Les technologies actuelles de surveillance, mais aussi les
modes de communication dématérialisés, sont des outils formidables de contrôle
potentiellement dangereux pour des démocraties mais aussi pour tout régime
politique qui n’aurait pas l’entier contrôle de ces technologies et de leur
exploitation.
Plus que les nouvelles technologies, plus que la peur des
populations, le rapport du citoyen à l’Etat est terriblement miné par la perte
de quelque chose de fondamental qui permet l’élaboration d’un contrat social
entre les individus et qui rend légitime et viable un régime politique. Cette
chose de perdue ou en voie accélérée de perdition est la confiance : la confiance
en la parole publique, la confiance sur les intentions positives d’un pouvoir.
Sans confiance, plus de relations fructueuses entre administrés et administrateurs.
La façon dont les politiques ont géré la crise sanitaire a fait éclater cette
confiance auprès de nombreux citoyens. Il y a désormais quelque chose de cassé
entre une partie du peuple et ses « élites ».
Notre système politique
est miné, nouvelles technologies ou pas. C’est la médiocrité des hommes, la
cupidité des hommes et la suffisance de beaucoup qui ont conduit à une pareille situation. La
démocratie idéalisée dans les livres scolaires est aujourd’hui moribonde.
Comment la considérer autrement quand plus de 50% des citoyens inscrits ne se
déplacent plus pour voter. Faire semblant de ne pas voir ce signal révélateur d’une
décomposition du politique (l’abstention) est la pelletée supplémentaire de
terre qui enterre encore plus cette démocratie scolaire, mais à vrai dire bien
éloignées des idées dans sa traduction dans le monde réel.
Nous vivons une
décomposition accélérée des anciens systèmes pour le plus grand bonheur des
idolâtres du nouvel ordre mondial : plus d’Etat, plus de Nations, plus de
Peuples, plus de faux-semblants. A la place de l’ancien monde, un monde
globalisé dirigé par l’appât de la croissance des profits et par une vision
interchangeable des individus.
Pour la plupart de nos ancêtres et des gens qui
aujourd’hui regardent le monde tel qu’il se désagrège, le monde de demain a une
furieuse ressemblance avec un cauchemar.