@Hervé Hum
Tout de même beaucoup d’approximations. Comme je l’ai déjà écrit, le cœur des Chrétiens est Jésus ressuscité, donc vivant au milieu de nous. Ainsi, un Chrétien se doit de rencontrer Jésus, ce qui relativise pas mal l’importance d’une quelconque hiérarchie ecclésiale.
Le dicton chinois dit « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Ainsi les textes bibliques et ceux des prédicateurs ne sont que les doigts qui montrent Dieu. L’examen de l’œil du sage et de son doigt nous permet de mieux apprécier la direction dans lequel il faut porter le regard, mais lorsque nous voyons enfin Dieu, le doigt n’existe plus. Autrement dit, si vous ne faites pas appel à votre intelligence et à votre esprit critique, il est inutile de lire ces textes.
Vous n’avez pas compris qu’il n’existe aucune hiérarchie au sens classique dans l’Eglise catholique. La scène du lavement des pieds de ses disciples par Jésus nous enseigne quelle doit être l’attitude du responsable. Le pape est au service de la communauté des Evêques qui est au services de communautés locales. Le rôle du pape est principalement d’être le garant de l’unité de l’Eglise, mais les décisions importantes sont prises par la communauté des évêques par consensus et rien n’interdit à un Chrétien de base de proposer un changement dans un dogme. Il faudra alors beaucoup de temps pour faire appel à l’Esprit-Saint et trouver le consensus. Il s’est passé plus d’un siècle entre les écrits du cardinal John Newman vers 1850 et Vatican II. Le fait qu’il existe d’autres Eglises nous apprend l’humilité, mais l’Eglise Catholique reste la plus grande entité spirituelle mondiale unie autour d’une pensée commune. Toute séparation est le résultat du travail de Satan et je ne prendrais pas le risque de désigner un coupable. La foi exige la liberté. Le seul critère qui me paraît pertinent pour désigner un Chrétien est la présence de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint se voit à ses fruits qui découlent de l’amour de Dieu : une grande bienveillance pour toute l’humanité mais aussi esprit de sagesse, discernement, conseil, force, connaissance, piété et crainte de Dieu. Les grands saints répondent à tous ces critères.
Si la révélation apportée par Jésus est complète, nous sommes encore loin d’en avoir saisi toute la portée. Jésus lui-même avait annoncé qu’il allait continuer son enseignement : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître » (Jean 16, 12-13). Nous sommes tous prophètes par notre baptême, mais peu reçoivent et diffusent la parole reçue. La connaissance que nous avons de Dieu progresse très lentement, et nous ne voyons plus les choses de la même manière qu’au premier siècle. La science n’est pas un handicap, mais une aide. Elle nous aide à mieux comprendre la création et donc à mieux déchiffrer les textes de la Bible. Beaucoup de schismes proviennent soit d’une avancée à plusieurs vitesse, soit d’un refus de l’amour de Dieu. En particulier, beaucoup restent bloqués sur des dogmes anciens et refusent l’évolution de la pensée. Encore une fois, c’est la présence de l’Esprit-Saint qui est le critère.
« il faudra attendre une bulle papale de 1537 » 1492-1537 : 45 ans max. pour établir un dogme, c’est pas mal et cela nous montre que ce dogme n’a pas fait l’objet de beaucoup de discussions. Il n’y a jamais eu de dogmes proclamant le contraire... En fait, il est certain que pour beaucoup de Chrétiens, il n’y avait pas de doutes, mais il fallait le rappeler à ces conquistadores, avides de prédations. Cela a été le même problème avec l’âme des femmes. Cela ne faisait aucun doute pour une majorité de Chrétiens, mais il a fallu le rappeler à quelques uns. C’est toujours mieux lorsque c’est écrit et c’est à cela que servent les dogmes.
« en 1493, le pape signe une bulle » signée par un Borgia. Tous les papes ne sont pas des saints... merci de le rappeler. En fait, c’est un tour de cochon des Espagnols contre les Portugais. Lorsque la politique veut prendre le pouvoir spirituel, nous pouvons être certain que Satan n’est pas loin.
« l’inquisition qui a sévit et la violence qui va avec » merci de me permettre de rappeler que l’inquisition a permis de développer pour la première fois en Europe le débat contradictoire, la présomption d’innocence et le droit à la défense. Les tribunaux ecclésiastiques n’ont fait que très peu de condamnations à mort et toujours pour des crimes. Mais ces tribunaux ont été prolongés par des tribunaux civils qui n’avaient pas la même prévention vis-à-vis des mis en cause. Les morts suite à l’hérésie cathare sont liés à des problèmes de remise en cause du pouvoir féodal par le conte de Toulouse qui avait profité de cette hérésie pour se détacher du pouvoir royal. Le roi n’a pas aimé et il a envoyé ses mercenaires. Les sorcières en France ont été condamnées par des tribunaux civils, sauf en Allemagne où un moine fou a profité d’une déshérence de la papauté pour faire main basse sur ces tribunaux. La superstition n’est pas la religion. Les archives des ces procès sont maintenant accessibles aux chercheurs.
« que dire des guerres dites trompeusement de religion entre églises catholique et protestante » Comme vous le faites remarquer, « trompeusement » est le mot qui convient. A cette époque troublée, le schisme a été entretenu par des ambitions politiques. Luther n’aurait jamais atteint le point de non retour s’il n’y avait pas été poussé. A cette époque, le paysan n’avait pas la possibilité de choisir son camp. Tout le monde suivait les ordres, non de l’Eglise, mais du pouvoir politique. Toutes les guerres de religions sont des guerres du pouvoir temporel qui fait ainsi pression sur sa population. Si vous voulez devenir chrétien un jour, vous devez faire ce choix librement. Si on vous l’impose, c’est qu’il y a un pouvoir temporel quelque part.