@Lucadeparis
La question est bien celle du constructivisme social vs réalisme.
Le réalisme est le mode « naturel » de pensée de l’humain puisqu’il consiste à dégager des causes qui sont autant de choses jugées réelles, en tant, précisément, qu’elles sont causes.
Nous faisons ça depuis l’origine de l’humanité avec l’invention du sacré et nous le faisons TOUJOURS sur la base de consensus qui, de manière mimétique, attribuent la causalité ici ou là.
Ce que j’ai essayé d’expliquer dans mon dernier message (6 janvier 12h54) que tu t’es empressé de négliger pour t’attacher à des détails sans importance alors que je te questionnais directement, c’est qu’en raison d’une prise de pouvoir des « forces matérialistes » sur les mentalités depuis que l’Eglise a commencé à se « compromettre » avec les « puissances de ce monde » (essentiellement pour des raisons financières depuis la Renaissance), les représentations collectives au pouvoir sont matérialistes et c’est donc la logique du pouvoir que tu déroules à l’insu de ton plein gré (en dépit de ta croyance en la rationalité de ta pensée). Je ne vais pas reproduire ici ce que j’ai écris juste au-dessus, je t’invite à la relire.
Je n’ai donc pas, en effet, avancé de nouvel argument théiste puisque je t’explique pourquoi c’est inutile, pourquoi étant dans le consensus dominant, tu resteras sourd à mes arguments comme les debunkers restent sourds aux arguments des truthers alors que les deux prétendent être dans la pure rationalité argumentative.
Ce qu’il faut admettre ici, je crois (c’est une invitation, pas une démonstration) c’est que nous n’avons, de part et d’autre, qu’une rhétorique plus ou moins efficace qui ne convaincra que les convaincus d’un bord ou de l’autre. Exactement comme toi qui penses être dans la rationalité et la vérité vis-à-vis de debunkers du 9/11 que tu sais être sourds et aveugles en lisant leur prose, je pense moi être dans la rationalité et la vérité vis-à-vis de toi qui appartient au consensus matérialiste des dominants.
Je ne m’attends donc pas à ce que tu fasses le « quantum leap » de la foi pour admettre inductivement (de manière pas vraiment logique donc) qu’il y a une réalité au-delà du monde phénoménal. La réalité tu te satisfais de la rabattre directement sur ce monde phénoménal avec des petits arrangements de la pensée causale qui te permettent de trouver une place confortable dans la Weltanshauung matérialiste, scientiste et passablement new age de nos sociétés occidentales post-modernes.
Donc, oui, en effet, la question est bien celle du constructivisme social vs réalisme et tu sais que je me situe sur cette ligne de crête depuis ma thèse.
J’ai d’abord penché pour une interprétation du constructivisme qui était « déconstructrice » au sens où je disais : « c’est une construction sociale, donc ce n’est pas une réalité » (par exemple, la volonté, l’agence) jusqu’à ce que je comprenne que le raisonnement contraire est tout aussi vrai : c’est une construction sociale qui fait consensus donc c’est une réalité que nous validons à chaque instant puisque c’est le lieu que nous « habitons » et à partir duquel nous nous inscrivons dans des relations qui nous valident en tant que tel.
Tu crois comme moi à ta volonté, à ton agence, etc. Tu fais donc à ce niveau le saut de la foi inductiviste (via un consensus attributionnel vu dans le miroir social) mais tu refuses de le faire pour Dieu. Là est l’incohérence.
Pour ma part, ayant admis qu’il était vain d’être dans la posture provoc de négateur de la réalité de la volonté et de l’agence (parce que construites mimétiquement), ayant admis la réalité d’icelles, j’ai reconnu que je devais logiquement avoir la même posture vis-à-vis du plan divin (auquel j’étais resté croyant de sorte que venir à cette conclusion ne posait aucune espèce de difficulté, bien au contraire).
Tel que je le vois, le constructiviste « conséquent » fait dans l’auto-organisation, il CROIT en l’idée d’émergence, il admet l’idée que l’idée qu’au cours de l’évolution ont émergé la conscience, le soi, l’agence, la volonté, etc. qu’il tient pour des réalités et, par conséquent, il admet rétroactivement la réalité du divin qui a émergé AVANT les premières.
L’idée matérialisto-évolutionniste d’un processus uniquement bottom-up est une naïveté adossée à une conception linéaire de la causalité.
Dès que la causalité est circulaire, on doit penser ledit processus d’émergence comme inscrit dans une double direction bottom-up et top-down (la fameuse (ou pas) « downward causation »).
Nous avons donc une dualité au sein même d’un monisme... du cycle, que je défends.
C’est pour ça que je peux conserver le sentiment d’une cohérence intellectuelle qui ne cesse d’ailleurs de s’étendre puisque je peux dorénavant inclure dans ce tableau la Trinité et même l’Incarnation, grâce, bien sûr à la théorie sacrificielle de René Girard.
20/01 12:21 - Yann Esteveny
Message à Monsieur Luc-Laurent Salvador, Voici une analyse intéressante du film : (...)
11/01 17:57 - Luc-Laurent Salvador
@Staniszewski Je comprends vos réserves vis-à-vis de l’Eglise car je les ai longtemps (...)
11/01 17:05 - Lucadeparis
@Luc-Laurent Salvador J’ai cherché à quel passage, j’aurais écrit : « je ne vois (...)
09/01 19:13 - Staniszewski
Tout à fait d’accord avec vous que nous avons perdu le Nord. Nous : notre civilisation. (...)
09/01 17:04 - Luc-Laurent Salvador
@Lucadeparis Hormis l’argument basé sur le principe de causalité (dont nous (...)
09/01 15:37 - Lucadeparis
@Luc-Laurent Salvador Je comprends que lorsque tu prétends prouver la réalité de Dieu avec la (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération