@Olivier Perriet
« et donc j’ai du mal de voir l’éventuelle filiation entre poutinisme et stalinisme ».
Il suffit d’écouter le discours du 21 février 2022 de Poutine pour voir la filiation. J’ai expliqué tout cela dans un autre article.
Je fais un copier/coller avec les citations de Poutine.
Poutine considère qu’une solution a été apportée pour retrouver
« l’ancien empire russe » avec la terreur de Staline. Voilà enfin un
remède aux dérives de ce pauvre Lénine ! (9mn02s) :
« Ensuite, il y a eu l’époque de la terreur de Staline : la
nationalisation, le système planifié de l’économie. Tout cela a mené au
fait que les principes qui ont été déclarés de cette construction
étatique n’ont pas pu fonctionner. C’est-à-dire que ces républiques
n’ont pas pu avoir de vraies volontés. En pratique, on a créé un système
très centralisé donc c’était un Etat unitaire. Staline a pratiquement
réalisé sa vision et non pas la vision de Lénine de construction de
l’Etat. »
Le gouvernement mis en place par Staline n’avait aucun rapport avec
ce que Lénine avait voulu. Nous sommes bien évidemment d’accord avec
lui. En conséquence, les principes de Lénine n’ont pas été appliqués
sous Staline « Tout cela a mené au fait que les principes qui ont été déclarés de cette construction étatique n’ont pas pu fonctionner ». Car, en fait, avec Staline « on a créé un système très centralisé donc c’était un Etat unitaire »
et donc, du point de vue de Poutine, tout allait bien. Les républiques
fédérées existaient sur le papier mais en fait elles n’avaient plus
aucune existence puisque, dans tous les cas, tout le monde obéissait à
la dictature stalinienne comme s’il s’agissait d’un seul pays.
Contrairement à Lénine, Staline a donc toute la sympathie de Poutine.
Cela se comprend car Staline était lui-même un nationaliste. Lénine en
avait fait la remarque. Dans un texte qu’il dicte le 30 et 31 décembre 1922, il qualifie en effet Staline en des termes peu flatteurs de « Géorgien
qui accuse dédaigneusement les autres de “social-nationalisme” alors
qu’il est lui-même non seulement un véritable et authentique
“social-nationaliste”, mais un grossier argousin grand-russe ».
Il reste que, pour Poutine, autre « grossier argousin grand-russe »,
Staline a commis une grave erreur : il ne suffisait pas de supprimer
dans les faits les républiques fédérées. Pour Poutine, Staline aurait dû
aussi les supprimer sur le papier, dans les textes constitutifs de
l’URSS (9mn45s).
« Mais, on n’a pas fait de modification à la constitution et les
principes qui ont été déclarés par Lénine n’ont pas été formellement
démentis. Mais, de toute façon, c’était un régime totalitaire. Ça
fonctionnait de toute façon et de l’extérieur on avait une bonne image
d’un pays démocratique. Mais, quand même, il est à déplorer que on n’ait
pas purgé toutes ces idées dans les bases juridiques. Ce sont des
principes tout-à-fait fantaisistes. On n’a pas réfléchi à l’avenir comme
d’habitude. Les leaders du parti communiste (il veut dire du « parti
stalinien ») étaient persuadés qu’ils avaient réussi à fonder un système
de gestion très solide et qu’ils avaient réglé la question des
nationalités. Mais, en ce qui concerne les falsifications et les
mensonges, il y a toujours un prix à payer. Le nationalisme, ce mal,
cette maladie a prospéré. C’était donc une mine posée et ensuite c’est
pour cela que l’URSS a échoué, a été démantelée. »
En effet, grâce à la propagande des partis staliniens en France et ailleurs « de l’extérieur on avait une bonne image d’un pays démocratique ».
Voilà un exemple apprécié par Poutine : une grosse dictature qui a une
réputation de démocratie à l’extérieur. Du point de vue de Poutine, tout
cela fonctionnait tout le temps que Staline était là pour garantir
l’efficacité de la dictature mais, si Staline disparaissait, les
principes inscrits dans la constitution risquaient de laisser à nouveau
apparaître l’existence des républiques fédérées et cela viendrait
contredire les visées nationalistes en faveur de la Grande-Russie.