@SilentArrow
"On peut critiquer la révolution bolivienne de 1952, mais c’est un
exemple de vraie révolution : l’outil de production a changé de main,
les paysans sont devenus propriétaires de la terre qu’ils cultivaient
jusque là pour le compte des grands propriétaires terriens."
Il y
eut, en effet, en Bolivie la plus grande, la plus parfaite, la plus classique révolution
ouvrière de notre époque.
Mais, cette révolution a été trahie par une politique visant à redonner le pouvoir (qui était dans les mains des ouvriers et de paysans) à la bourgeoisie représentée par le gouvernement du MNR de Victor Paz Estenssoro. Celui-ci n’a nullement mis de l’eau dans son vin. Il a fait son travail de réactionnaire au service des nantis. Il a désarmé les travailleurs pour créer une nouvelle armée au service du capital.
La COB a eu, en fait, pendant un temps le pouvoir entre ses mains. Au lieu de se prononcer pour « tout le pouvoir à la COB » ceux qui étaient pressés de voir un retour à « l’ordre normal, habituel : celui de la bourgeoisie », ont décidé de soutenir Victor Paz Estenssoro.
Voici un bref rappel du début de la Révolution.
En 51, il y eut des élections présidentielles et le MNR les
gagna, mais il ne put pas accéder au gouvernement, car face à cette victoire
les militaires firent un coup d’Etat et instaurèrent un régime dictatorial,
extrêmement répressif. Le 9 avril 1952, la police et un secteur de l’armée, en
accord avec la direction du MNR tentèrent un contrecoup d’Etat, mais ils
échouèrent et leur chef militaire se réfugia dans une ambassade. La police, se
voyant vaincue par les militaires, remit des armes aux travailleurs des usines
et au peuple de La Paz, pour qu’ils résistent à la contre-offensive militaire.
Pendant ce temps, les mineurs commencèrent à descendre sur La Paz et, après
s’être emparés d’un train militaire plein d’armements, ils liquidèrent
totalement l’armée bolivienne. A La Paz, par exemple, les travailleurs
battirent totalement 7 régiments (la base de l’armée bolivienne) et prirent
toutes les armes. Le gouvernement dictatorial tomba et un gouvernement du MNR
prit sa place.
Les milices ouvrières et paysannes étaient les seules
forces armées en Bolivie après le 11 avril 1952 et elles étaient dirigées, en
majeure partie, par les trotskystes. Ce n’est que le 24 juillet, plus de 3 mois
après, que le gouvernement décréta la réorganisation de l’armée.
Les trotskystes du POR (dirigés par Guillermo Lora), en s’appuyant sur les milices
armées ouvrières et paysannes - entre 50 et 100 000 hommes (les milices
paysannes à elles seules en avaient 25 000) - et sur les organisations
syndicales fondèrent et organisèrent la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB), qui
regroupa toutes les milices et toutes les organisations ouvrières et paysannes
de Bolivie.