@CN46400
Quand Montesquieu écrit « De l’esprit des lois » (et non pas « le livre des lois » comme je viens de l’écrire par erreur), il n’y a jamais eu de démocratie nulle part dans le monde. Lui-même est limité et contraint dans son mode pensée par ce qu’il vit. Ce livre est publié en 1748. Il semble impossible à l’époque de se passer d’une monarchie. Louis XIV a régné pendant 72 ans et Louis XV, qui est sur le trône, n’a que 38 ans. Montesquieu se situe dans la lignée du mouvement des intellectuels en pleine effervescence qui essaient d’imaginer une société plus juste, plus égalitaire, plus démocratique. C’est un signe prémonitoire de grands changements à venir. Cependant pour l’heure il ne peut guère imaginer mieux qu’une monarchie constitutionnelle. Nous sommes un siècle avant le Manifeste du Parti Communiste. Alors, je vous l’accorde, Montesquieu n’a inventé ni l’anarchie ni le communiste. Cependant, il a inventé un principe repris depuis dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et dans toutes les constitutions républicaines : « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de constitution ».
Je voulais principalement montrer que, par sa démarche, il n’était pas question de s’accommoder des bassesses humaines en disant : "C’est regrettable mais la
nature humaine est ainsi faite". Une société démocratique doit être en mesure d’assurer au mieux le bien de tous en inhibant ces bassesses pour qu’elles ne puissent pas nuire à la collectivité. Les bassesses humaines ne peuvent en aucun cas justifier des décisions catastrophiques des gouvernements.