On ne s’en fout pas, mais on ne voit pas la sortie pour beaucoup. Et l’électeur n’est pas seul dans cette impasse, car il suffit d’observer l’attitude de nos dirigeants face à des fuites en avant collectives suicidaires, pour comprendre qu’ils sont eux aussi largement dans la bétaillère.
Ils sont justes en première classe et apprécient un peu mieux les nids de poules sur la route, mais ils sont en pleine déroute conceptuelle et le savent.
Arrêter la folie financière qui rajoute de la dette sur de la dette au point que plus personne ne peut imaginer la rembourser sans infarctus sociétal majeur ? Personne ne l’envisage, les remèdes possibles semblant pires que le mal.
Arrêter la course au pillage environnemental, la course aux armements, la course imbécile à la productivité, la course à l’intelligence artificielle , à l’artificialisation de nos relations comme de notre nourriture ? La peur de se faire piétiner si on s’arrête le temps de la réflexion dissuade tout le monde, dans l’hypothèse où l’idée même d’un chemin de traverse viendrait à l’esprit.
La démocratie et la politique finissent au moment même où on se convainc qu’ « il n’y a pas d’alternative ». Or la classe politique entière est piégée dans cette croyance depuis le début des années 1980.
On a plus de clowns et de gestionnaires sur les photos du G 20 que de chefs d’Etats, faut-il seulement s’en étonner ?
Toutes les croyances et les habitudes qui ont fait notre prospérité étaient fondées sur des erreurs de jugement majeures. Or on sait que renoncer à ce qui a semblé marcher si longtemps est le plus difficile, pour les individus comme les sociétés.
Or, comme en psychiatrie, on sait que la résolution de névroses majeures implique bien plus que la compréhension de nos chaînes et leurs origines.
Il faut un renouage d’affects qui n’intervient souvent que suite à un choc violent.
Pouvons-nous imaginer ce qu’il devrait être à échelle planétaire pour nous faire bifurquer ? La peur nous en empêche j’en ai peur...