@mmbbb
Un passage m’avait échappé :
"Cela a amené à la catastrophe de la prise du pouvoir par Hitler en 1933
après l’élection d’Hindenburg en 1932 qui n’est pas sans nous rappeler
l’élection de Macron.
Une comparaison caricaturale et excessive !"
Je maintiens bien évidemment ce que j’ai dit et, à ce sujet, j’appelle Pierre Broué à la rescousse. Voici ce qu’il a dit le 28 avril 2002 quelques temps avant de mourir (Il ne s’agissait pas de Macron mais de Chirac. C’était la même question : voter pour le moins pire en se bouchant le nez).
« Entré à l’hôpital pour une opération au lendemain du premier
tour, je découvre en sortant que des camarades que j’estime ont jeté
par-dessus bord idées et principes et appellent à voter Chirac ! J’avoue
avoir reçu ce coup en plein visage et en tituber encore. Mon fils
Michel m’offre de m’aider matériellement à exprimer mon point de vue.
J’accepte.
Je vais être brutal. Ces derniers jours, dans mon état
semi-comateux, ne me récupérant que par morceaux, je me suis cru en août
14. Je ressens l’attitude de ces camarades, et notamment ceux de la
Gauche socialiste (dont je ne suis pas et n’ai jamais été), comme un
coup de schlague, une humiliation, une initiative très grave. Je suis
trop fatigué pour écrire un vrai texte mais je vais essayer d’énoncer
des repères.
- Il n’y a pas de problèmes français. C’est guignolesque
d’expliquer que ce vote Chirac deviendra un référendum contre Le Pen.
Nous sommes dans le monde et ce que nos concitoyens du monde apprennent,
c’est ce que disent leurs journaux : "Les démocrates se rangent
derrière Chirac." C’est grave, une vieille du goulag, une hija
argentine, me demandent comment c’est possible… et mes amis d’Algérie.
- J’affirme que la plupart de vos arguments (je m’adresse à ceux
qui veulent voter pour Chirac) relèvent de l’épicerie. Ce ne sont pas
les totaux de voix qui comptent mais la création, les manifestations,
les réunions, les prises de parole, autrement dit la solidarité, l’élan,
la ténacité et l’attachement au monde du travail : je n’oublie pas
celui qui m’a dit, quand j’ai quitté l’hôpital : "Il faut dire à Jospin
qu’on l’aime." Se cracher les uns sur les autres, même si on a raison
dans sa rogne, cela ne profite qu’à Chirac et Le Pen. Il faut s’abstenir
de violences verbales sans renoncer au débat et à la critique.
Marx et Ledru-Rollin, Trotsky et Hindenburg.
- Déjà, Marx refusait le vote pour Ledru-Rollin et Trotsky celui
pour Hindenburg. Honnêteté et courage. Vous qui dénoncez l’escroc et le
super-menteur et qui avez de jeunes enfants, vous le leur dites comment,
que vous votez pour lui ? Je crois que, dans votre désarroi, vous
cherchez désespérément à gagner… du temps."
- On ne gagne rien à se renier. Il faut marcher de l’avant, faire
un Premier Mai grandiose, aider la jeunesse à renouer avec les
traditions qu’elle cherche. Michel écrit qu’il appelle à voter Chirac, "
la rage au cœur ". Dans le mien, mes camarades, il n’y a pas de rage,
mais nos espoirs, nos rêves, ce monde nouveau que vous voulez et qui
sera vôtre, les jeunes, et toute l’amitié et l’amour qu’on a pour vous,
connus ou inconnus.
Et même nos amours mortes et celles qui n’ont pas pu éclore. Non, on ne va pas se masquer pour combattre.
Dans les yeux, face à face, s’il vous plaît, et tête haute.
Bulletins blancs ou nuls !
Vive la vie ! »