@Eric F
Certes, la théologie des Ébionites se retrouve dans le Coran, mais elle n’est pas la seule. Le mouvement Nazaréen a également eu une grande importance. Dans le Coran, il n’est question que des Nazaréens (naṣārā), une communauté bien guidée (du moins jusqu’au moment où ils disparaîtront et le mot sera réutilisé pour les chrétiens). Les Nazaréens pensaient que Jésus était bien fils de Dieu et ils ont inspiré tous les miracles de la naissance de Jésus qui se trouvent dans le Coran. Les Ébionites pensaient que Jésus n’était qu’un prophète, comme l’islam actuel, et qu’il avait été choisi par Dieu pour son application parfaite de la loi juive.
Dans votre référence, il ne faut pas trop compter sur les Esséniens qui ne sont connus que par les écrits de Flavius Josephe qui était plus aventurier qu’historien. Les écrits de Qumran ne sont pas forcément originaire du lieu. Il s’agit probablement des écrits de plusieurs communautés juives qui ont stockés ici des documents trop sacrés pour être brûlés. Les Testaments des 12 patriarches ne sont pas spécifiquement esséniens. Il faut comprendre les communautés juives du premier siècle comme une galaxie d’espérances eschatologiques, chaque groupe ayant son messie et sa propre définition du salut ; les Esséniens ne doivent pas cacher les autres groupes.
L’hérésie ébonite est déjà fortement critiquée dans la lettre de Paul aux Galates et dans l’Evangile de Jean. Donc même si le mouvement est né plus tard, ses idées étaient présentes très tôt.
Pour plus de détail sur ce mouvement, il faut lire « les disciples juifs de Jésus, du premier siècle à Mahomet » de Dominique Bernard.
Tout ces groupes ont pour caractéristique commune de refuser l’amour de Dieu, tel qu’il a été enseigné par Jésus. A l’amour, il préfèrent la loi appliquée plus ou moins strictement dans chacune des communautés. L’islam est bien dans la continuité de ces mouvements et le Coran est principalement une norme juridique. En fait l’islam est l’arabisation de ces mouvements à partir de 694, les califes ayant pensée qu’une religion arabe était préférable à une religion juive.
Par contre Mahomet n’a rien fait, car il attendait une fin imminente du monde et pensait qu’il la vivrait lui-même. Les inscription de 692 sur le Dôme du Rocher sont encore parfaitement judéo-chrétiennes et non islamiques. L’inscription mḥmd que l’on peut y voir ne désignait pas encore Mahomet mais le calife ʿAbd Al-Malik car mḥmd est un titre honorifique tiré du livre de Daniel dans la Bible qui signifie « l’homme des prédilection » soit ’îsh hamudôt en Hébreu. Tous les premiers califes ont porté ce titre.