Vous êtes dépité et ne voyez plus l’intérêt d’aller manifester ? Soit. Mais n’en dégoûtez pas les autres.
Avez-vous vraiment jamais cru que défiler en arborant des slogans et
des revendications devait forcément toucher tout le monde, être rapporté
fidèlement par les médias inféodés au pouvoir et pris en compte par des
gouvernants qui ont cessé depuis longtemps de servir nos intérêts ?
Quelle naïveté.
Pour percevoir toute l’utilité des manifestations, il suffit
d’imaginer ce qu’il adviendrait si elles disparaissaient totalement (...
ce qui pourrait bien arriver si tout le monde suivait votre exemple) :
un pouvoir en roue libre, qui peut imposer son diktat en prenant le
prétexte d’un large consentement populaire selon le principe du « qui ne
dit rien consent », les autres modes d’expression pouvant être beaucoup
plus facilement escamotés ou minimisés.
Les manifestations, c’est avant tout de la com’. Ça n’est pas fait
pour obtenir des résultats concrets immédiats. En dépit de leur
répression, de leur dénigrement et de la censure et de la désinformation
qu’elles subissent, elles restent un bon moyen de « faire le buzz », de
rendre visible une contestation des volontés et décisions du pouvoir,
de perturber les certitudes instillées par ce dernier dans l’esprit du
public, de motiver et de fédérer les oppositions afin qu’elles agissent,
plus tard, dans des situations plus opportunes.
Les images d’une foule qui défile diffusées dans les médias main
stream ont certainement plus de poids que les propos que vous pourriez
partager en petit comité sur des réseaux sociaux ou des sites
d’expression spécialisés. Elles en ont particulièrement auprès des
non-convaincus qui regardent la télé ou lisent les journaux, car elles
accréditent le fait que les points de vue défendus sont assez largement
partagés pour pouvoir être pris en considération, voire acceptés.