un enfant ce mois-ci. Une sensation que les femmes connaissent depuis l’adolescence.
Malgré leur ignorance de cet état, de cette possibilité qui est à la fois source de rêve et de terreur chez une jeune fille, ces hommes se permettent, dans leur immense arrogance teintée d’incompétence, de nous donner des leçons. De nous rappeler à l’ordre. De nous prendre de haut en nous informant via des billets sur Agoravox du traumatisme que nous pourrions endurer. Et de balayer d’un revers de main le travail des personnes qui, au planning familial, se retrouvent parfois face à des femmes dans des situations sociales difficiles.
Par ce genre d’articles, ces hommes expriment toute la condescendance qu’ils ressentent envers les femmes, ces êtres inférieurs, décervelés et inconséquents, qui n’aurons bien sûr jamais pensé toutes seules à peser le pour et le contre avant de décider - oui, de décider - d’avoir recours à l’IVG ou au contraire de ne pas y avoir recours.

C’est une décision qui relève d’une expérience que vous ne connaîtrez jamais. Pas plus que vous n’avez l’air de connaître l’immense gamme de pilules présentes sur le marché, le petit nombre remboursé, et la situation des femmes qui, ayant eu un problème de santé quelconque, sont obligées d’opter pour une pilule non remboursées. Vous n’avez même pas l’air de savoir que l’avortement n’est pas toujours chirurgical, mais qu’il existe un procédé médicamenteux. Vous n’avez pas non plus tenté d’acheter la pilule du lendemain, qui est loin d’être facile à trouver quand les pharmaciens vous prétendent, en s’échangeant des rictus entendus, qu’ils n’en ont pas en réserve.
Bref, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas.
Un conseil pour un prochain billet : interrogez les femmes autour de vous, les femmes mûres, les femmes d’âge moyen, les jeunes filles. Mais interrogez-les avec humilité, et non avec des idées préconçues, avec un film dans la tête censé représenter le monde d’aujourd’hui. Bref, développer votre sens de l’écoute ne vous ferait pas de mal.

Si seulement les hommes parlaient avec des femmes avant d’affirmer tout et n’importe quoi sur elles, leur condition, leur quotidien... Le monde irait mieux.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès