@Pierre-Marie Baty
Le procès verbal de l’interrogatoire des templiers.
Je l’avais lu dans son édition des Belle-Lettres, il faudrait l’étudier très finement, il y a des aveux mais aussi beaucoup d’aveux contraires qui ont l’air sincères.
Il y a un article que j’ai lu il y a pas longtemps sur la croyance dans des faux souvenirs suggérés par un groupe.
Le port d’une cordelette nouée est présentée par plusieurs témoins comme une pratique impie, et par d’autres au contraire comme symbole de chasteté, ça correspond aux « aiguillettes nouées » qu’on retrouve dans le folklore.
Un témoins qui avait fait des aveux fleuves dans une préinstruction par les Franciscains, rejette tout ce qu’il a dit en expliquant qu’il a été passé à la question.
Dans la cérémonie d’adoubement laïque traditionnelle, il y a un baiser sur la bouche, je m’étonne que ce soit considéré comme impudique dans la cérémonie de réception ds chevaliers du Temple.
Je pense que le décision royale de supprimer l’Ordre existait avant la première enquête qui a révêlé des pratiques condamnable qu’on ne s’attendait pas à trouver, qui ne concernait qu’une dizaine de cinglés, et qu’on l’a monté en épingle.
Il ne semble pas y avoir eu d’homosexualité permise ni imposée.
Voilà le passage qui va dans le sens de l’iconoclasme que vous imputez à l’Ordre :
« Après que j’eusse prêté serment, on me montra une croix de bois, en me demandant si je croyais que ce fût Dieu. Je répondis : « C’est l’image du Crucifié. » Alors, on me dit de n’y point croire : ce n’était qu’un morceau de bois, et Notre-Seigneur était dans les cieux. Ensuite, on m’ordonna de cracher sur la croix et de la fouler aux pieds ; je crachai sur elle, mais refusai de la fouler, sinon à sa base (par révérence pour la Croix). »
Je ne sais pas quelle est la valeur réelle de ce genre de témoignage, si il a été suggéré par le questionnement et admis à mi-mots par le prisonnier qui voulait avoir les bonne grâce des inquisiteurs. La dissociation de l’image et de l’idée signifiée pour justifier de devoir injurier le support matériel pour ne pas être considéré comme idôlatre est une proposition théologiquement tellement maligne qu’on a peine à ne pas penser qu’elle ne soit pas née dans la tête des Franciscains qui étaient des théologiens subtils, plutôt que dans celle d’un chevalier qui parvient à faire remarquer que l’objet reste sacré, donc il ne doit pas être profané, car ce serait commettre un sacrilège, ce qui était la conception de tout le monde en France.
Si ce rite de réception a été réellement imposé à tous, il s’agit d’une renonciation à l’idée de sacré, donc cela avait une portée immense. Le vandalisme de l’époque de la Réforme se fonde sur exactement la même argumentation et aboutit à l’abolition de la notion de sacré, singularité dans l’histoire des religions qu’il a en commun avec le judaïsme talmudique ou synagogal reconstitué quelques siècles après la destruction du Temple.