@Nick Corey
Le déclin du système de pensée marxiste dans l’intelligentsia en France est plus ancien que la chute des régimes sovétistes, mais est effectivement lié à la « désillusion » sur la réalité de ces régimes. Les auroproclamés « nouveaux philosophes » sont souvent dans cet courant sans alternative tangible en terme de modèle de société, sinon une approche globalement libertaire.
Le concept de « fausse conscience » me semble pertinent dans une certaine mesure (endoctrinement, imprégnation par l’« air du temps »...) mais il comporte un aspect condescendant, presque infantilisant, vis à vis d’une grande partie des classes populaires. Or ceux-ci ne sont pas forcément « dupes », mais peuvent se positionner par prudence -mieux vaut les miettes que tout perdre (principalement l’emploi) dans une anarchie qui peut résulter de l’insurrection-, ou par pragmatisme -le modèle capitaliste apporte une prospérité générale qui peut permettre de s’élever-. Alors, il leur est reproché une sorte de « désertion » par rapport à la solidarité de classe, où les problèmes individuels ou transitoires sont considérés comme des dégâts collatéraux pour l’objectif collectif idéalisé.
Par ailleurs, il serait inapproprié d’appliquer cette notion aux enseignants qui désertent le « camp de gauche » (si j’ai bien compris c’est ce que fait Todd)
, car ils appartiennent aux classes moyennes et non au prolétariat, et s’ils sont ou étaient de gauche, c’est par positionnement idéaliste -ou par mimétisme dans leur milieu- et non parce qu’ils « ne sont rien et n’ont rien à perdre ».
Un autre aspect plus cynique est que les salariés du public et parapublic (dont les enseignants) sont souvent proches d’une gauche assez radicale car celle-ci défend leurs avantages catégoriels, c’est alors de l’ordre du clientélisme.