@Eric F
je partage votre avis. L’ouverture à l’est a définitivement fait basculer l’affaire. Mais c’était mal engagé dès le début. Si je me souviens, même Lénine mettait en garde dès 1915 contre « le mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe ».
Il me semble que la proposition est hypocrite et bancale depuis le début. Après avoir échoué à unifier le continent sous conduite française (Napoléon) puis allemande (Reichs), les européistes ont voulu le faire par les voies détournées d’une bureaucratie plus ou moins commerçante. Pour certains (réalistes) le but est en effet purement mercantile, mais pour d’autres (utopistes) il s’agit vraiment d’une vision mystique.
L’idée de progresser par « effet de cliquet » de façon subreptice a quelque chose de puéril et désespéré. Quand on s’y prend par-derrière c’est bien qu’on sait que c’est impossible par-devant. D’une certaine façon, les européistes savent eux-mêmes que les peuples ne veulent pas de ce projet. Mais pensent-ils sérieusement pouvoir tenir ensemble 400 millions d’habitants contre leur gré dans le long terme ? C’est un peu délirant, quand on y songe. On ne voit pas bien quelle « bonne politique » pourrait finir par se mettre en place dans une telle communauté. C’est complètement hypothéqué dès le départ. Et d’ailleurs, les Anglais sont partis les premiers...
Ce projet a pu se déployer à l’ombre de la puissance américaine dans le contexte géopolitique et macro-économique tout à fait particulier de l’après-guerre. Mais cet écosystème a fait son temps, et l’ours polaire européen est condamné avec la banquise qui l’a vu naître. La question est maintenant de savoir dans quelles conditions le mariage va prendre fin, et si l’on ne va pas se prendre la maison branlante sur le coin de la figure.