L’histoire récente du trotskysme
Je reproduis ici l’intervention de Mercedes Petit, dirigeante de l’UIT-QI lors d’un rassemblement au Brésil du 2 au 6 août 2021 sur le thème « Trotsky en permanence ». Elle a introduit la discussion lors d’une table ronde consacrée à « l’histoire du trotskysme » le 5 août 2021.
Les modérateurs étaient José Castilho de Marques Neto (historien), Serge Goulart (Esquerda Marxista/PSOL) et Marcio Lauria Monteiro.
Je vous en propose ma traduction libre et approximative mais conforme, sur le fond, à l’original que vous trouverez ici :
Jean Dugenêt, le 15 juillet 2022.
Intervention de Mercedes Petit
"Bonne nuit Au nom de l'UIT-CI (Unité internationale des travailleurs-Quatrième Internationale), de la Gauche socialiste d'Argentine à laquelle j'appartiens, parti frère de la CST, membre du PSOL du Brésil, et du mien, je vous remercie pour la possibilité de participer à cet événement sur « Trotsky en permanence ».
Trotsky était un immense leader que nous connaissons tous ici. C'est pourquoi je ne vais faire qu’un bref rappel, à propos de l’histoire du trotskysme, des évènements des années 20 et 30 du siècle dernier. À partir de 1920-21, Lénine et Trotsky ont commencé à combattre la bureaucratie naissante de l'État ouvrier révolutionnaire et les politiques réactionnaires que Staline et ses partisans au sein du Parti communiste de la jeune Union soviétique ont tenté d'appliquer.
En 1923-24, Trotsky, désormais sans Lénine, mène la bataille contre Staline. Il a défendu la continuité de la révolution d'Octobre 1917, de la Troisième Internationale, du marxisme et du léninisme contre la politique réactionnaire du socialisme dans un seul pays et de la coexistence avec l'impérialisme dominant dans le monde. Il combattait ainsi pour la démocratie ouvrière, l'indépendance de classe et la construction de partis révolutionnaires contre l'appareil bureaucratique.
Trotsky a perdu cette bataille. Mais il ne l'abandonna jamais et en 1938 il fonda la Quatrième Internationale. Staline le persécuta à partir des années 1920, jusqu'à ce qu'en 1940 il réussisse à l'assassiner au Mexique.
C’était un coup fatal pour la Quatrième Internationale. Dans la période de l’après-guerre, la IVème internationale a été réorganisée sous la direction de Michel Pablo et Ernest Mandel. Mais ils sont rapidement tombés dans des politiques de capitulation qui ont ouvert la voie à plus de 70 ans de division, de dispersion et de marginalisation pour le mouvement trotskyste. Cette direction abandonnait le programme et la politique révolutionnaires de la Quatrième Internationale fondée par Trotsky. Un révisionnisme opportuniste est né face aux directions majoritaires du mouvement ouvrier. Ils ont capitulé devant les partis communistes staliniens qui étaient sortis grandement renforcés de la défaite du nazisme. Ils ont aussi capitulé devant les mouvements nationalistes bourgeois. Pablo et Mandel ont abandonné non seulement la lutte pour l'indépendance de classe et contre la bureaucratie, mais aussi la construction de partis révolutionnaires trotskystes. La direction de la Quatrième Internationale a eu, par exemple, pour politique d'entrer au Parti Communiste Français pendant 25 ans avec la fausse perspective que la troisième guerre mondiale arrivait et que les partis communistes joueraient un rôle révolutionnaire.
Dans ce contexte de la fin des années 1940 et du début des années 1950, ce qui allait devenir notre courant a commencé à prendre forme. Nahuel Moreno l'a dirigé depuis l'Argentine jusqu'à sa mort en 1987. Déjà dans les années 1940, le révisionnisme opportuniste s'exprimait dans le trotskysme argentin contre le péronisme. Le groupe qui a suivi à la lettre la politique de Pablo et Mandel a soutenu le gouvernement bourgeois nationaliste du général Perón. Dans le même temps, Nahuel Moreno et une poignée de jeunes trotskystes comme lui ont fait les premiers pas pour construire des organisations dans la classe ouvrière majoritairement péroniste mais en défendant un programme révolutionnaire, l'indépendance de classe et, par conséquent, sans apporter de soutien au gouvernement bourgeois péroniste.
La victoire de la révolution ouvrière en Bolivie en avril 1952 s’est heurtée à la maladie du révisionnisme opportuniste de Pablo et Mandel qui a touché la Quatrième Internationale. L'insurrection ouvrière donna lieu à la formation de la COB (Central Obrera Boliviana), de milices armées et d'un vigoureux double pouvoir avec un pouvoir ouvrier et paysan opposé à celui de la bourgeoisie. Un gouvernement nationaliste bourgeois dirigé par Paz Estenssoro a été formé, soutenu par Juan Lechin, principal leader de la COB, qui a assumé la vice-présidence. C’est alors que la trahison colossale de Pablo et Mandel a brisé la révolution. Le trotskysme bolivien, le POR, était très fort depuis les années 1940 et en 1952 il co-dirigeait la COB. Le POR a appliqué la politique criminelle de Pablo et Mandel en soutenant le nouveau gouvernement bourgeois.
Nahuel Moreno, d'Argentine, a totalement rejeté cette capitulation devant le gouvernement et a mis en avant la politique selon laquelle la centrale ouvrière, la COB, devait prendre le pouvoir. Nous savons tous ce qui s'est passé en Bolivie et la grande opportunité que le trotskysme a ratée. Cette trahison et d'autres événements ont donné lieu à la division de la Quatrième Internationale. Malheureusement, d’autres opportunités de croissance du trotskysme ont été perdues dans différents pays, comme la France et l'Angleterre, où le trotskysme avait un certain poids. Et à Ceylan, où le parti Lanka Sama Samaja était très fort mais a fini, lui aussi, par soutenir un gouvernement bourgeois dans les années soixante. Le trotskysme a depuis pratiquement disparu à Ceylan alors que c’était sans doute le plus gros bastion des trotskystes lors du deuxième congrès mondial de 1948. Pablo lui-même a abandonné le trotskysme, pour devenir conseiller du gouvernement de Ben Bella en Algérie après la victoire de la lutte contre l'impérialisme français.
En 1963, il y eut une importante réunification des forces trotskystes lorsque le SWP (Socialist Workers Party américain) a rejoint le SI (Secrétariat International) pour former le SU (Secrétariat Unifié). Moreno et notre courant sont entrés un an plus tard, en 1964, dans ce SU en gardant un point de vue critique. Pourquoi ? Nous nous sommes joints à eux parce que nous considérions comme un fait positif que le trotskysme se regroupe autour du soutien à la révolution cubaine. Mais nous étions critiques car, en même temps, il y avait un aspect négatif, dangereux. Moreno a mis en garde contre la capitulation devant l'opportunisme et le castrisme qui pouvait être associés à cette réunification. Certains groupes trotskystes importants ne sont pas entrés dans ce Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale. Principalement les français (Pierre Lambert) et les anglais (Gerry Healy). Ils ont dénoncé le révisionnisme, mais à partir d'une approche également erronée, sectaire, en rejetant le caractère socialiste de Cuba, malgré le fait que la révolution était déjà avancée vers la rupture avec la bourgeoisie et l'impérialisme et vers les expropriations. Malheureusement, le risque signalé par Moreno et devenu la réalité. Cela aggrava la crise et la division du mouvement trotskyste. Je vais donner deux exemples.
- A la fin des années 1960, Mandel et le secrétariat unifié ont donné à l'Amérique latine une orientation complètement erronée consistant à soutenir le putchisme de la guérilla, ce que nous appelons la "déviation de la guérilla", c’est-à-dire l’adoption de la politique de Castro. Cela a abouti à un recul important et à la perte de cadres trotskystes. Moreno rejeta cette politique, restant fidèle à la construction des partis trotskystes en Argentine, avec le PRT (La Verdad) et plus tard le PST, bien liés au mouvement ouvrier et à ses méthodes de lutte,
- En 1979, au Nicaragua, dans la lutte contre Somoza, qui dirigeait le sandinisme, Moreno a promu la formation d'une brigade pour participer à la lutte armée, mais de manière indépendante : la Brigade Simón Bolívar. Ils ont combattu sur le front sud et ont pris la ville de Bluefields sur l'Atlantique, sans apporter de soutien politique au sandinisme. En juillet 1979, Somoza tombe et le gouvernement dirigé par Daniel Ortega, l'actuel dictateur, et Violenta Chamorro est formé. Mandel a soutenu ce gouvernement bourgeois et a soutenu l'appel de Fidel Castro à ne pas faire d’expropriations au Nicaragua, à ne pas faire du Nicaragua un nouveau Cuba. En d'autres termes, ne pas avancer vers le socialisme. En août, peu de temps après, le gouvernement Ortega a réprimé la Brigade Simón Bolívar, l'a expulsée et l'a remise à la police panaméenne. Compte tenu de cela, Mandel et le Secrétariat Unifié, ont brisé les principes les plus élémentaires de la classe ouvrière et des révolutionnaires, soutenant la répression des trotskystes de la brigade, par le gouvernement bourgeois sandiniste. Moreno et notre courant, face à une telle capitulation, se sont retirés définitivement du Secrétariat Unifié pour continuer à promouvoir la construction de partis trotskystes internationalistes dans différents pays. Depuis lors, nous avons appelé à la reconstruction de la Quatrième Internationale sur des bases de principe de classe, en ne soutenant pas les gouvernements bourgeois et en ne capitulant pas devant des directions non révolutionnaires, même si elles ont mené des révolutions réussies.
