Il faut d’abord définir le travail avant de parler de revenu universel. Je crois qu’il faut adhérer à l’étymologie antique (tripalium) qui nous indique que le travail est désagréable mais, parce que la nourriture ne tombe pas toute seule dans la bouche, il faut bien s’y coller.
Déjà avec cette définition, on constate qu’il y a tout un tas de gens qui gagnent de l’argent sans travailler : les rentiers (capitalistes ou propriétaires), et ceux qui ont un « travail passionnant » (par exemple, les chercheurs, ceux qui développent de nouvelles techniques, ceux qui divertissent les autres, ...).
Nous avons tous des besoins « élémentaires » (qui devraient être assez élevés dans une société qui se dit évoluée). Et pour réaliser ces besoins élémentaires, il y a, inévitablement, des « réels travaux » (désagréables, ou en tout cas, pas épanouissants) qu’il faut bien faire. Je ne comprends pas pourquoi on ne peut partager ces travaux désagréables ? Ou plus exactement, je comprends très bien. Il y a en gros 2 catégories d’individus : les gens honnêtes qui comprennent qu’on ne peut pas consommer sans travailler un minimum (soit ils sont au chômage malgré eux pour participer à la baisse généralisée des salaires, soit il travaillent) et de l’autre côté ceux qui aiment bien vivre sur le dos des autres (soit en gagnant des fortunes en étant actionnaire ou gros propriétaire, soit en cherchant toutes les aides possibles, soit en ayant un travail qui n’en est absolument pas un (passionnant)).
La question est donc morale. Si plus de la moitié des gens ont envie de faire partie des profiteurs (pas de morale) alors la société ne doit pas changer. Sinon, il faut partager le vrai travail (désagréable) et on pourra alors utiliser notre temps libre (qui serait conséquent avec un tel partage) à faire les métiers passionnant que certains pratiquent aujourd’hui de manière rémunérée.
La conclusion, c’est qu’une société civilisée ne devrait faire aucun bénéfice sur les produits de première nécessité (logement décent, nourriture correcte). Ceux qui sont exclus de cette production de base (malgré leur réelle volonté de participer au travail désagréable) devrait donc bénéficier gratuitement de ces services de base. Mais comme il n’y aurait pas de bénéfice à faire sur ces produits là, on n’aurait aucune raison de mettre de la main d’oeuvre à l’écart pour les réaliser.
Bien sûr, les raisonnements précédents ne marchent que de manière réelle (en comptant les échanges de biens et services en heure normalisée de travail désagréable, qui est la seule réalité) : avec la virtualité de l’argent et de la propriété privée, on peut interdire aux personnes de travailler (la terre et les usinent ne leur appartiennent pas) ou leur expliquer que l’argent manque pour les embaucher.