Votre
article est intéressant, mais quoi que vous disiez vous ne
parviendrez pas à convaincre les anti-conspirationnistes. Pourquoi ?
Parce que vous ne questionnez pas leur croyance racine, le fondement
sur lequel s’appuie leur vision du monde.
Vous
remarquerez, par exemple, que l’idée selon laquelle un groupe
restreint d’individus contrôlerait le monde est une idée qui est
écartée a priori. Est-elle vraie ou est-elle fausse ? Pour
l’anti-conspirationniste c’est une question qu’on ne doit
pas
se poser, c’est une idée qui ne mérite même pas le statut
d’hypothèse. Pourquoi ? Parce qu’elle est jugée non
plausible. C’est tout. Il
l’écarte d’un revers de la main en décrétant qu’elle est
invraisemblable. Il
lui suffit, pour se protéger de toute suspicion de ce type, de
convoquer l’idée que le monde est trop complexe et que les
intérêts des uns et des autres sont divergents. Vous
avez beau faire des recherches poussées et exposer des corrélations
significatives et
convaincantes, rien n’y fait : au
lieu d’essayer d’avoir une vision globale, il vous entraîne sur
une discussion qui porte sur des éléments séparés, sans chercher
à faire de liens. Bref, il
ne voit pas la forêt à cause des arbres.
Il
admet qu’il y a des magouilles et des complots, il admet même
qu’il y a des mafias. Pour lui, l’idée d’une mafia à
l’échelle d’un pays c’est concevable, mais l’idée qu’il
puisse y avoir une mafia à l’échelle planétaire ça n’est pas
concevable, ça n’est pas plausible.
Je
crois que si l’anti-conspirationniste répugne aussi fortement –
et d’une manière qui s’apparente autant
à du
fanatisme religieux – à toute remise en question de son dogme
selon lequel il est impossible qu’il y ait un complot mondial,
c’est qu’il est
terrifié :
il
a une peur inconsciente,
viscérale,
atavique, du Mal.