Trois exemples de l’histoire récente du trotskysme
L'étude des faits et la discussion sont indispensables pour élaborer des politiques révolutionnaires correctes. En cela, la discussion sur l’évolution des organisations se réclamant du trotskysme depuis la fin de la guerre est nécessaire. Elle se poursuit au XXIe siècle. Je vais donner trois exemples.
- Le gouvernement de Lula au Brésil. Au Brésil, d'importants secteurs du mandélisme ont apporté leur soutien politique au gouvernement bourgeois de Lula et au PT lorsqu'il a emporté les élections en 2002. L'un de ses dirigeants, Miguel Rossetto, est devenu ministre du Développement agraire. Nous, les « morenistes », étions aussi à l'intérieur du PT depuis de nombreuses années, mais en nous construisant avec une politique différente de celle de sa direction : une politique révolutionnaire d'indépendance de classe. Quelques mois après avoir accédé au gouvernement Lula, notre camarade Babá, qui était alors député fédéral du PT et dirigeant du CST, avec Heloisa Helena et Luciana Genro, a appelé à affronter Lula et à lutter contre sa réforme de la sécurité sociale. Ils ont été expulsés du PT, et c'est ainsi que le PSOL a émergé au Brésil.
- La chavisme au Vénézuela. Au Venezuela, le chavisme a émergé, ce qui a ouvert une grande confusion à gauche. Chávez avait l'habitude de dire qu'il construisait le « socialisme du XXIe siècle » en cédant le pétrole et les mines aux multinationales, dans un capitalisme de coentreprises. C'était un gouvernement bourgeois de conciliation de classe, du double discours, qui a conduit à la famine actuelle et au désastre répressif de Maduro.
Différents groupes trotskystes, parmi lesquels les partisans de Mandel, ont soutenu le gouvernement bourgeois dirigé par Chávez et son faux discours de « socialisme du XXIe siècle ». Pendant ce temps, le « morenisme » de l'UIT-QI construisait un parti trotskyste au Venezuela, le PSL. Il était dirigé par des dirigeants syndicaux tels qu'Orlando Chirino et José Bodas. Sans tomber dans le sectarisme devant les ouvriers chavistes, il a défendu l'indépendance de classe et soutenu les luttes ouvrières. À tel point que trois de nos collègues dirigeants syndicaux et politiciens ont été assassinés en 2008 par des tueurs à gages du chavisme. Aujourd'hui le PSL continue de dénoncer le faux socialisme de Maduro : un socialisme de coentreprises et d'ajustements (politique d’austérité).
- La liquidation du trotskysme en France. En France, la direction mandéliste a commencé par prôner l’entrée des trotskystes dans le PCF. Puis, à partir d’une scission dans le PCF, elle a créé la LCR qui était la fierté du courant de Mandel. Puis elle a abandonné toute référence au programme révolutionnaire traditionnel et l'a remplacé par un programme totalement diffus effaçant explicitement de ses objectifs la dictature du prolétariat, c'est-à-dire le gouvernement ouvrier et populaire. Elle a abandonné l’idée même de la construction d’un parti trotskyste pour lancer le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), une organisation large (un magma de tendances diverses aux contours flous) qui va de crise en crise…
Nous avons voulu présenter quelques aspects de notre vision de l'histoire du mouvement trotskyste et les débats actuels. Avec la CST/PSOL du Brésil, dans la Gauche Socialiste en Argentine et aussi dans d'autres pays, nous continuons à construire le courant moreniste, avec l'UIT-QI. Par exemple, en Argentine, nous avons réussi à former un Front de gauche, le FITU fondé il y a 10 ans par la Gauche socialiste avec d'autres partis se réclamant du trotskysme tels que le PTS et le Partido Obrero. Le FITU propose un programme révolutionnaire avec des principes de consensus et de rotation des sièges, avec lesquels nous avons obtenu des députés nationaux et provinciaux, et des « vereadores ». Ensemble, nous promouvons une unité dans le syndicat, pour mener les luttes et nous opposer à la bureaucratie, l'Assemblée Syndicale Combative Plénière.
