« Tous les penseurs estiment que ce qui définit l’homme c’est le langage et qu’il n’a pu se poser la question de son origine qu’à partir du moment où il en a eu un. »
C’est dans le décor magique de la grande Nature, encore vierge, que se déroule le prélude du grand drame humain. Leurs premières tendresses, leurs premières caresses font naître un charme qu’ils veulent exprimer, leurs regards seuls ont trahi jusque-là le trouble naissant de leur cœur, mais bientôt ils vont créer un langage sentimental, qui, avant ce moment, n’eût pas eu d’objet. L’expression d’un sentiment nouveau naît du sentiment même. Ils veulent se communiquer leurs premiers désirs, ils commencent à rêver un inconnu encore irréalisé. Cependant, l’amour est un grand maître qui leur indiquera les voies... Ils essayent des frôlements d’épiderme, des serrements de mains, des effleurements de joues, ils arrivent ainsi à trouver le baiser, y reviennent et s’attardent en cette ineffable communion des lèvres. Ces moments de premiers bonheurs, fugitifs dans la vie actuelle, où tout se précipite, furent longs dans la vie ancestrale. Cette découverte d’une volupté naissante dut les absorber, les dominer. Ce dut être la grande, l’unique pensée du moment. Tout le reste devait disparaître devant l’extase de l’amour, leur seul désir devait être de s’y plonger, de s’y attarder. Ils étaient au début d’un jour nouveau et allaient marcher en aveugles dans cette dangereuse voie ouverte devant eux. Enfin, de tâtonnements en tâtonnements, ils allaient arriver au moment suprême de l’union... suivi de sa terrible réaction.
Mais avant cela, quelle vie calme et heureuse.
Et l’histoire des temps de cette époque, de ces premières amours phylogéniques, c’est la période de l’histoire que l’on appelle l’Âge d’Or.