< Pourquoi donc rôdes-tu Gilgamesh ?
La vie sans fin que tu recherches,
tu ne la trouveras jamais !
Quand les dieux ont créé les hommes,
Ils leur ont assigné la mort,
Se réservant l’immortalité à eux seuls !
Toi, plutôt, remplis-toi la panse ;
Demeure en gaîté jour et nuit ;
Fais quotidiennement la Fête ;
Danse et amuse-toi jour et nuit ;
Accoutre-toi d’habits bien propres ;
Lave-toi, baigne-toi ;
Regarde tendrement ton petit qui te tient par la main,
Et fais le bonheur de ta femme serrée contre toi !
Car telle est l’unique perspective des hommes >
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A cette époque-là, ’l’ombre’ du défunt partait pour le ’Kur’, le monde souterrain dont on ne revient pas.
C’était initialement un concept parfaitement égalitaire.
Avec les siècles, les Sumériens ont considéré que les qualités montrées durant leur vie pouvaient leur permettre de bénéficier, au Kur, d’un traitement amélioré. En fait, on commençait à transférer le statut social du vivant dans l’au-delà.
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Les Egyptiens anciens, à peu près à la même époque, conditionnaient l’accès à la vie éternelle au respect de son vivant de la loi de Maât, c’est-à-dire une vie exempte de péchés.
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/l-au-dela-et-la-cosmologie-de-nos-218440
Sous le règne du roi Têti (v. 2500 av. J-C)
« J’ai dit la vérité et mis la vérité en pratique (…). J’ai sauvé le malheureux de la main du plus puissant que lui, lorsque j’en ai eu la puissance.
J’ai donné du pain à l’affamé, des vêtements à qui était nu,
J’ai fait aborder les autres dans ma barque.
J’ai creusé une tombe pour qui n’avait pas de fils.
J’ai fait un bateau pour qui n’avait pas de bateau.
J’ai révéré mon père, j’ai été tendre pour ma mère et j’ai élevé leurs enfants. »
« Enseignement pour le roi Merikarê »écrit par son père, le roi Akhtoes III (v. 2100 av. J-C)
« Lorsque les membres du Tribunal sont en train de juger les misérables,
Tu sais qu’ils ne sont point tendres
Au jour où ils jugent les malheureux,
A l’heure où ils remplissent leur rôle.
Ne joue point à l’habile homme,
Et ne te fie pas à la longueur des années,
Parce qu’ils voient toute la durée de la vie comme une heure.
Quand l’homme demeure seul après le trépas,
Ses actions sont placées à côté de lui, en tas (…)
S’il atteint la mort sans avoir péché,
Il demeurera là-bas comme un dieu,
Marchant librement comme les Seigneurs de l’éternité. (…)
La vie divine déjà est promise à qui n’aura pas péché. »