Pas mal d’idée reçues et même des jugements hâtifs.
Des projets fonctionnent bien, même en France. Le ciel ne leur est pas tombé sur la tête, les différents se discutent, personne ne se tape dessus et c’est la fête en permanence. « Il faut le voir pour le croire. »
En ce qui concerne l’article, certaines raisons évoquées pour la lenteur du développement me semble justes : perception très négative de la communauté, manque de soutien des institutions (j’ajouterais les collectivités locales qui ont un rôle majeur dans ce sujet), manque du goût d’entreprendre et postures idéologiques peu productives de nombreux porteurs de projets. En effet, la Maîtrise d’ouvrage ne s’improvise pas, c’est un métier.
Les arguments en faveur de cette nouvelle pratique sont nombreux. Maintenant, d’où peut venir le changement de l’échelle ? Le changement culturel prendra du temps. Faut faire avec. Les promoteurs ? J’ai des doutes. Ils sont avant tout des commerçants. Tant que le marché se porte bien, il suivent le chemin de la moindre résistance. Et un groupe de clients qui s’organise, exige et négocie est certainement plus difficile à gérer que des clients individuels sans connexions entre eux. Le projet d’Icade est une exception. Mais Icade est le promoteur de la Caisse de Dépôts, c’est à dire, la société se situ dans une sphère publique.
En revanche, de nombreux opérateurs sociaux, SA HLM ou Offices publiques HLM sont aujourd’hui engagés. Les intentions des groupes d’habitants trouvent un écho naturel dans la vocation sociale de ses opérateurs. Et peu importe que l’opération se termine en copropriété ou en coopérative. Ca marche. Et les dispositifs d’aide (accession sociale, location sociale etc) ouvrent ces projets à un très grand nombre de français, y compris des foyers très modestes.
Une nouvelle carte pourrait être jouée maintenant : l’Organisme foncier solidaire qui sépare la propriété du terrain de la propriété du logement. Ouvert aussi aux promoteurs, ce dispositif diminue les prix des logements de 20 à 30%. Ca devient intéressant au niveau de la compétitivité. Les promoteurs vendent essentiellement à des investisseurs. L’OFS pourrait orienter la production vers les acquéreurs occupants (bon pour la qualité de vie). Et en plus c’est non-spéculatif. Avec ce produit, les promoteurs pourrait développer de nouveaux marchés.
En dix ans, l’habitat participatif a énormément progressé en France. Le temps de l’expérimentation est terminé. Maintenant, c’est une question de la politique publique locale. Certains élus se sont déjà (Lille, Strasbourg, Nantes, Grenoble...). D’autres sont encore à convaincre. Les élections arrivent. C’est le moment de leur poser la question.