Ce qui oppose christianisme et islam n’est pas tant la Trinité qui n’a que peu d’importance aux yeux des musulmans, comme des Juifs, que la façon dont s’ordonne socialement leur religion respective.
Une organisation pyramidale du christianisme a poussé lentement dans l’ombre des derniers empereurs romains puis des rois jusqu’à établir l’évêque de Rome, pape. Laquelle n’existe pas en Islam, pas même al-Azhar ni aucun mufti ne représentent une « autorité » religieuse au sens politique.
La France, en bonne fille aînée de l’ Église, engluée dans cette image d’une religion hiérarchisée ancrée dans l’inconscient collectif depuis des siècles, ne sachant se détacher de ses oripeaux et de ses représentations du Sacré (iconodules il faut le dire depuis le concile de Nicée II en 787), a (vainement) tentée dans ses aventures coloniales d’en reproduire la forme sur l’Islam, pour mieux le contrôler politiquement.
Quand la France rêvait d’un calife pour son empire musulman
Leila Sbai, historienne, chercheure associée à la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France. Spécialiste de la politique musulmane de la France.
https://orientxxi.info/fr/auteur/jalila-sbai
https://orientxxi.info/