Nous croyons que l'héritage de Trotsky, et les enseignements positifs et négatifs de l'histoire du mouvement trotskyste, que certains d'entre nous ont esquissés, nous donnent la voie à suivre. C'est pourquoi nous appelons à unir les révolutionnaires, en premier lieu les trotskystes, avec un programme d'indépendance de classe, sans aucun soutien aux gouvernements bourgeois, sans soutenir les directions réformistes et bureaucratiques ? Nous voulons construire des partis révolutionnaires dans chaque pays, dans la perspective de la reconstruction de la Quatrième Internationale et pour la victoire des gouvernements ouvriers et populaires et d'un vrai socialisme dans le monde entier.
Merci beaucoup.
Réponse aux questions et conclusion
Des intervenants ont demandé si Nahuel Moreno avait connu Mario Pedrosa, fondateur du trotskysme au Brésil qui a participé en France en 1938 à la réunion de proclamation de la Quatrième Internationale, sous le pseudonyme de Lebrun. Je ne crois pas. Moreno a participé au congrès mondial de 1948 et a présenté des textes avec d'autres dirigeants, par exemple avec l'Anglais Bill Hunter, mais je n'ai jamais entendu dire qu'il avait fait quelque chose en commun avec Pedrosa, s'il avait également assisté à ce congrès.
Pour certaines choses qui sont apparues dans le « chat », comme des "questions" ou des citations présumées, un participant a appelé à ne pas faire de « dessins animés » (de caricatures). Ne tombons pas dans les falsifications, surtout lors dans un débat comme celui-ci, qui a été si respectueux et sérieux, et avec le peu de temps dont nous disposons. Cette caricature de la politique de Moreno faites en lançant des citations hors contexte dans le « chat », aboutit à des contrefaçons qui, au lieu d'exprimer et de défendre des positions en argumentant honnêtement, ne peuvent que masquer la vérité.
Je vous dis seulement que nous sommes le seul courant du trotskysme qui a la tranquillité d'esprit de dire que nous nous sommes construits en luttant contre la capitulation des autres trotskystes devant la bourgeoisie. A ces participants qui calomnient dans le chat, je dis : revoyez la vidéo avec mon intervention : Bolivie de 52, Nicaragua de 79. Les « trotskystes » soutiennent les gouvernements bourgeois, au lieu de développer la révolution ouvrière et socialiste. Moins « faiseurs de scène » que nous ? S'il vous plait ! Ils parlent de « Moreno stageista », alors qu'il était le seul à avoir dit que la COB devait prendre le pouvoir, le seul à avoir formé une brigade pour participer à la lutte pour expulser Somoza. Les sandinistes ont chassé les brigadistes-trotskystes parce qu'ils voulaient continuer à développer la révolution. Est-ce du "stagenisme" ?
Et au 21e siècle, je reviens au gouvernement Chavez, de nombreux groupes trotskystes ont soutenu le faux socialisme du XXIe siècle, de Chávez, devenu Maduro. Oui, camarades, telle est notre trajectoire : l'indépendance de classe, la lutte acharnée contre la capitulation devant la bourgeoisie et la conciliation de classe, qui a détruit le trotskysme.
En ce qui concerne l'union des révolutionnaires, à la fin de mon discours, je vous ai dit que nous appelons les révolutionnaires, en premier lieu les trotskystes, à s'unir avec un programme d'indépendance de classe, à ne pas soutenir les gouvernements bourgeois, ne pas soutenir les gouvernements réformistes et bureaucratiques. Nous appelons à construire des partis révolutionnaires dans chaque pays, dans la perspective de la reconstruction de la Quatrième Internationale et pour la victoire des gouvernements ouvriers et populaires et d'un véritable socialisme dans le monde entier.
Bien qu'il s'agisse d'une expérience beaucoup plus partielle, je mentionne encore une fois ce que nous réalisons avec la FITU depuis dix ans en Argentine. La FITU, avec ses limites, est une unité de révolutionnaires trotskystes, qui se construit en appelant à la lutte pour le gouvernement ouvrier et populaire et le socialisme, l'indépendance de classe, la lutte contre le gouvernement, qu'il soit péroniste ou une autre variante patronale, tous les gouvernements bourgeois, ainsi que des slogans plus immédiats pour les travailleurs, tels que ne pas payer la dette, augmenter les salaires, lutter contre l'inflation, avoir maintenant des vaccins. Nous considérons donc qu'il s'agit d'une étape très positive.
