(ibid) Ce sont les crimes perpétrés par les Européens à l’encontre des Juifs, culminant sous le régime hitlérien avec l’horrible Holocauste, qui favoriseront la montée d’un courant favorable à la création du Foyer National juif, en Afrique, en Amérique du Sud, ou en Palestine.
Le sort de la Palestine se concrétise à l’issue de la seconde guerre mondiale (en 1947) et peu de temps après la création de l’ONU, dont les 51 fondateurs sont « occidentaux » ou de la bonne mouvance. Si le Plan de partage tient lieu de repentir aux Européens, c’est à bon marché puisqu’il ignore les droits des Arabes autochtones et les dépossède sans vergogne de plus de la moitié de leurs terres historiques (55% aux sionistes contre 45% aux Arabes palestiniens). Cette partition sera concrétisée en 1948 : les Britanniques mettent fin sans préavis à leur mandat et l’État d’Israël est proclamé. Dans le désordre ambiant, l’État arabe et le statut international de Jérusalem passeront aux oubliettes, la Jordanie héritant de leur administration. La première guerre contre Israël est déclenchée sur-le-champ.
Les historiens ou analystes escamotent cette usurpation irréparable dont les Arabes sont alors victimes, qui alimentera une rancœur indélébile, carburant efficace pour l’entretien d’un état de guerre. Voté sous pressions américaines, le Plan de partage donne une légalité au nouvel État, mais il n’efface en rien la légitimité des droits palestiniens. La guerre actuelle ne saurait donc être appréhendée en ignorant ce contexte de frustration, exacerbée en 1967, suite à la défaite-éclair des Arabes : ayant annexé de facto la Cisjordanie, Jérusalem et Gaza, les Israéliens les administreront en tant que puissance occupante, étendant bientôt leur mainmise sur d’autres territoires. Cette situation se traduira par une aggravation du sort des Palestiniens, à qui rien ne sera épargné : déni du droit à l’autodétermination, répression, discrimination, apartheid, avec l’appui de ses protecteurs.
Michel Raimbaud