@Séraphin Lampion
Vous avez raison de remarquer que c’est le repeuplement de l’Armorique par des Bretons venus du Pays de Galle et de Cornouailles qui a introduit la langue qui a donné le breton actuel, mais c’est à la place du gallo-romain ou du roman qui subsiste dans des toponymes antérieurs (à commencer par celui des diocèses : Rennes, Vannes, Nantes, cités de Redones, des Vénètes et des Namnètes, peuples gaulois, auxquels se sont ajoutés le nom de toutes les paroissses qu’ils ont créées, les Plou et les Loc, et qui ont fini par remplacer le nom gaulois de l’Armorique, par celui de Bretagne), mais qui a continué à être utilisé par les élites.
Le breton est toujours resté une langue vernaculaire. On ne connaît aucune version en breton de la ’’Matière de Bretagne’’, des romans du roi Arthur et de la Table ronde, qui comme l’indique le mot roman, sont en langue romane. Ce n’est pas le cas du provençal et de l’occitan qui ont donné une importante littérature juridique et romanesque, à commencer par les troubadours.
La langue officielle, savante, juridique, administrative, et même littéraire, de la Bretagne est restée le latin, le roman, puis à partir de François Ier le français, comme dans le reste du royaume.
Il faut dire que les comtes, puis duc de Bretagne à partir de Jean de Dreux (1297-1305), étaient des capétiens depuis Guy de Thouars (1199-1213), puis son gendre Pierre Mauclerc (1213-1237), et leur dernière représentante, la duchesse Anne de Bretagne (1488-1514), ne comprenait pas un mot de breton.
L’usage généralisé de la langue bretonne n’a posé aucune difficulté avant le jacobinisme de la Révolution française, puis surtout la IIIe République, comme pour les autres dialectes régionaux. L’enseignement se faisait en breton dans toutes les écoles primaires, et ensuite en français dans les collèges.
Le breton actuel est une langue de synthèse universitaire entre plusieurs dialectes, une langue recréée, un peu comme l’hébreux en Israël.