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Commentaire de Nick Corey

sur Todd et le vote des profs à travers le sondage de l'IFOP


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Nick Corey 9 février 2020 19:13

@Eric F
mais il comporte un aspect condescendant, presque infantilisant, vis à vis d’une grande partie des classes populaires.

Vous avez très certainement raison, et je pense que je ne suis pas bien placé pour m’en rendre compte, puisque j’ai appris ce terme par un chauffeur routier... Et que je l’ai surtout étudié dans un texte psychanalytique (de Gabel donc) presque illisible (et ennuyeux à lire) tant il regorge de termes techniques, qui atténue très certainement la charge condescendante.
Après, je le défend justement comme un terme technique à tendance psychanalytique, en me réduisant aux termes stricts : une conscience dont le contenu se trompe sur la réalité, qui dit le faux.
Aussi, je me demande quel mot, pour désigner une telle chose, n’aurait pas une connotation un peu péjorative et donc condescendante.
Conscience trompée, peut-être ? Mais en même temps ça déresponsabilise complètement.

Par ailleurs, il serait inapproprié d’appliquer cette notion aux enseignants qui désertent le « camp de gauche » (si j’ai bien compris c’est ce que fait Todd)

Oui, mais justement...
L’originalité de Todd est de dire qu’il y a moins de fausse conscience dans les classes « inférieures » que dans les supérieures. Pour Todd,
-Les hauts bourges, les 1% comme on dit, se croient libéraux et libres, mais ils sont étatiques et soumis à l’Allemagne.
-la classe CPIS exprime une fausse conscience qui se croit en démocratie, ne se rend pas compte de la baisse du niveau de vie, croit que le pays se divise entre Marine et McRon, la partie et les patrons, etc.
-Tandis que la « majorité atomisé », 50% (d’ouvriers et employés qualifiés, petits cadres artisans, petits commerçants, etc... qui ont constitué les GJ), sort de sa fausse conscience puisqu’elle a su désigner à peu près les responsables.
-Pour les ouvriers, 30%, il est plus difficile de déterminer la fausse conscience : l’abstention ne signifie pas une absence de conscience (là Todd est capable de le reconnaître, c’est étrange), et le vote Lepen peut, dans une mesure un peu sale certes, exprimer des formes de lucidité.
Voilà globalement le schéma de Todd.

Un autre aspect plus cynique est que les salariés du public et parapublic (dont les enseignants) sont souvent proches d’une gauche assez radicale car celle-ci défend leurs avantages catégoriels, c’est alors de l’ordre du clientélisme.

Vous n’êtes pas tendre avec les fonctionnaires. Je suis en partie d’accord avec vous, et je goûte votre style claquant.
Mais il me semble qu’en prenant le problème avec plus de recul, on s’aperçoit que cela n’est pas le problème des salariés publics et para, mais le problème de la gauche (autant pour moi ?).
On revient à ce dont nous parlions plus haut.
Le problème de la gauche, c’est qu’elle n’a plus de modèle. Alors elle ne parvient pas à trouver un équilibre entre son « avant-garde » utopiste (les zadistes, les mouvements de libération individualistes, etc...) qui ne peut pas servir de guide pour tout le monde, et son pragmatisme qui ne peut plus se réduire qu’à la conservation des acquis, donc un conservatisme, sans trop de projection d’avenir (la gauche est devenue punk : no futur)
Ce n’est pas le fait d’être dans le public de vouloir ça.
La plupart des fonctionnaires de droite défendent des programmes très libéraux : réduction des effectifs, paie au mérite, possibilité de licencier, autonomie des établissements (scolaires, médicaux, etc.), partenariat public-privé, voire investissements privés, etc. C’est juste qu’il y a peut-être moins de fonctionnaires de droite.
Tandis que les salariés du privé de gauche défendent le statut des cheminots, les avantages catégoriels, même quand ce n’est pas pour eux. Ils se disent solidaires.

Il y a une tendance aujourd’hui à croire que les fonctionnaires pensent tous comme des syndicats, et que les salariés du privé pensent tous comme des gens de droite. Mais c’est faux, et le rejet massif de la réforme des retraites en est un symptôme.


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