Enfin, je voulais faire référence à la question très importante de Cuba, qui a été mentionnée par les autres panélistes et posée dans le chat. Nous sommes solidaires du peuple cubain qui est descendu dans la rue à La Havane et dans d'autres villes, rejetant l'inégalité dans laquelle il vit. Nous pensons que des protestations légitimes ont lieu et c'est pourquoi nous appelons à la solidarité internationale avec elles. Bien sûr, comme toujours, nous continuons à répudier l'embargo yankee, les manœuvres et l'utilisation de la protestation par la droite cubaine à Miami. Mais nous rejetons la répression du gouvernement du Parti communiste de Cuba. C'est pourquoi nous demandons : liberté totale pour Frank García et les autres combattants détenus ! Assez de la répression des manifestations populaires.
Parce que nous rejetons également la politique du gouvernement cubain de restauration du capitalisme avec des coentreprises avec des entreprises multinationales du tourisme, des mines et du tabac. Ce sont les multinationales capitalistes impérialistes d'Espagne, du Canada, du Royaume-Uni, entre autres. Même avec des multinationales du Brésil. Nous ne pouvons accepter que les travailleurs à Cuba aient des salaires de misère de 10 ou 20 dollars.
Nous refusons qu'à Çuba il y ait des magasins pour les riches, pour ceux qui ont des dollars, et là, s'il n'y a pas de pénurie, il n'y a pas de problèmes. Ce sont des magasins pour les militaires, les responsables gouvernementaux, tandis que les marchés pour les pauvres, qui constituent la grande majorité du peuple cubain, sont toujours en rupture de stock. Et, lorsque les produits sont disponibles, beaucoup ne peuvent pas les acheter car leur peu d'argent s'épuise dans les premiers jours du mois. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le peuple cubain est descendu dans la rue contre la faim, contre la misère et revendique également le droit de manifester. A Cuba, il est interdit de faire grève, il est interdit de manifester. Je répète donc que nous soutenons ces mobilisations du peuple cubain et, en même temps, nous nous battons pour que Cuba revienne sur la voie du Che et du socialisme avec la démocratie.
Très brièvement, à propos du Nicaragua, on pourrait dire que le dictateur Daniel Ortega deviendrait l'expression centraméricaine du dictateur vénézuélien Maduro. Ces gouvernements capitalistes au double langage, qui se déguisent en gauchistes pour réprimer et affamer leurs propres peuples de manière de plus en plus féroce. Ni l'un ni l'autre n'est progressiste, gauchiste ou socialiste. C'est pourquoi nous avons soutenu et justifié la mobilisation contre Maduro du peuple vénézuélien en 2017, c'est pourquoi nous avons construit un parti révolutionnaire trotskyste au Venezuela, le PSL. C'est pourquoi nous n'avons jamais soutenu Chávez, bien que recherchant le dialogue et essayant de lutter avec les travailleurs chavistes, comme je vous l'ai déjà dit.
Et pour cette raison, tout comme nous sommes solidaires avec le peuple cubain qui est descendu dans la rue en raison de sa situation de misère, nous sommes solidaires avec le peuple nicaraguayen qui revendique contre la dictature d'Ortega et de sa femme.
Eh bien, cela aurait été bien de continuer à développer d'autres questions, mais le temps est écoulé. J'apprécie beaucoup la participation à cet événement « Trotsky en permanence », l'échange fraternel avec José et Serge, l'excellente coordination de Marcio. Merci beaucoup.
Quelques textes de Nahuel Moreno
Voir, sur www.nahuelmoreno.org, entre autres.
1953 – Rupture avec le pablisme.
1964 – Deux méthodes contre la révolution latino-américaine. Controverse avec Che Guevara.
1973 – Argentine et Bolivie, un équilibre.
1973 – Le Parti et la Révolution. Controverse avec Ernest Mandel.
1975 – Révolution et contre-révolution au Portugal.
1980 – Mise à jour du programme de transition.
1986 – Notre expérience du lambertisme (co-auteur avec Mercedes Petit).
Voir aussi sur YouTube le documentaire « Nahuel Moreno : Une vie, des luttes infinies ».
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