nous n’avons certainement pas lu le même article... je ne veux rien imposer en Europe. J’explique justement que c’est l’illusion des européistes français de croire qu’ils vont imposer leur système en Europe (c’est encore le cas avec leur « euro-défense »). Donc on est d’accord ! ... Puis je suppute que c’est précisément la prise de conscience de cet échec d’export du système français, qui emportera intellectuellement une bascule en faveur du Frexit d’une partie de notre classe dirigeante.
Observons cependant que des pays comme l’Allemagne n’hésitent pas à imposer leur système. De même les Américains ou les Chinois. Simplement, eux en ont les moyens. C’est une question de pouvoir. Inutile donc de nous flageller avec du masochisme national. Notre système est très bien pour nous, dans notre cadre national. Et c’est pourquoi il me semble préférable d’y revenir, plutôt que d’essayer de jouer (et perdre) dans la catégorie des autres. Brillons avec nos qualités !
Cessons de nous étripatouiller sur la Sécurité Sociale qui fonctionne très bien, et a fait entièrement et magistralement ses preuves après 75 ans (contrairement à l’UE et à l’Euro !). Il faut cependant renégocier le prix de remboursement excessif concédé aux laboratoires. Et c’est par le retour de la prospérité éconnomique nationale (monnaie et douanes adaptées) que les rentrées remettront les comptes au vert.
A part ça, si les Français ne sont guère partis en Nouvelle-France, c’est surtout que la France n’avait pas de surplus démographiques, ayant presque déjà réalisé sa transition démographique au 18ème siècle. Et que les Français n’avaient donc aucune raison de partir voir ailleurs. Peut-être aussi que les Français étaient suffisemment heureux chez eux avec leur « mauvais système ». Ne voyons pas tout en noir !
Ce que vous dites c’est ce qu’essayent de nous faire croire les européistes... une vision mécaniste des choses. On va fusionner les nations comme jadis les provinces. Sauf que ça ne se passe pas comme cela. On n’additionne pas les torchons pour obenir une grande serviette. Ce n’est pas une question de taille mais de nature. Il existe de grandes nations et de petites nations, sédimentées ainsi dans l’Histoire.
Leur but est de devenir une grande nation comme les Etats-Unis ou la Chine. Sauf que les Etats-Unis et la Chine sont unifiées autour d’une culture centrale forte (WASP et Han). Rien de cela en Europe : aucune « romanité » pour unifier et dépasser les nations. Ce n’est que l’association de plus en plus bureaucratique de 27 nations déjà sédimentées dans l’Histoire.
De plus, pour remédier à cela, pour « faire une omelette avec des œufs durs », les européistes n’ont d’autre choix que d’araser les identités nationales des 27 pays. C’est-à-dire de détruire le rapport social qui faisait précisément la richesse et la prospérité de chacune ! Il est difficile de voir un projet plus stupide que d’appauvrir son propre sol.
Nous ne serons jamais des Américains, car l’identité américaine profonde (quoi qu’on en pense par ailleurs) a une consistance, une richesse, une histoire forte, et s’adosse notamment à la religiosité persistante de son peuple. Rien de tout cela en Europe européiste. Nous ne serons pas des Américains, ni des Européens, mais des déracinés, totalement hors-sol, et gérés par une bureaucratie technoïde. C’est l’échec assuré.
C’est d’ailleurs un des principaux obstacles au projet européiste (en plus de ceux que j’ai cités, et de quelques autres).
J’observe que les mêmes européistes ne proposent cependant pas de fusionner Taïwan avec la Chine, ni l’Ukraine avec la Russie, ni l’Irlande avec le Royaume-Uni, ni le Pakistan avec l’Inde, ni le Koweït avec l’Irak, etc. Par contre, ils se proposaient il y a peu encore de fusionner la France avec la Turquie au sein de l’UE. Tout cela est à géométrie très variable.
En définitive, je reste assez serein et tranquille sur l’échec inéluctable de l’UE. Comme ces histoires d’amour qui n’ont pas lieu d’être. Ca ne tient qu’aussi longtemps que le soupirant s’échine vainement. On peut être calme à ce sujet.
Le vrai enjeu, c’est de savoir quand et comment ça va s’arrêter. Et si les dégâts commis pour cette chimère n’auront pas trop abîmé la maison.
je partage votre avis. L’ouverture à l’est a définitivement fait basculer l’affaire. Mais c’était mal engagé dès le début. Si je me souviens, même Lénine mettait en garde dès 1915 contre « le mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe ».
