@Séraphin Lampion
Ce type de marché permet la réalisation de paris sur des pronostics.
Exactement. En fait c’est grâce à cela que les boîtes de sondage vivent. Les clients en ont, en réalité, rien à foutre de ce que pensent les gens. Parfois même, ils commandent une étude de marché juste pour que c’est moins cher qu’un plan com, et qu’il y a un contact direct avec les clients...
Une histoire qui montre bien l’illusion du sondage :
J’ai bossé huit ans dans une boîte de sondage. En 2005 (j’ai le droit de le dire aujourd’hui) Apeule nous avait recrutés (mais pas que nous), pour faire des réunions de consommateurs à propos d’un produit qui n’existait pas encore, et qui s’est avéré être le smartphone.
On a fait 8 réunions de 7 personnes en moyenne. 5 personnes au total ont dit qu’ils étaient vivement intéressés, Entre cinq et dix, curieux. Tous les autres (une quarantaine) ont dit : « oh ça suffit la technologie ». De mon point de vue, c’était un fiasco.
À la fin de la dernière réunion, les clients étaient ravis, parce que parmi toutes les critiques qu’ils avaient entendues, il n’y en avait pas une à laquelle ils n’avaient pas pensée. Malgré tout le mépris que les consommateurs avaient vu pour l’objet, ils savaient que ça allait faire un carton. Ma boss m’a dit que ça s’était passé pareil pour le portable. Je me souviens qu’elle m’a dit : « je te paie mon billet qu’ils en ont tous un dans cinq ans. » Je crois qu’elle avait raison.
Apeule ne voulait pas connaître l’opinion des gens, il voulait savoir si sa propagande pouvait en venir à bout. Apeule obtenait des informations sur le marché pour savoir comment ils pouvaient le faire basculer en leur faveur.