@Francis, agnotologue
Ah là, il y a débat ! Nous touchons à la question de l’âme humaine et sa dimension affective que l’IA pourra seulement simuler mais que des cyborgs pourraient peut-être effectivement « incarner ».
Ceci nous confronterait alors à la terrible et même scandaleuse question de savoir si la totalité de l’âme humaine (et pas seulement le volet affectif) pourrait s’incarner dans un cyborg.
Les répliquants de Blade Runner ont-ils une âme ? Ont-ils un « ghost », cad, un esprit comme l’imaginait Villiers de l’Isle-Adam dans son roman « L’Eve future » ?
J’ai réfléchi à la question lors d’un colloque girardien l’année dernière. Vous pouvez m’entendre et me voir dans mes oeuvres ici-même.
Pour revenir à votre remarque, je ne pense pas donne un quelconque grain à moudre aux transhumanistes en évoquant la quête permanente de la rationalité comme fondement de l’action humaine. C’est une orientation constante de la pensée occidentale depuis l’Antiquité, depuis Platon et c’est un très bonne chose en soi car le fait de chercher à se gouverner par la raison n’a nulle raison a priori d’être réalisé sur un mode absolu ou catégorique qui exclurait la dimension affective.
La réalité d’icelle est incontournable. Elle est un fait et la tâche est de trouver un équilibre entre les trois dimensions de l’âme que sont, grosso modo, la pensée (la raison), l’affect (le coeur) et le désir (effort, intention, orientation, bref, le conatif).
Les transhumanistes qui défendent une vision machinique de l’homme ne peuvent « récupérer » une vision trinitaire telle que je la défends. Evoquer les processus de rationalisation ne donne donc aucun grain à moudre aux enfoirés machinistes. Tout au contraire, l’idée même de rationalisation souligne bien que la dynamique humaine est fondamentalement irrationnelle et que la rationalisation n’est qu’une justification.