Dans les années 90 la France avait des excédents de balance commerciale avec sa monnaie. Dans les années 2000 la France a remplacé le Franc par l’Euro qui connaît une forte appréciation et sa balance commerciale devient déficitaire de façon de plus en plus importante au fil des années. En 1997 la France a encore un excédent commercial de 173,46 milliards de francs, à partir de 2004 sa balance commerciale devient déficitaire de façon permanente et avec des chiffres qui ne tardent pas à devenir énormes. Dès 2008, elle a 55,7 milliards d’euros de déficit commercial (365,37 milliards de francs). Il s’agit de l’année où l’euro atteint un plus haut face au dollar (1,6038 dollar), contre un plus bas à 0,8252 en octobre 2000. Bien évidemment passer en seulement 11 ans d’un excédent commercial conséquent à un déficit commercial d’un montant faramineux est le signe que des phénomènes macroéconomiques anormaux se sont produits entre temps en France durant cette période. Pour la France il s’agit de deux erreurs macroéconomiques majeures commises en même temps dont les effets nocifs se sont additionnés : l’entrée dans la zone euro et les 35 heures. C’est l’addition des deux qui expliquent principalement les chiffres ci-dessus mais pas seulement car à l’inverse de la France, l’Allemagne fait des réformes abaissant le coût du travail. Celle-ci a bien compris que le cadre institutionnel de la zone euro comportant taux de change bloqué, le respect de règles drastiques concurrence, le système des travailleurs détachés, etc. est idéalement conçu pour permettre aux pays à économie « performante », et la performance c’est aussi le moins-disant social, de profiter des faiblesses des économies moins performantes qui partagent la même monnaie, ce que manifestement les dirigeants français à l’époque de la mise en place de l’euro ne réalisent pas.
En 1997 un responsable politique allemand déclare que les 35 heures en France à salaire constant « sont une bonne nouvelle pour l’industrie allemande ». Effectivement, mais la France n’est pas punie tout de suite car avec l’Euro les marchés financiers n’attaquent plus la monnaie. Au lieu que ce soit une crise aiguë immédiate, c’est un mal chronique qui se met en place et qui au fil du temps affaiblit de plus en plus le malade. Dans le cas de la France ça a été la désindustrialisation et, associé à celle-ci, le déficit commercial. Pour l’instant, elle n’est pas encore punie au niveau du spread sur la dette souveraine, mais rien ne garanti qu’elle ne finira pas par être punie par là aussi, et le secours de la BCE en cas de difficulté de financement sur les marchés n’est pas automatique contrairement à ce qui est le cas pour les banques centrales des pays ayant leur propre monnaie. Dans le cadre de la zone euro le soutien de la BCE passe par l’OMT qui implique une mise sous tutelle européenne du pays en difficulté de financement sur les marchés.