@Francis, agnotologue
« D’une certaine façon c’est un peu le syndrome du larbin. »
Je
n’aime pas cataloguer les gens. Les gens sont mes semblables. Je
préfère penser que les hasards de la vie ainsi que nos
déterminations familiales, sociales et professionnelles nous
conduisent à être ce que nous sommes. La réussite sociale et le
confort qu’elle apporte te poussent à adhérer au pouvoir comme
par une force gravitationnelle très puissante. En schématisant, ça
donne : j’ai atteint la réussite matérielle en vivant dans
une société régie par ce pouvoir, donc je dois me ranger du côté
de ce pouvoir ; il ne peut pas être foncièrement mauvais
puisqu’il me permet de vivre bien ou du moins correctement. Bien
sûr, ce n’est pas formulé de manière consciente.
On
ne se lève pas un matin en décidant de devenir un larbin ou un
collabo, c’est un processus d’adhésion qui commence dès
l’enfance, et qui s’opère à notre insu. La fabrique du
consentement est très puissante. S’y ajoute depuis une trentaine
d’années la fabrique du crétin (voyez la vidéo de Jean-Paul
Brighelli sur youtube). Pour s’extraire de ce puissant
conditionnement, de cet endoctrinement qui est invisible car il est
partout et qu’on n’en a pas connu d’autre, il faut un point de
rupture dans sa vie, une bifurcation. Ce peut être une rencontre,
une grave maladie, une expatriation avec choc culturel, un échec…
Si je n’avais pas connu quelques unes de ces ruptures du ronron
mental dans lequel j’étais confiné sans le savoir, je serais
probablement resté un larbin.