@Eric F
« Mais à terme, le potentiel de combattants réservistes penche numériquement en faveur de la Russie. »
Si c’était vrai, Poutine mettrait rapidement quelques dizaines de milliers de soldats en plus au combat sans attendre. En fait, il recrute au maximum de ce qu’il peut faire. Il se garde bien de lancer la mobilisation générale. Il cherche à perdurer, à tenir en place à la tête de la Russie et il sait qu’il ne faut pas qu’il en fasse de trop dans ce sens là... Sa position est fragile.
Il lui faut aussi conserver une situation suffisamment forte au plan international. Il lui faut notamment l’appui silencieux des dirigeants des USA. C’est cet aspect fondamental que ne comprennent pas les poutinolâtres. Poutine à longtemps été favorable à l’OTAN et donc aux capitalistes des USA. Il avait l’accord (par services secrets interposés) de Biden pour envahir l’Ukraine. Depuis, ils négocient ensemble les règles du jeu de « la guerre en Ukraine ». Mais celles-ci évoluent. Au départ, Poutine était autorisé à envahir en s’attaquant uniquement à des cibles militaires.
Quand les USA, surpris de la résistance ukrainienne, ont été contraints de soutenir l’Ukraine, avec, directement ou non, l’envoi d’armes c’était à condition qu’il se battent uniquement sur le territoire ukrainien. Mais ces règles se relâchent de plus en plus au fur et à mesure des exceptions dont l’initiative vient de Poutine. La première retraite laisse les tristes traces de Boutcha ensuite Poutine déporte des populations avec des enfants. Il lance des explosifs divers qui arrosent « accidentellement » un pays de l’OTAN : La Roumanie. Il bombarde des cibles civiles : toutes les productions d’énergie... Il détruit les réserves de blé en interdisant leur commerce...
Les USA sont contraints d’accepter que les Ukrainiens aient maintenant des cibles en Russie. Le pont de Kertch est condamné à plus ou moins long terme alors que les USA ne voulaient pas que les ukrainiens y touche. L’Ukraine est aussi en passe de prendre le contrôle de la mer Noire sans avoir de Marine Nationale mais avec uniquement des missiles et des drones.
Je vous invite à taper dans un moteur de recherche des mots comme : « Les Etats-Unis et la Russie négocient en secret » vous verrez que des négociations de ce type se poursuivent. Les ukrainiens vont avoir des F16 (au compte gouttes et très tardivement). Ils ont maintenant des missiles à plus longue portée et à grande précision. Les USA ne voulaient pas de cela mais ils sont contraints de laisser faire.
Je répète, car je l’ai expliqué plusieurs fois, que Poutine et les dirigeants américains ne sont pas des ennemis : ce sont des adversaires ou des concurrents. Ce n’est pas la même chose. Ils ont en commun de défendre le capitalisme, d’être pour la stabilité de ce système, d’être farouchement opposés à toute révolte ouvrière, d’être foncièrement anti-communiste. Malgré tous les griefs (de plus en plus nombreux) que les américains ont contre Poutine, ils sont angoissés à l’idée qu’il perde la guerre et que cela le discrédite en Russie. Il chuterait assurément et personne n’a de solution de rechange pour assurer une gestion stable du capitalisme dans cette région du monde.
Ce point de vue des américains a été clairement exprimé par
Macron :
« Toutes les options autres que
Vladimir Poutine au sein du système actuel me paraissent pire »
Actuellement Zelensky marque des points à l’ONU. C’est aussi au plan international que se joue la guerre en Ukraine.
Votre pronostic est à très hasardeux :
"Donc soit l’Ukraine négocie et sauve quelques meubles, soit elle attend
que ses sponsors se lassent (élection probable de Trump par exemple), et
elle perd non seulement les territoires, mais l’espoir d’une
stabilisation durable et un rapprochement avec l’UE (pour l’OTAN, c’est
cuit, elle s’est mis à dos plusieurs pays par sa morgue). "
Pour ma part, je me garde de tout pronostic mais si je devais en faire je n’irai assurément pas dans le même sens que vous. Je me demande bien d’ailleurs ce qui serait négociable avec Poutine. Il serait capable de faire des promesses. Il l’a déjà fait. On a vu ce que ça donne. Hitler aussi faisait des promesses...