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Commentaire de Jean Dugenêt

sur On n'a jamais fait le procès du communisme sous Staline, comme on a fait celui du nazisme, résultat, on a Poutine


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 20 mai 2022 12:21

@Olivier Perriet
« et donc j’ai du mal de voir l’éventuelle filiation entre poutinisme et stalinisme ».

Il suffit d’écouter le discours du 21 février 2022 de Poutine pour voir la filiation. J’ai expliqué tout cela dans un autre article.

Je fais un copier/coller avec les citations de Poutine.

Poutine considère qu’une solution a été apportée pour retrouver « l’ancien empire russe » avec la terreur de Staline. Voilà enfin un remède aux dérives de ce pauvre Lénine ! (9mn02s) :

« Ensuite, il y a eu l’époque de la terreur de Staline : la nationalisation, le système planifié de l’économie. Tout cela a mené au fait que les principes qui ont été déclarés de cette construction étatique n’ont pas pu fonctionner. C’est-à-dire que ces républiques n’ont pas pu avoir de vraies volontés. En pratique, on a créé un système très centralisé donc c’était un Etat unitaire. Staline a pratiquement réalisé sa vision et non pas la vision de Lénine de construction de l’Etat.  » 

Le gouvernement mis en place par Staline n’avait aucun rapport avec ce que Lénine avait voulu. Nous sommes bien évidemment d’accord avec lui. En conséquence, les principes de Lénine n’ont pas été appliqués sous Staline « Tout cela a mené au fait que les principes qui ont été déclarés de cette construction étatique n’ont pas pu fonctionner ». Car, en fait, avec Staline « on a créé un système très centralisé donc c’était un Etat unitaire » et donc, du point de vue de Poutine, tout allait bien. Les républiques fédérées existaient sur le papier mais en fait elles n’avaient plus aucune existence puisque, dans tous les cas, tout le monde obéissait à la dictature stalinienne comme s’il s’agissait d’un seul pays. Contrairement à Lénine, Staline a donc toute la sympathie de Poutine. Cela se comprend car Staline était lui-même un nationaliste. Lénine en avait fait la remarque. Dans un texte qu’il dicte le 30 et 31 décembre 1922, il qualifie en effet Staline en des termes peu flatteurs de « Géorgien qui accuse dédaigneusement les autres de “social-nationalisme” alors qu’il est lui-même non seulement un véritable et authentique “social-nationaliste”, mais un grossier argousin grand-russe ».

Il reste que, pour Poutine, autre « grossier argousin grand-russe », Staline a commis une grave erreur : il ne suffisait pas de supprimer dans les faits les républiques fédérées. Pour Poutine, Staline aurait dû aussi les supprimer sur le papier, dans les textes constitutifs de l’URSS (9mn45s).

« Mais, on n’a pas fait de modification à la constitution et les principes qui ont été déclarés par Lénine n’ont pas été formellement démentis. Mais, de toute façon, c’était un régime totalitaire. Ça fonctionnait de toute façon et de l’extérieur on avait une bonne image d’un pays démocratique. Mais, quand même, il est à déplorer que on n’ait pas purgé toutes ces idées dans les bases juridiques. Ce sont des principes tout-à-fait fantaisistes. On n’a pas réfléchi à l’avenir comme d’habitude. Les leaders du parti communiste (il veut dire du « parti stalinien ») étaient persuadés qu’ils avaient réussi à fonder un système de gestion très solide et qu’ils avaient réglé la question des nationalités. Mais, en ce qui concerne les falsifications et les mensonges, il y a toujours un prix à payer. Le nationalisme, ce mal, cette maladie a prospéré. C’était donc une mine posée et ensuite c’est pour cela que l’URSS a échoué, a été démantelée. »

En effet, grâce à la propagande des partis staliniens en France et ailleurs « de l’extérieur on avait une bonne image d’un pays démocratique  ». Voilà un exemple apprécié par Poutine : une grosse dictature qui a une réputation de démocratie à l’extérieur. Du point de vue de Poutine, tout cela fonctionnait tout le temps que Staline était là pour garantir l’efficacité de la dictature mais, si Staline disparaissait, les principes inscrits dans la constitution risquaient de laisser à nouveau apparaître l’existence des républiques fédérées et cela viendrait contredire les visées nationalistes en faveur de la Grande-Russie.


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