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Commentaire de Didier Barthès

sur Croissance démographique, un péril planétaire


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Didier Barthès 11 décembre 2017 17:11

Une analyse évidemment imparable. Daniel Martin a raison de revenir sur cette question toujours aussi taboue dans les milieux écologistes et de dénoncer la position absolument incompréhensible de Pierre Rabhi.

Pour information voici la réponse que le porte-parole de l’association Démographie Responsable avait fait parvenir au journal La Croix suite aux propos de Monsieur Rabhi. Oui, l’imposture est probablement de l’autre côté.

Réponse au texte de Monsieur Pierre Rabhi.

Imposture ? Mais de quel côté est l’imposture ?  

Dans vos propos rapportés dans l’édition du journal LA CROIX en date du 15 novembre, vous qualifiez d’imposture tout argument démographique.

Imposture ? Etrange qualificatif envers les idées de ceux qui se préoccupent des équilibres écologiques et s’inquiètent qu’une espèce (de grande taille) ait pu multiplier ses effectifs au-delà de ceux de toutes les autres dans l’histoire de la vie sur la planète et au-delà de toutes les règles de l’écologie qui veulent qu’un prédateur soit en nombre limité.

Sont-ils des imposteurs ceux qui constatent qu’en 40 ans le nombre des vertébrés a été divisé par deux tandis que celui des hommes était, lui, multiplié par deux, du fait de la croissance de nos effectifs qui nous conduit à occuper tous les territoires au détriment du reste du vivant ? Ce n’est pas le réchauffement climatique qui a tué un animal sur deux, c’est bien nous qui avons pris leurs habitats. C’est bien la pêche qui vide aujourd’hui les mers, pour nourrir 7,6 milliards d’humains !

Vous préconisez l’agro-écologie, juste souhait que nous soutenons d’ailleurs entièrement, mais il ne s’agit pas seulement de nourrir les hommes, il faut aussi vivre en harmonie avec le reste du monde, c’est-à-dire le partager et ce partage concerne l’ensemble du vivant.

Vous dénoncez à juste titre l’inégalité des consommations et des pollutions associées, les pauvres étant beaucoup moins responsables que les riches. Certes, mais s’ils consomment moins, c’est justement parce qu’ils sont pauvres. Et la plupart souhaitent une autre vie. Par vos propos vous ne défendez pas les pauvres, vous défendez la pauvreté, même si vous lui donnez le beau nom de frugalité. Il ne s’agit pas de préconiser bien sûr le luxe ostentatoire ou le gaspillage mais bien de pouvoir donner un peu à chacun, et nous ne pourrons le faire à bientôt 10 milliards (peu après 2050). Nous serons alors 45 à 50 fois plus nombreux qu’à l’époque de Jésus-Christ, pourtant pas si lointaine. Comment n’être pas frappé par un tel ordre de grandeur ?

Claude Lévi-Strauss, Henri Bergson, Albert Einstein, Marguerite Yourcenar se sont tous alarmés de l’explosion démographique ; étaient-ils des imposteurs ? Le sont-ils aussi les 15 000 scientifiques qui viennent de signer un appel largement médiatisé où la question de la maîtrise démographique est clairement évoquée ?

Il est temps de quitter le déni, de prendre du recul, de comprendre que nos effectifs actuels sont une exception non durable dans l’Histoire. D’admettre que l’humanisme est du côté d’une certaine modestie démographique et non pas de celui d’une affirmation selon laquelle nous pourrions, par des comportements, certes vertueux, mais bien improbables par ailleurs, nous abstraire de toute contrainte quantitative, la planète est de surface finie, nous devons l’accepter.

Didier Barthès, Porte-parole de Démographie Responsable

 

 





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