@Jean Dugenêt
En quelques mots. Le but affiché, c’est de faire en sorte que les usagers de la presse retrouvent confiance en leurs médias (selon l’enquête annuelle de La Croix, le taux de confiance est tombé à 24 %). Ce qui me pose problème, c’est que ce conseil est tripartite et comprend donc les patrons de presse, qui sont pour l’instant les principaux financeurs. Or, comme on dit, c’est toujours celui qui paie les violons qui conduisent la musique.
On en a eu la confirmation lors de la réunion de création. À un moment, le représentant de 7 syndicats de la presse professionnelle a dit, texto : « nous sommes là pour parler de déontologie et pas de questions sociales. Pour nous c’est fondamental ». Ce à quoi quelqu’un a répliqué, dans la salle : « Comment peut-on séparer les questions de déontologie de la question sociale lorsqu’on sait qu’une des causes du maljournalisme, c’est la précarité des journalistes ? »
François Bonnet, de Médiapart est également intervenu en visant le SNJ et la CFDT : « Comment des syndicalistes peuvent-il accepter de siéger avec des patrons de presse dans ce conseil ? »
En réponse, Patrick Éveno, qui sera vraisemblablement le 1er président du CDJM, a donné raison aux patrons de presse. Un syndicaliste du SNJ a quand même répondu : « on aura des discussions ».
Pour ma part, je pense que ce conseil de la presse est complètement inutile, voire néfaste. Sous-financé, il aura besoin de l’aide du gouvernement pour pouvoir répondre aux sollicitations, enquêter et rendre des avis. Il rendra des avis qui ne seront que des avis, sans volonté de sanctions. Or, on n’a pas besoin d’eux pour savoir quand il y a des bidonnages.
Si vraiment ceux qui seront dans ce conseil voulaient que les questions de déontologie soient prises en compte par les patrons de presse, ils feraient leur la revendication du SNJ-CGT et des journalistes qui se battent pour qu’une charte de déontologie comme la Charte de Münich, reconnue par toute la profession, soit intégrée à la Convention collective des journalistes, ce qui lui donnerait force de loi. Bien entendu, les patrons de presse, baptisés pudiquement « éditeurs » dans ce conseil de la presse, ont toujours rejeté cette demande.