Votre article aborde la question
par le petit bout de la lorgnette.
D’abord, le choix ne se limite
pas entre matérialisme athée et croyance en un Dieu personnel. Certaines
religions affirment l’immortalité de l’âme sans se préoccuper d’un Dieu
créateur. Il y a aussi le panthéisme,
selon lequel le monde est incréé et est donc lui-même de nature divine
puisqu’il est éternel. Le monde n’a pas besoin de créateur et de création,
contrairement à votre chaise. Et la pensée humaine peut très bien être un
élément de ce méga-mécanisme qu’est le monde panthéiste.
Je ne prétends pas que la
doctrine panthéiste est juste. Je n’en sais strictement rien, mais elle me
paraît au moins aussi rationnelle que toutes les autres.
Permettez-moi aussi de contester
l’idée maintes fois répétée selon laquelle une chose a besoin de son contraire
pour exister, que le bien serait inconcevable sans le mal. C’est une
affirmation gratuite. La justice peut exister sans l’injustice. Le concept de justice a peut-être (mais
est-ce sûr ?) besoin de l’injustice pour être appréhendé mais la chose et
son concept ne doivent pas être confondus. De même, la foi n’a pas besoin de
l’incroyance pour exister. Vous laissez entendre que Dieu aurait besoin des
incroyants pour valoriser les croyants : cette idée est contradictoire.
Si Dieu l’avait voulu, il aurait
pu créer un monde où l’homme est moins faible, moins monstrueux, pas
nécessairement parfait, mais où il n’y aurait pas eu Auschwitz. Et où un chat peut
survivre sans dévorer un oiseau, où il n’y a pas de tremblement de terre… Pourquoi
ne l’a-t-il pas fait alors que sa toute-puissance et son omniscience le
permettaient et qu’on nous dit qu’il est bon ?
Vous ne semblez pas comprendre la
différence entre la croyance et la connaissance. La connaissance est une
pensée qu’on peut partager grâce à la raison. Votre foi est une expérience
intime que vous ne pouvez partager qu’avec des gens qui ressentent la même
chose. Par contre, les lois de la physique, nous pouvons aller ensemble dans un
laboratoire pour en faire l’expérience.
L’incertitude quant à la raison
de notre présence ici-bas et quant à notre destinée ultérieure est inhérente à
la condition humaine. Nous n’avons aucun moyen de savoir ; il nous faut
donc croire ceci ou cela.