Il me semble que la proposition est hypocrite et bancale depuis le début. Après avoir échoué à unifier le continent sous conduite française (Napoléon) puis allemande (Reichs), les européistes ont voulu le faire par les voies détournées d’une bureaucratie plus ou moins commerçante. Pour certains (réalistes) le but est en effet purement mercantile, mais pour d’autres (utopistes) il s’agit vraiment d’une vision mystique.
L’idée de progresser par « effet de cliquet » de façon subreptice a quelque chose de puéril et désespéré. Quand on s’y prend par-derrière c’est bien qu’on sait que c’est impossible par-devant. D’une certaine façon, les européistes savent eux-mêmes que les peuples ne veulent pas de ce projet. Mais pensent-ils sérieusement pouvoir tenir ensemble 400 millions d’habitants contre leur gré dans le long terme ? C’est un peu délirant, quand on y songe. On ne voit pas bien quelle « bonne politique » pourrait finir par se mettre en place dans une telle communauté. C’est complètement hypothéqué dès le départ. Et d’ailleurs, les Anglais sont partis les premiers...
Ce projet a pu se déployer à l’ombre de la puissance américaine dans le contexte géopolitique et macro-économique tout à fait particulier de l’après-guerre. Mais cet écosystème a fait son temps, et l’ours polaire européen est condamné avec la banquise qui l’a vu naître. La question est maintenant de savoir dans quelles conditions le mariage va prendre fin, et si l’on ne va pas se prendre la maison branlante sur le coin de la figure.
tout à fait, vous avez raison. Beaucoup trop de Français ignorent la ligue hanséatique, ce « Mare Nostrum du Nord », dominé par le Saint-Empire Gemanique, qui domine en réalité l’UE.
Je parlais cependant ici uniquement du refus allemand de passer à l’Euro-Défense et à l’Autonomie Stratégique proposées par la France. J’essayais de donner des raisons objectives possibles à cet état de fait : cela ne relève pas de la « mauvaise volonté allemande », ni même seulement de ses « intérêts hanséatiques et centre européens », mais aussi tout simplement de sa sujétion géopolitque et militaire à l’Amérique depuis 1945. C’est une position historique radicalement différente de celle de la France.
je me suis peut être mal exprimé sur ce dernier point. Je pense en effet qu’un « révolution national-bourgeoise », une sorte de révolution de palais, pourrait mettre en œuvre l’article 50. C’est ce que je voulais dire par : « C’est peut-être du constat et de la prise de conscience de l’impasse structurelle de l’UE pour la France, que viendra chez ces mêmes bureaucrates un désir d’imiter les Anglais. Rien n’est impossible, et l’Histoire nous montre quantité de retournements de ce genre. »
Mais la situation politique n’est pas figée. J’évoque en commentaires la manière totalement imprévue dont Eltsine, Kravtchouk et Chouchkievitch ont mis fin à l’URSS. A travers cet exemple, je veux dire que le consensus peut évoluer sous la pression des événements. Après tout, si la situation évoluait suffisamment au point permettre d’imaginer publiquement le Frexit, c’est que le consensus des principales puissances occidentales, ou du moins européennes (Allemagne, France, Italie, par ex.) aurait sacrément évolué aussi (avec un possible pilotage de la dissolution) ! Et cela en bon accord avec l’hégémon américain (reconfiguration des traités, comme lorsque l’URSS s’est transformée en CEI).
Je partage donc largement l’analyse de M. Asselineau. Je ne crois pas une autre Europe possible, car elle est structurellement trop hétérogène. Je me positionne simplement sur la manière dont le Frexit pourrait émerger dans la « légitimité publique » en France dans les années à venir. C’est une esquisse de scénario.
A titre de réflexion, la France et la Grèce sont à deux doigts de faire la guerre à la Turquie, et réciproquement. Cela au sein même de l’Otan ! On imagine mal une guerre Otan/Russie dans le même temps. Et par-dessus cela une guerre Etats-Unis/Chine. Ca part un peu dans tous les sens. Et l’hégémon américain en viendra peut-être à essayer de reconfigurer son poulailler. Biden négocie avec Poutine par-dessus l’UE et l’OTAN : cela est significatif. Ces bureaucraties (Ue-Otan) sont en voie d’obsolescence, de « mort cérébrale » comme disait Macron lui-même. L’infrastructure bouge, la superstructure finira par suivre.