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Commentaire de Étirév

sur Pourquoi ne possède-t-on jamais l'être aimé ?


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Étirév 15 février 2023 07:31

Telle est la fonction première du mariage sacré : permettre au couple un aban-don réciproque en confiance parce que réalisé devant Dieu, en Dieu, par Dieu.
Ce Mariage, cette « endogénie de l’être transcendant », se trouve représenté symboliquement de mille manières : par l’Union de l’Esprit et de la Force, celle du Feu et de l’Eau ; c’est aussi le Ciel qui pénètre la Terre. C’est comme lorsqu’un homme et une femme s’unissent et qu’une conception a lieu, et il s’agit là d’une seconde naissance, non plus physique, mais spirituelle.
Gustav Meyrink faisant référence à cette « Union » dans son ouvrage « Le Visage vert », dit : « Mais si un homme réussit à franchir le « Pont de la vie », c’est un bonheur pour le monde. Mais une chose est nécessaire : un seul ne peut y réussir, il a besoin pour cela d’une Compagne. L’Union d’une force masculine et d’une force féminine. C’est là le sens secret du Mariage, que l’humanité a perdu depuis des millénaires. »
Rappelons que le Yoga, dont le terme signifie « Union », a pour but la réalisation de l’Union de l’être humain avec « l’Universel », c’est-à-dire le « Principe Divin »
Le résultat du Mariage Sacré, c’est un être sphérique qui monte vers les Dieux, avec une force extraordinaire, dit Claude Gaignebet... Ainsi, la règle du mariage c’est de refaire la sphère... c’est le mariage avec soi-même, avec sa propre part féminine. On parle toujours de notre nature double, mais personne n’essaie de s’épouser sérieusement, n’essaie de reconstituer un ensemble sphérique, parfait, invincible. Soi-même réconcilié avec soi-même... Georg Groddeck nous invite à être enfantin, pas infantile... et se retrouver complet comme l’enfant tranquille.
« Se retrouver complet » c’est d’abord comprendre qu’une « rupture » a eu lieu et qu’une « réparation », ou plutôt une « reconstitution », s’impose.
D’un point de vue exotérique, cette opération de « reconstitution » n’est pas sans rappeler une pratique traditionnelle très caractéristique qui est aux origines du mot « symbole », de « sumbolon », en grec (sum-bolon ou ballein, qui unit, rassemble), qui désignait la tessère coupée en deux, dont deux hôtes gardaient chacun une moitié transmissible aux descendants ; ces deux parties « rapprochées » ou « mises ensemble » permettaient de faire reconnaître leurs porteurs. Dans l’ordre ésotérique, chez les Pythagoriciens notamment, ce terme comportait également l’idée de « mise en commun », de « complémentarité », mais de quelque chose d’un ordre plus intime... idée que l’on retrouve dans la réalisation du « samâdhi » (substantif du verbe « samâdha », rassembler complètement), de la Bhagavad-Gitâ. Enfin, souvenons-nous que l’antonyme étymologique du mot « symbole » est le mot « diable » (de dia-bolos ou ballein, qui désunit, diviseur).
Ce « complément » de l’homme, ce « Double », c’est son Âme immortelle, suprême mystère de l’existence de l’homme.
Jean Parvulesco parle d’une « Souveraine amante », Henry Corbin de la « Fravarti », et les Fedeli d’Amore de la « Madonna Intelligenza » ; Saint Bernard l’appellera « Notre-Dame », et l’usage se généralisera par la suite sous l’aspect d’immenses « Vaisseaux de Pierre ».
Pour Maurice Maeterlinck, cette « Fiancée », cette « Compagne », c’est la « Bonté invisible » : « Il suffit qu’elle soit là. Elle a beau se cacher, dès qu’elle lève la tête, qu’elle déplace un anneau de ses chaînes ou qu’elle ouvre la main, la prison s’illumine, les soupiraux s’entrouvrent à la pression des clarté intérieures... tout se tait, les regards se détournent un instant et deux âmes s’embrassent en pleurant sur le seuil. » (Le trésors des humbles).
La littérature bouddhiste décrit avec pittoresque cette réunion sous le nom de Sahaja « nés ensemble ».
L’initiation, en tant que « seconde naissance », dit René Guénon (Aperçus sur l’Initiation, La naissance de l’Avatâra), n’est pas autre chose au fond que l’« actualisation », dans l’être humain, du Principe même qui, dans la manifestation universelle, apparaît comme l’« Avatâra éternel ».
Alors, soudainement, à son heure, Dieu vient. Cette expérience capitale est une perception certaine, immédiate, de Dieu. La certitude absolue se fait jour que l’on n’est pas seul au dedans de soi. Il semble que, sur tous les points, on se sente en contact avec un être de même nature, sympathique, incommensurablement plus sage, stable et désintéressé. C’est une impression analogue, mais plus complète et plus intime, à celle que l’on éprouve aux côtés d’une personne tendrement aimée et en qui l’on a une entière confiance.
L’AMOUR


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